IGA : le flambeau à Mathieu Naud

RELÈVE.  Comme sept autres finissants, le Latuquois Mathieu Naud vient de recevoir son diplôme du programme Flambeau, de la chaîne Sobeys, mis sur pied en 2015 afin d’assurer une relève de qualité dans les magasins IGA partout au Québec. Ce programme de formation de la relève développé par IGA permet à des gens talentueux de s’armer pour reprendre le magasin IGA familial. Le programme témoigne qu’il détient tous les outils pour prendre la relève de son père, Paul Naud, qui possède le marché d’alimentation depuis 1996. La formation est rigoureuse. Chaque candidat doit d’abord subir un test psychométrique pour évaluer son potentiel, après quoi il passera 12 mois dans un autre supermarché IGA : un mois dans chaque département du commerce, afin d’en comprendre tous les rouages. Mathieu Naud a donc travaillé pendant un an au marché IGA Gauthier et frères de Grand-Mère dans ce cadre. «J’ai voyagé soir et matin, une semaine sur deux. Ils nous sortent complètement de notre IGA pendant un an. Pendant une semaine, tu fais le travail du commis, placer les pommes, trancher la viande. Il y a ensuite deux semaines avec le gérant pour apprendre la gestion des outils, des systèmes, puis les examens».

Marie-Eve Naud, Mathieu Naud et René Le Bourdais.
Chaque candidat suit une formation académique traitant de la gestion du commerce, celle du personnel, après quoi il se voit confier un mandat. Mathieu Naud devait établir un processus prévoyant la gestion de produits saisonniers. «Il faut être prêt. En janvier ou en juillet, ce ne sont pas les mêmes produits», fait-il remarquer. Il en connaissait déjà un rayon avant d’entreprendre cette formation, mais il fallait pousser un peu plus loin. «Un moment donné, on s’installe dans nos pantoufles. Ça fait du bien de sortir ailleurs, de voir les bons coups. Il y a des fois aussi où c’est nous qui avions les meilleurs coups», a-t-il constaté. Depuis qu’il est tout jeune Déjà, à 13 ans, il venait emballer, le soir. Il était en secondaire 3 quand son père a fait l’acquisition de parts du supermarché IGA de la famille Arcand. Il savait qu’il y travaillerait à temps plein, un jour : «C’était déjà décidé, je terminais mon secondaire 4 et je m’en venais travailler ici. Quand est arrivé l’incendie (en septembre 1997) mon père m’a dit : tu devrais peut-être suivre un cours, des fois qu’il arriverait une autre «badluck» on ne sait jamais». Puisque l’épicerie a été fermée deux ans avant la reconstruction, il a suivi une formation en conduite de machinerie lourde et a travaillé dix ans pour la Bétonnière La Tuque. «Je savais que je reviendrais un jour, je travaillais toutes les fins de semaine ici, et je faisais les samedis soirs», mentionne l’homme de 37 ans. C’est en 2012 qu’il y revient à temps plein. Il voit plein de nouveaux défis, tant pour l’inventaire que le personnel. Par exemple, le matin du passage de L’Écho de La Tuque, une panne téléphonique et d’internet avait compliqué les commandes du jour et les changements de prix des articles selon la nouvelle circulaire. Avec René Le Bourdais, il voit quotidiennement à la bonne marche des opérations du supermarché. Paul Naud est toujours très présent dans l’épicerie. «Mais je suis chanceux, il me laisse beaucoup de place», avoue Mathieu Naud, qui remarque que ce ne sont pas tous les propriétaires d’épicerie qui sont nécessairement prêts à laisser la place à la relève. «S’il y a de grosses décisions à prendre, Paul est ici tous les jours», fait remarquer René Le Bourdais. Le programme a été formateur pour Mathieu Naud. Le seul hic aura probablement été la distance. La plupart des jeunes qui suivent la formation le font dans les supermarchés moins loin de chez eux. Sa sœur, Marie-Eve, est également très impliquée dans le bureau de direction d’IGA, dans la comptabilité. Elle y travaille depuis qu’elle a 15 ans : elle avait débuté à la boulangerie comme étudiante. Jeune, mais expérimenté, le trio de dirigeants se complète avec René Le Bourdais, à l’emploi d’IGA à La Tuque depuis 1993. La rétention de personnel sera le défi de Mathieu Naud et son équipe pour les prochaines années. On vit d’ailleurs le phénomène depuis quelque temps. «La force d’IGA, ce sont les quelques 200 familles de marchands à travers le Québec. Elles sont issues de la communauté pour laquelle elles travaillent, elles connaissent leur monde. Elles sont impliquées localement et dédiées à leur magasin ; c’est le meilleur modèle d’affaires possible. Nous souhaitons qu’il perdure, c’est pourquoi nous avons créé ce programme», explique Alain Ménard, vice-président principal exploitation de détail chez Sobeys et créateur du programme Flambeau. On retrouve une dizaine de marchands IGA en Mauricie. Former la relève Depuis sa création en 2015, le programme Flambeau a permis de former la relève dans 29 magasins IGA partout au Québec. D’ailleurs, les huit finissants de la cohorte de 2018 sont originaires de Lanaudière, du Témiscamingue, de l’Estrie, de la Montérégie, de la Mauricie et de Montréal.