Horaire de faction : ras-le-bol des paramédics

Les paramédics de La Tuque ont exprimé leur ras-le-bol, face à l’absence de développement dans le dossier de leurs horaires de faction 7/14, qu’ils veulent convertir à l’heure.

Ils ont interpellé les députés de la CAQ, Marie-Louise Tardif et Christian Dubé, président du Conseil du trésor.

«Ils vivent une situation complètement différente du reste du Québec, sur un territoire immense. On le compare parfois à la Belgique, avec une population qui vit ici, mais aussi des villégiateurs qui font quintupler le nombre de personnes. Ça augmente artificiellement les besoins », dit Paul Lavergne, président du Conseil central du Cœur-du-Québec de la CSN.

La réalité de ces travailleurs rend difficile la conciliation travail-famille, estime-t-il.

«On a eu une confirmation écrite et signée, par le ministère et par Mme Tardif en janvier, comme quoi les budgets étaient acceptés pour un changement vers un horaire à l’heure. Et on s’est fait dire qu’on n’avait pas les budgets. On a attendu jusqu’au dépôt du budget, en mars. Il n’y avait encore rien, mais on était prioritaires pour avoir un horaire à l’heure. On attend encore les crédits, rien ne se fait au niveau du ministère. La seule information qu’on a eue, c’est qu’il y a trois semaines, Mme Tardif a confirmé qu’on n’était pas dans les ratios du ministère, on nous a complètement oubliés, on a complètement oublié les citoyens», lance Michel Beaumier, président du syndicat des paramédics.

Il considère ces derniers événements comme un retour à la case départ : «La CAQ, la seule chose qu’ils disent, c’est que les citoyens de La Tuque n’en ont pas besoin».

Les paramédics ressentent l’appui de la population, mais ce qui les bloque estime-t-il, c’est le ministère de la Santé.

«Il y a une promesse qui a été faite à ces gens-là pour qu’ils puissent concilier le travail et la famille. Ils ont été patients […] Là, ça suffit, ça suffit, le niaisage. Est-ce qu’on peut tenir cette promesse-là?», laisse tomber Marie-Line Séguin, vice-présidente de la Fédération de la santé et les services sociaux à la CSN.

«Le conseil municipal de La Tuque n’accepte pas du tout cette situation. On n’a pas le droit d’être des citoyens de troisième zone, on est des citoyens de première classe, comme n’importe qui au Québec»

-Marco Lethiecq, directeur général de ville de La Tuque.

Le directeur général de ville de La Tuque, Marco Lethiecq, s’est rendu les appuyer au nom du conseil municipal : «Le 18 septembre 2018, on a appuyé les revendications des paramédics à La Tuque parce que c’est extrêmement important. Normalement, Ville de La Tuque c’est 15 000 de population. En période de chasse, on monte à 40 000 sur l’ensemble du territoire. Ça prend réellement un horaire à l’heure. Il y a eu des promesses, mais surtout des engagements fermes».

M. Lethiecq a rappelé que l’ancien PDG du CIUSSS-MCQ, Martin Beaumont, avait pourtant confirmé que l’horaire à l’heure n’était qu’une question de temps.

«On discutait avec M. Hudon (Gilles Hudon, directeur général adjoint du CIUSSS-MCQ), qui disait que le dossier était toujours en discussion. Nous, il faut vraiment que ça se règle au niveau du ministère. Le ministère de la Santé et le président du Conseil du Trésor doivent dénouer cette impasse», souhaite-t-il.

Mercredi, lors de la soirée sur la santé aux Complexe culturel Félix-Leclerc, le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, a lancé un appel aux dirigeants du CIUSSS-MCQ en faveur des horaires à l’heure des paramédics de La Tuque.

«On nous disait qu’il y a 13 personnes qui ont quitté le service. Il y a un taux de roulement qui se crée à cause des conditions de travail sont pénibles, pour la conciliation travail-famille », déplore Paul Lavergne.

Les paramédics pressent également le propriétaire de la BTAQ de les appuyer dans leur revendication.

«La réalité terrain à La Tuque, c’est compliqué»

Jean-François Cloutier, paramédic depuis 16 ans, a expliqué en quoi ressemble la réalité de son travail : «C’est un radio avec nous, 24 heures sur 24, une semaine sur deux. Pendant cette semaine-là, on a un délai de 5 minutes pour répondre aux appels d’urgence».

Il rappelle que les villes moins populeuses disposent maintenant d’horaires à l’heure. «On couvre extrêmement grand. La réalité terrain à La Tuque, c’est compliqué, on prend la route parfois à minuit pour aller à Québec, Montréal, à Parent, à Clova et même des endroits plus loin que Clova […] Ça nous occasionne parfois de faire des «rides» d’ambulance avec les facultés affaiblies, causées par le manque de sommeil».

«Dans les 15 à 17 paramédics qu’on a embauchés dans les 5 à 7 dernières années, il en reste peut-être deux, les autres déménagent, ils ont eu des possibilités d’horaires à l’heure».

«Aujourd’hui, on est venu rencontrer des membres du syndicat pour préparer la suite et sans réponse du gouvernement, on va devoir hausser le ton et passer aux actions de mobilisation», conclut M. Lavergne.

Au moment d’écrire ces lignes, la députée Marie-Louise Tardif n’avait pas encore réagi à cette nouvelle.