Bioraffinage : «La coupe se rapproche tranquillement des lèvres» -Patrice Mangin

ÉCONOMIE. Bioénergie La Tuque (BELT) et FP Innovations ont signé une entente de collaboration qui pourrait mener à l’implantation de l’usine de bioraffinage convoitée par le Haut-St-Maurice depuis quelques années.

Si tout se passe comme prévu, l’usine engendrera des désinvestissements évalués entre 700 M$ et 1 G$ dans le Haut-St-Maurice. Le projet est très attendu par le milieu, surtout quand on sait qu’il pourrait créer 490 emplois directs et indirects.

«FP Innovation est définitivement un chef de file mondial en ce domaine. Nous avions besoin de leur expertise. Ce que l’on veut faire, c’est de créer et d’exploiter le meilleur projet de bioraffinerie forestière au monde », affirme Patrice Bergeron, président de BELT.

L’entente, d’une durée initiale de quatre ans, prévoit trois phases. La première touchera une étude de faisabilité technico-économique de ce projet de bioraffinerie. On confirmera la disponibilité de la biomasse à un coût compétitif, pour s’assurer que l’approvisionnement soit adéquat. Une étude d’impact environnemental sera également effectuée. Elle identifiera les goulots d’étranglement technologiques dans les lignes de procédés les plus prometteuses et de valider un niveau de risque technico-économique acceptable.

Dans un deuxième temps, on effectuera une évaluation détaillée des technologies qui ont été identifiées au cours de la première phase. FP Innovations entrera en scène en collaboration avec BELT et la chaire en développement de la bioéconomie/bioénergie régionale détenue par M. Mangin à l’UQTR.

C’est au terme de ces deux premières phases qu’on connaîtra la capacité nominale d’une usine de démonstration qui sera construite. Celle-ci, d’ailleurs viendra diminuer les coûts de construction de l’usine finale, un peu plus tard.

Une énergie verte

«Le projet issu de la collaboration entre FPInnovations et BELT vise la production annuelle de plus de 200 millions de litres de biodiesel à partir de la conversion de résidus forestiers. Cette énergie verte devrait remplacer les carburants non renouvelables pour le transport, entraînant par le fait même une réduction projetée des émissions de CO2 de 575 000 t par année» indique BELT.

«On travaille énormément avec le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral sur la transformation de la forêt, cette région si, pour nous, n’est absolument pas méconnu, au contraire. L’idée de bioraffinerie dans la région de La Tuque amène des éléments intéressants, et parce que c’est la transformation de l’industrie, ce qui est notre travail», soutient Pierre Lapointe, président de FPInnovations.

« Avec ces 490 emplois, ce projet représente l’avenir de La Tuque. Nous ne pouvions pas passer à côté de réaliser une alliance avec les meilleurs dans ce domaine au Canada, c’est-à-dire les gens de FPInnovations » expliquait Normand Beaudoin, maire de La Tuque. « Nous sommes très heureux de pouvoir compter sur leurs compétences, leurs réseaux de contacts et leur expertise. C’est un gros plus pour la réalisation du projet. »

Transformer l’industrie forestière

M. Lapointe, affirme avoir obtenu un mandat de contribuer à transformer l’industrie forestière. «Depuis les cinq dernières années, on a le mandat politique, surtout du Québec, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du gouvernement fédéral de favoriser la transformation de l’industrie forestière. Si on regarde la production de papier journal, on s’est aperçu rapidement que si on ne faisait rien avec ces usines-là, nous aurions des problèmes de chômage», a-t-il constaté.

Celui –ci a confié à TC Media que des facteurs tels les possibilités de transport vers Trois-Rivières pour l’exportation de produits est un facteur qui milite activement en faveur du Haut-St-Maurice, qui possède la matière première pour ce projet.

En plus de réduire les coûts de l’industrie actuelle, il faut, selon M. Lapointe, offrir de nouveaux processus et de nouveaux produits. Cela tombe pile avec le plan d’affaires de l’usine visée à La Tuque.

Pour sa part, Patrice Mangin semble réévaluer l’échéancier initial pour la mise en marche de l’usine, qui figurait dans le titre du projet « La Tuque 2023». Il pense que le projet pourrait arriver beaucoup plus rapidement, peut-être en 2020. « Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain, c’est le résultat d’une réflexion qui a été initiée dès avril 2010».

La ministre du Tourisme et députée de Laviolette, Julie Boulet, a indiqué qu’une annonce serait incessamment faite à ce sujet par son gouvernement. «Le premier ministre est très au fait de ce dossier-là. Avec Patrice Mangin et Patrice Bergeron, on a rencontré quelques ministres pour présenter tout cela. M. Couillard est très au courant et il y croit profondément parce que c’est de l’innovation», a-t-elle indiqué.

La présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-St-Maurice, Me Mélanie Ricard, a rappelé que l’organisme suit ce projet depuis de nombreuses années. « On est très heureux de voir qu’effectivement le projet se concrétise et que tout se met en place. Ça fait plusieurs années qu’on en parle», indiquait-elle.