Québecor n’a pas besoin de Freedom pour sortir du Québec, dit Pierre Karl Péladeau

MONTRÉAL — La température de l’eau est de plus en plus clémente pour Québecor qui songe à faire un plongeon dans le marché du sans-fil à l’extérieur du Québec, juge son président et chef de la direction, Pierre Karl Péladeau. Cette aventure pourrait se faire avec ou sans Freedom Mobile, ajoute-t-il. 

Les conditions sont de plus en plus près d’être réunies pour une incursion pancanadienne, croit M. Péladeau. Il a cité en exemple l’opposition du Bureau de la concurrence à l’offre de 26 milliards $ de Rogers pour l’acquisition de Shaw et les déclarations du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, comme quoi un rachat complet serait «fondamentalement incompatible» avec les politiques du gouvernement Trudeau. 

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a aussi rendu une décision qui permet aux opérateurs régionaux de louer un accès aux réseaux des grandes sociétés de télécommunications canadiennes, à condition d’avoir eux-mêmes un spectre de fréquences locales. Les conditions réglementaires entourant cette décision sont toujours attendues. 

«Tous ces éléments participent à une multiplication des opportunités et à cet égard, certainement, les choix multiples qui nous sont offerts nous permettent de poursuivre l’intérêt que nous avions déjà annoncé, il y a déjà de ça plus de 18 mois», a dit M. Péladeau lors d’une conférence de presse, en marge de son assemblée annuelle, jeudi.

À plus d’une reprise, M. Péladeau avait dit que son entreprise songeait à prendre de l’expansion dans les autres provinces. L’entreprise estime que le marché québécois est devenu «assez mature» et elle croit que le reste du Canada, où la concurrence est moins forte, offrirait des occasions d’affaires lucratives. Questionné sur le sujet, le PDG a confirmé que les déclarations de jeudi indiquent un degré de conviction renforcée quant à son ambition d’étendre la portée de son entreprise hors Québec. 

Avec ou sans Freedom Mobile

M. Péladeau a refusé «de négocier sur place publique» quant à ses démarches en vue d’acquérirl’enseigne Freedom Mobile, la division sans-fil de Shaw Communications. Québecor n’a pas nécessairement besoin de cette acquisition pour s’étendre dans les autres provinces canadiennes, a-t-il dit.  

«La réponse est simple: oui, Québecor est en mesure de démarrer son activité sans-fil à l’extérieur du Québec en raison de l’acquisition des licences lors des enchères qui ont eu lieu l’année dernière.»

En 2021, la société montréalaise a acquis 294 blocs du spectre de la bande de 3500 MHz, pour un montant de 830 millions $. Plus de la moitié de cet investissement se concentre dans quatre provinces canadiennes: l’Ontario, le Manitoba, l’Alberta et la Colombie-Britannique. 

Des investisseurs inquiets

Le marché semble avoir réagi négativement à l’idée que Québecor se rapproche de ses visées pancanadiennes. À la fermeture de la Bourse de Toronto, l’action perdait 1,75 $, ou 6,23 %, à 26,36 $. 

Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux, croit cependant que les investisseurs ont tort de craindre cette perspective. «Nous continuons de croire que l’action s’échange à un prix attrayant tandis que les investisseurs surestiment les risques liés à ce projet.» 

Contrôle des dépenses en télécommunications

Québecor a dévoilé, plus tôt jeudi, des résultats légèrement supérieurs aux attentes des analystes tandis que l’amélioration des marges dans le secteur des télécommunications a contrebalancé les pertes d’exploitation des activités médiatiques. 

Même si les revenus des activités de télécommunications ont décliné de 1,2 % à 903,4 millions $, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de ce segment est en hausse de 2 % à 460 millions $. Le secteur des télécommunications représentait 83 % des revenus de la société au premier trimestre. «Les revenus du secteur des télécommunications sont en baisse, mais la réduction des coûts était au rendez-vous», commente Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD.

Les activités médias ont toutefois affiché une perte avant intérêts, impôts et amortissement de 11,9 millions $, comparativement à un bénéfice de 1,3 million $, malgré une augmentation des revenus de 4 % à 181,8 millions $. 

La société estime que la bonification des investissements de Groupe TVA a eu des retombées favorables tandis que le Réseau TVA a fait un gain de 0,7 part de marché durant les trois premiers mois de l’année. 

Québecor a réalisé un bénéfice net de 117,1 millions $ au premier trimestre de l’exercice financier en cours, légèrement inférieur à celui de 120 millions $ rapporté un an plus tôt.

Le bénéfice ajusté dilué par action, une mesure suivie par les analystes, atteint 54 cents par rapport à 52 cents l’an dernier. Les revenus totaux de l’entreprise, pour leur part, ont reculé de 0,3 %, de 1,09 milliard $ à 1,088 milliard $ au premier trimestre 2022. 

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 52 cents et des revenus de 1,101 milliard $, selon la firme de donnée Refinitiv. 

Entreprise citée dans cette dépêche: Québecor (TSX:QBR.B)