Berthe Issa, nouvelle centenaire au positivisme contagieux
FIERTÉ. Depuis peu, La Tuque compte une centenaire de plus, Mme Berthe Beauchamp-Issa.
À voir son sens de l’humour et sa vivacité d’esprit, on est porté à lui donner bien des années de moins. Pourtant, avec une mémoire prodigieuse, elle relate les événements de la vie à partir du début du 20e siècle, une période où peu de choses étaient disponibles.
«Elle a tout vu de la vie, maman. Elle est née à une époque où il y a avait très peu d’industries», relate sa fille Mireille Issa, enseignante retraitée. La radio, la télévision, les autos, tout était à bâtir. Toute petite, elle franchissait cinq milles à pied chaque jour pour aller à l’école. «Pour ménager nos chaussures, on les enlevait et on marchait nu-pieds dans les roulières de voitures tirées par des chevaux».
Entre autres anecdotes, cette fille de fermier «crinquait» le grammophone quand venait le temps de faire jouer un 78 tours. Fallait bien enjoliver les journées avec un peu de musique!
Native de St-Donat, dans les Laurentides, Mme Issa arrive à La Tuque en 1956 avec son mari affecté à la construction de la centrale Beaumont d’Hydro-Québec. Elle ne repartira plus jamais.
Alors que son époux décède à seulement 52 ans, Mme Issa prend la décision de demeurer à La Tuque avec ses 10 enfants, dont neuf vivaient toujours dans le nid familial, question de ne pas les déraciner.
L’arrivée à La Tuque
Quel est son souvenir de son arrivée à La Tuque de sa famille? Beaucoup de travailleurs forestiers parfois en transit, mais surtout une ville énergique «qui bougeait beaucoup». Berthe Issa se rappelle de La Tuque des années 50 et 60 comme étant très dynamique.
«Il y a 60 ans, la vie était très différente à La Tuque. C’était une ville fermée, avec moins de commodités qu’il y en a aujourd’hui», se souvient Mme Issa, qui a vu cette époque comme celle où les transports ont commencé à s’organiser. À une certaine période, il y avait 18 000 personnes dans la ville puisqu’il y avait beaucoup de construction. « Ce n’est pas tout le monde qui avait des automobiles, alors le transport en commun était très utilisé», se remémore-t-elle également.
Le Collège St-Zéphirin, devenu l’école Eugène-Corbeil (actuel Complexe culturel) de même que les écoles St-Michel, St-François, Desbiens et Centrale remplissaient leur mission d’instruire les jeunes. «Les écoles Champagnat et Marie-Médiatrice n’étaient même pas encore construites lorsque nous sommes arrivés», relate également la nouvelle centenaire.
Ce qu’il y avait de plus à La Tuque à dans les années 60, c’étaient des commerces, parce que les gens n’allaient pas magasiner à l’extérieur.
Si elle a vu le changement progressif survenu au fil des décennies, Mme Issa s’y est toujours bien adaptée. Sitôt les enfants partis de la maison, pas question de s’ennuyer. Elle demeure active en s’impliquant bénévolement au Centre de jour, au Club de l’Âge d’or, les Filles d’Isabelle et au Carrefour d’action communautaire.
La recette?
Existe-t-il une recette pour vivre jusqu’à 100 ans et même plus? «Je ne peux pas vous le dire, je ne la connais pas. J’ai mené une vie normale, mais je n’ai rien fait d’extra (…) J’aime le monde, j’aime beaucoup les «partys». Là, je suis un peu sourde, mais ils en profitent pour dire des choses que je ne comprends pas», rigole Mme Issa.
De toute évidence, le secret de sa longévité réside dans un positivisme qui l’emporte sur les aléas de la vie. C’est assurément ce qui lui permet de profiter encore aujourd’hui d’une merveilleuse santé: elle ne manque pas chaque occasion de croquer dans la vie. «Et j’ai de bons gènes», ajoute-t-elle. Elle n’a jamais fumé, n’a pratiquement jamais pris d’alcool ou de boissons gazeuses. Sa sœur Diane vit toujours et est âgée de 98 ans.
Malgré les événements de la vie, elle a toujours abordé les choses avec humour, même si la discipline s’imposait pour élever sa famille. «Je leur disais toujours (aux enfants): n’oubliez pas de rentrer le même jour où vous êtes sortis», lance-t-elle, déclenchant un grand éclat de rire.
Une partie de l’explication est fournie par sa fille Mireille: «C’est une femme extrêmement tolérante, elle accepte tous les changements».
«J’ai une grosse récompense, aujourd’hui. J’ai des enfants extraordinaires», enchaine Berthe Issa. A travers cinq générations, cette résidente de la maison Mélanie-Harvey a maintenant 69 descendants.