Biomasse : porteuse d’avenir ?

ÉCONOMIE. La biomasse est sur toutes les lèvres quand il est question de développer l’économie de La Tuque, au moment où la Ville couve le projet «Vision La Tuque 2023», au terme duquel une usine pourrait être implantée, si les études sont concluantes.

Au-delà des espérances de Ville de La Tuque, la biomasse constitue-t-elle une option valable pour diversifier l’économie ? Certainement, pense le chercheur scientifique Guy LaRocque. Il voit la biomasse comme porteuse d’avenir pour le développement des régions qui veulent bonifier leur économie, par les produits de la forêt, surtout qu’elle peut s’avérer une bonne alternative en période de pointe où l’hydroélectricité, par exemple, est fort sollicitée dans les temps froids.

Qu’en est-il, sur le terrain ? Guy LaRocque identifie deux sources principales de biomasse pouvant être utilisées : les résidus forestiers et les plantations d’espèce à croissance rapide. Les travaux de M. LaRocque ont surtout porté vers cette dernière de source de biomasse.

On doit s’assurer le renouvellement de la ressource. « Dans la filière de biomasse pour la production de bio énergie, il était important d’être en mesure de maximiser le «Turn over» (la rotation) économique et on parle vraiment d’une économie à court terme, mais qui est quand même valable sur le plan écologique. En d’autre mots, si on peut avoir des rotations de trois à quatre ans, c’est ça qui est à favoriser pour que ce soit intéressant pour les producteurs», indique M. Larocque.

Par exemple, ses travaux sur le terrain ont été de comparer les effets de plantations mixtes ou des espacements serrés pour maximiser la production de biomasse par unité de surface.

M. LaRocque confie également avoir eu l’occasion de visiter des espèces à croissance rapide à L’Isle Verte, dans le Bas-St-Laurent. « Ils ont beaucoup de projets pour produire de la bio énergie à partir de la biomasse et ça va très bien. Nous avions à développer un outil pour déterminer quelle peut-être la quantité de biomasse dans une plantation, avec le moins de mesures possibles sur le terrain», poursuit M. Larocque.

Le chercheur laisse entendre qu’il est important pour un propriétaire de plantations d’espèce à croissance rapide d’optimiser ses coûts de savoir combien de biomasse il s’y trouve. « Emmener l’équipement sur le terrain pour faire la récolte, c’est très dispendieux», fait-il remarquer.

Il a donc développé une application informatique permettant de faire le suivi sur le terrain, afin d’en arriver avec des données précises sur la quantité de biomasse disponible sur le terrain. «C’est important pour la prise de décision : est-ce qu’on récolte cette année ou si on attend un an ou deux de plus».

Des Européens friands

M. Larocque a confirmé à TC Media l’intérêt des européens pour la biomasse québécoise. « Il y a un bateau qui était à Québec dernièrement pour exporter cette fibre-là vers l’Angleterre. Au lieu de produire de l’énergie à partir de charbon, ils veulent la produire plus à partir de biomasse. Je pense qu’il y a beaucoup de potentiel en établissant des plantations d’espèce à croissance rapide, pour l’exportation de biomasse et de production de bio énergie», pense également M. Larocque.

Le chercheur a semblé enthousiaste face à l’utilité d’une usine convoitée par la Haute-Mauricie, bâtie et financée par les Européens.

«Là où ça peut jouer un rôle également, on dit qu’il y a un surplus de production hydroélectrique au Québec ce qui est vrai pendant peut-être 10 mois par année. Mais dans les mois froids de l’hiver, il est arrivé qu’on nous disait de diminuer la consommation électrique parce qu’on arrivait à la capacité. Ces usines de bio énergie-là peuvent alors contribuer à rencontrer la demande», soutient également Guy LaRocque.

Selon ce dernier, il est intéressant de constater que plusieurs projets relatifs à la biomasse, comme ceux destinés au chauffage d’hôpitaux, voient le jour. «Ça va prendre un certain temps avant qu’il y ait une économie forte qui s’implante (…) mais je pense qu’il faut partir quelque part», conclut-il.