20 futurs charpentiers-menuisiers formés à Wemotaci

FORMATION. Wemotaci attaque de front deux phénomènes avec laquelle elle compose depuis fort longtemps : la pénurie de logements et le besoin de formation de la main-d’œuvre.

Depuis la fin du mois de février dernier et jusqu’en avril 2020, une vingtaine d’élèves Atikamekw entreprennent un DEP de 1 350 heures en charpenterie-menuiserie à même leur communauté de Wemotaci, par le truchement du Centre de formation professionnelle Qualitech qui s’y déplace.

Les élèves prennent la chose très au sérieux : «On a parti la cohorte avec 21 candidats et on est à 20, présentement. C’est un projet intégrateur, dans la communauté. On a l’opportunité de travailler sur des habitations», signale Hugues Gauthier, directeur adjoint au Centre de formation professionnelle Qualitech.

En effet, pour les fins de ce projet, deux maisons jumelées sont en construction actuellement, les élèves en charpenterie menuiserie y participent activement. Un des élèves va même habiter une de ces habitations.

À l’origine du projet, Wemotaci a approché Qualitech pour évaluer les possibilités de formation pour les résidents. À l’époque, on recensait des besoins pour des mécaniciens, des soudeurs, mais un problème de logements subsistait. On a souvent abordé la question de la surpopulation dans les habitations à Wemotaci et de la nécessité de rafraîchir le parc immobilier, conjuguée avec un taux de chômage élevé.

«Pour délocaliser une formation comme celle-là, on voulait qu’il y ait une possibilité d’emploi pour ces gens-là par la suite», précise Hugues Gauthier.

Il croit que d’éventuels projets de construction sur la communauté généreront des possibilités d’embauche pour ces futurs travailleurs.

«Il y a le Conseil de bande, mais des entreprises sont aussi intéressées à les embaucher. Si ces gens veulent travailler dans la communauté ou hors de la communauté, ça va être possible. On est en train de regarder ça avec la Commission de la construction du Québec (CCQ), parce que le DEP donne accès aux métiers de la construction», ajoute le directeur adjoint de Qualitech.

Une approche personnalisée

Qualitech a utilisé une approche personnalisée en étant attentive aux besoins des élèves : l’horaire des cours a été adapté en respectant les semaines culturelles. Autre exemple : les élèves ont proposé d’entrer plus tard un matin de la chasse aux outardes, quitte à finir plus tard aussi. Les élèves sont sérieux et assidus.

«On a des enseignants engagés, parce qu’ils ont choisi d’aller donner le DEP, ça a fait la différence dans notre projet», signale Hugues Gauthier.

Quatre enseignants participent au projet, dont un qui y est entièrement dédié.

Ils touchent au même DEP que tout ce qui est enseigné ailleurs. «On parle de dessins, devis, croquis, mathématiques, isolation, implantation», laisse entendre Hugues Gauthier. Le conseil de Wemotaci leur a offert une salle de classe, en plus d’une partie d’un garage. Tous les éléments du programme régulier de charpenterie-menuiserie leur sont enseignés.

Selon Hélène Niquay, coordonnatrice de la formation professionnelle à Wemotaci, les élèves inscrits à cette formation ont pu recevoir une aide financière, un élément déterminant pour la motivation dans la réussite scolaire. Ceux qui y étaient admissibles touchent une allocation provenant d’Emploi Québec. Question d’équité, huit élèves qui n’y ont pas droit reçoivent une allocation du même montant, versée par le conseil de Wemotaci.

La cohorte de Wemotaci aura prochainement l’occasion de se rendre à Trois-Rivières pour l’assemblage d’un préau dans des installations de Qualitech, en apportant leur saveur culturelle à la nouvelle installation.

Des élèves assidus et intéressés

L’enseignant René Tessier y trouve un défi enrichissant pour lui et les élèves, dont le groupe compte une femme.

Les élèves sont assidus. L’enseignant donne cet exemple : «On fait nos journées et on a des élèves en retard (dans leurs travaux). Je leur demande s’ils veulent continuer le soir. Je n’ai pas nommé ceux qui étaient en retard. Le premier soir, où il y avait deux ou trois élèves en retard, nous en avons eu 11». Le lendemain, 16 élèves y retournaient, le soir.

«L’avantage qu’on a, c’est qu’à Trois-Rivières on n’est pas en mesure de pouvoir travailler sur une bâtisse à cause de contrainte qu’on a avec la CCQ. À Wemotaci, on n’a pas cette contrainte. Nos jeunes peuvent travailler dans une situation réelle, ce qui est beaucoup plus intéressant pour eux», identifie M. Tessier.

Ils ont des formations théoriques, certes, mais disposent des outils et matériaux vous et pour la portion pratique de ce qu’ils apprennent.

Le fait d’ériger une structure qu’ils n’ont pas à débâtir après la construction, leur fournit également un sentiment de fierté.

Objectif : augmenter le nombre d’habitations