GNL : «La somme des risques afférents au projet dépasse celle de ses avantages»
Le maire de La Tuque demeure optimiste quant à la suite du projet
ENVIRONNEMENT. Le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, (BAPE) sur le projet de 9G$ de GNL Québec de la construction d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à La Baie a été rendu public.
On sait que le projet prévoit une ligne de transport de 780 km, dont plus de 170 passeront par la Haute-Mauricie.
L’acceptabilité sociale n’est pas encore acquise, si on en croit le rapport. Une mobilisation importante a caractérisé es consultations : «Dans toute l’histoire du BAPE, le mandat d’enquête et d’audience publique sur le projet Énergie Saguenay est celui ayant suscité la plus forte participation citoyenne, notamment en ce qui a trait au nombre de mémoires déposés […] La commission a toutefois constaté l’absence de points de convergence entre les positions exprimées et la difficulté d’établir une zone de compromis acceptable de part et d’autre […] considérant ce débat fortement polarisé dans le milieu d’accueil, mais aussi dans l’ensemble du Québec, la commission n’a pas été en mesure de se prononcer sur l’acceptabilité sociale à l’égard du projet, même si globalement, selon l’analyse qu’elle en a faite, la somme des risques afférents au projet dépasse celle de ses avantages».
Le BAPE estime que le gouvernement devra prendre en compte les risques du trafic maritime sur les mammifères marins qui fréquentent le Saguenay et l’estuaire du Saint-Laurent, notamment le béluga. Si des intervenants y voient une importante occasion de diversification économique, d’autres pensent qu’il va «à l’encontre des engagements du Québec et du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques et de protection de la biodiversité».
Le BAPE note les retombées économiques maintes fois soulignées par les promoteurs, des effets ressentis durant les quatre années de construction autant pour la région accueille que pour le Québec. «Cependant, en phase d’exploitation, les retombées économiques les plus importantes se manifesteraient surtout dans l’industrie de production du gaz naturel de l’Ouest canadien», note le BAPE.
«C’est très positif»
Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, ne voit pas dans le rapport du BAPE un pavé dans la mare : «C’est très positif».
On sait que Ville de La Tuque prévoit aller chercher annuellement des revenus de 8,6M$ en guise de compensation pour la partie publique où passera la conduite. Une somme annuelle de plus de 1,2M$ pour les milieux communautaires ainsi que pour le domaine de l’éducation est aussi prévue.
Contrairement au rapport, M. Tremblay estime que l’acceptabilité sociale du projet est très grande en Haute-Mauricie ainsi qu’au Saguenay. «On ne l’aura pas partout au Québec. Mais ce qui est important, c’est de l’avoir en région, où on est touché par ce projet, le Saguenay, le Lac-Saint-Jean et j’ajoute La Tuque, parce que 20% de la conduite va passer chez nous», ajoute M. Tremblay, qui souligne au passage que les dirigeants du projet se sont rendus rencontrer les Atikamekw et même jusqu’au secteur Parent de ville de La Tuque.
Le rapport de 500 pages comporte 49 recommandations. Pierre-David Tremblay dit qu’il se serait attendu à beaucoup plus que cela, vu l’ampleur du projet. «Lorsque GNL va avoir répondu à l’ensemble de ces questions, je suis certain que le projet va suivre son cours», a-t-il conclu.
«Nous avons clairement indiqué qu’il revenait aux promoteurs du projet Énergie Saguenay de faire la démonstration que leur projet apporterait une contribution positive à la réduction des émissions mondiales de GES. Nous invitons donc les promoteurs à répondre aux questions soulevées dans le rapport du BAPE et à collaborer à la suite de l’évaluation environnementale», a laissé entendre Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.