Biomasse forestière : la création de nouvelles opportunités d’affaires au premier plan

 BIOMASSE. Les résultats d’un sondage sur les attentes et préoccupations par rapport au projet de bioraffinerie forestière ont été dévoilés jeudi à La Tuque. Il y a quelques semaines, Léonard Nkunzimana, étudiant au doctorat à l’université Laval, interrogeait des représentants de 85 entreprises et organismes de la région de La Tuque afin de prendre leur pouls par rapport au projet de bioraffinerie forestière à La Tuque.

Selon la classification simple des résultats obtenus, on remarque que 47 % des personnes sondées ont des attentes de nature économique face au projet. 29 % ont des visées sociales alors que 24 % affichent des attentes environnementales.

En première position des attentes exprimées par les acteurs, il y a la création de nouvelles opportunités d’affaires. Tout de suite après, on retrouve la création d’une nouvelle source de revenus additionnels pour les individus et les entreprises qui souhaitent développer des activités existantes. En troisième lieu, on exprime l’importance de garder les jeunes dans la communauté. Nouvelle source de revenus en taxes pour les municipalités, développement des capacités et de l’autonomie des communautés, compétition pour la fibre entre les entreprises du secteur forestier production d’une énergie renouvelable moins polluante que les énergies fossiles, qualité de l’offre récréotouristique sur le territoire de même que la lutte aux changements climatiques, voilà, en ordre, d’autres attentes exprimées par les personnes et entreprises interrogées.

Ce sont donc des arguments économiques qui sont ressortis comme les principales préoccupations des personnes sondées. Un élément qui est normal compte tenu du fait que l’échantillonnage provient principalement du milieu des affaires de la région.

«Mais attention, tout de suite on déborde vers l’impact sur la rétention des jeunes dans le coin», nuance Luc Bouthillier, professeur titulaire au département des sciences du bois et de la forêt de l’université Laval. En dépit du fait que l’échantillonnage du sondage provienne d’intervenants qui font partie de la chaîne d’approvisionnement de la biomasse forestière, on accorde une bonne importance aux impacts environnementaux. Pas de surprise, donc, que les arguments économiques arrivent en premier lieu, mais on n’a pas échappé les aspects sociaux et environnementaux. Voilà pourquoi on retrouve des éléments tels des procédés de récoltes écoresponsables.

Les retombées de la bioraffinerie

Les attentes sociales de la bioraffinerie sont nombreuses. La première d’entre elles, pour près de 50 % des personnes sondées, consiste à retenir les jeunes dans leur communauté. 27,40 % des personnes sondées y voient une opportunité de développement des capacités et de l’autonomie des communautés, 15 % parlent de la valorisation des ressources locales et près de 10 % pointent l’augmentation de l’accès et de l’intensité de fréquentation des territoires forestiers.

 L’environnement

 Au chapitre des attentes liées aux retombées environnementales, 42,84 % des personnes interrogées souhaitent la production d’énergie renouvelable moins polluante que les énergies fossiles, 31,66 % visent la lutte aux changements climatiques, 14,52 % souhaitent que le projet travaille sur la dégradation de la biodiversité et des services écologiques fournis par les forêts et finalement 10,80% espèrent une utilisation et la mise en valeur des résidus forestiers de la région.

Les conditions de réussite

 Entre autres résultats, 47 % des personnes interrogées se préoccupent des garanties d’approvisionnement en biomasse forestière tout au long de l’année. 29 % sont soucieux de l’organisation et la gestion de l’aménagement, des opérations forestières et de l’accès à la ressource. 19 % souhaitent la stabilité des aides financières pour le soutien de la bioraffinerie.

Les Atikamekw

Les Atikamekw ont toutefois placé un bémol, puisqu’ils souhaitent être davantage intégrés dans ce processus de consultation.  «Il y a encore du chemin à faire», lançait David Boivin, conseiller politique du grand chef Constant Awashish, lors du dévoilement des résultats du sondage. Celui-ci s’expliquait mal, par exemple, comment il se fait que le logo du Conseil de la nation atikamekw ne se retrouve pas dans la liste des collaborateurs du sondage, alors qu’on mettait en relief avoir recueilli tous les appuis politiques de la région. Une absence des Atikamekws «presque insultante», selon lui.

«Il va probablement falloir reprendre la même chose dans un cadre autochtone et tenir des échanges pour savoir ce dont a besoin le projet BELT pour qu’il soit acceptable (…) Ils veulent que ce soit clair qu’ils font partie du projet, comme autochtones et c’est tout à fait légitime», perçoit Luc Bouthillier.

La Tuque est tout indiquée pour accueillir le projet

Léonard Nkunzimana ne s’est pas montré surpris par les résultats. « Ce qui pèse le plus, c’est la création de revenus, c’est la stabilité économique, la rétention des jeunes».

Luc Bouthillier explique ainsi le fait que La Tuque soit tout indiquée pour accueillir le projet qui suscite maintenant l’intérêt de niveau international.  «La Tuque, en dépit que ce soit entouré de forêts, c’est essentiellement urbain (…) Il y a de belles initiatives, de nouvelles industries forestières. Pourquoi La Tuque ? Pour des raisons sociogéographiques. C’est un facteur prédisposant à l’innovation», pense le professeur Bouthillier.

«C’est un virage vers un développement durable qui est très intéressant. Ça pourrait créer des emplois durables. C’est vers là qu’on s’en va, vers les nouvelles exploitations forestières, ce sont de nouveaux débouchés à explorer», estime pour sa part Andrée Anne Côté-Jinchereau, étudiante à la maîtrise en droit de l’environnement à l’Université Laval, également présente sur place.

«L’acceptabilité sociale, ce n’est pas un vote, êtes-vous d’accord ou pas. Dès l’amont du projet, c’est de construire ce projet et se demander : vous en attendez quoi?» lance Luc Bouthillier.

Selon lui, les observations émises lors du dévoilement des résultats permettront de mieux construire les composantes du projet.

La place du projet BELT dans l’actuel régime forestier sera un des prochains éléments étudiés.

«On est très satisfait de la rencontre», ont conclu Luc Bouthillier et Leonard Nkunzimana
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Texte «Utiliser le bois mal aimé»