«C’est une question de survie pour le club» – Yves Greffard

Le club de ski de fond La Tuque rouge a offert cette année à ses adeptes ce qui est probablement la meilleure qualité de pistes de son histoire, grâce à une dameuse flambant neuve, une première depuis la mise sur pied du club, en 1973.

La machinerie Snow Rabbit 3X avec laquelle sont entretenus les 43 km de sentiers a beau être neuve, elle n’appartient pas au club, puisqu’elle est en location. Cela génère de l’inquiétude parmi les dirigeants du club de ski de fond, qui tiennent mordicus à acquérir l’appareil de 235 000$. On ne pourra pas la louer pendant des années. «C’est une question de survie pour le club», tranche Yves Greffard, président.

Des demandes de subventions ont été formulées, autant aux paliers de gouvernement fédéral que provincial. On attend aussi un octroi du fonds FARR. On souligne que le SDÉF a beaucoup travaillé pour faire avancer le dossier.

«On sait que le gouvernement fédéral a mis 10M$ pour promouvoir les sports d’hiver, ajoute M. Greffard. On le sait qu’il y a des fonds».

On attend des nouvelles. La Tuque Rouge n’a pas les moyens de s’endetter pour la totalité des coûts de la machinerie.

En attendant, les dirigeants lancent un cri du cœur, parce que c’est une période charnière pour La Tuque Rouge. C’est la première année où le club compte sur une dameuse neuve pour assurer l’entretien de ses sentiers. L’avis des fondeurs est unanime, on n’a jamais vu une aussi belle qualité de pistes, surtout avec le peu de neige de cette année.

«C’est neuf. On en a eu, des machines usagées, mais on a toujours eu de la grosse mécanique à faire, à payer», ajoute le publiciste du club, Daniel Fortin. Derrière le Snow Rabbit 3X, il y a un équipement qui brise la neige pour la recycler. «C’est comme au ski alpin, mais en plus petit», compare Yves Greffard.

C’est François Fortin, un bénévole qualifié d’essentiel par MM. Greffard et Fortin, qui voit à entretenir la machine.

Les deux fondeurs ajoutent avoir eu des discussions avec le député et ministre François-Philippe Champagne ainsi qu’avec la députée Marie-Louise Tardif.

Il y a 10 ans qu’aucune compétition n’a été présentée dans les sentiers de La Tuque Rouge. «On n’est pas capable de garantir la qualité des pistes, déplore Daniel Fortin. On est un des gros clubs du Québec. On a eu deux champions canadiens, il y a eu des coupes Sealtest». Les sentiers de La Tuque rouge ont en effet vu évoluer bon nombre de fondeurs qui se sont illustrés sur la scène nationale et même à l’internationale.

On ne se le cache pas, en procurant de plus belles pistes aux fondeurs cette année, les attentes sont indéniablement plus grandes. «On n’a pas à être gêné des conditions qu’on a aujourd’hui, comparé avec les autres grands clubs, grâce à cette machine».

La relève est présente, on voit de plus en plus de jeunes dans la vingtaine et la trentaine dans les pistes, des nouveaux arrivants. Les aînés y sont aussi, autant en ski de fond qu’en fatbike. «Cet hiver, il n’y a pas eu de compétition. Mais on a des entraîneurs qui sont prêts», affirme Daniel Fortin. D’ailleurs, d’anciens et plus jeunes membres du club de ski de fond ont formé un comité pour travailler à acquérir la machinerie pour l’entretien.

À titre d’exemple, on a pu présenter une belle qualité de piste la semaine dernière, malgré l’absence de neige. «On aurait été sur la glace, autrement», soutient le président.

Heureusement, La Tuque Rouge a de bons liens avec son voisin, le Club motoneige de La Tuque qui donne un coup de main lors de bonnes bordées de neige. Et au fil des dernières années, le club a fait des miracles avec peu d’équipement.

Pour M. Fortin, on se doit d’investir dans les loisirs comme le ski de fond, d’autant plus que son club n’a jamais couru les subventions : «La Tuque, c’est un mini Saint-Sauveur, c’est juste moins gros. Tu as le ski de fond, la raquette, le fatbike, le ski alpin, les sentiers de motoneige, l’anneau de glace à Champagnat».

«Les attentes à partir de maintenant font qu’on ne peut plus reculer», insiste Yves Greffard.

«Ça prend ça. On n’a pas le choix. Si jamais on ne l’a pas, il va falloir continuer à se battre pour en avoir une», enchaîne Daniel Fortin.

Une saison exceptionnelle

La saison qui se terminera dans quelques semaines a été excellente pour La Tuque Rouge avec une hausse prodigieuse du nombre de cartes de membres vendus. On est en effet passé de 150 membres à tout près de 230. Cela, en plus des fondeurs qui s’offrent un billet journalier. C’est un des chiffres les plus élevés de l’histoire du club, si on ne tient pas compte des premières années d’activité, dans les années 70, alors que 500 personnes avaient leur macaron du club. Mais le macaron, à cette époque, coûtait 1$.

La COVID-19 y est pour quelque chose, mais la qualité des pistes a fidélisé les membres cet hiver.

Habituellement très social, l’environnement familial de La Tuque Rouge n’a présenté aucune de la douzaine d’activités normalement inscrites dans le calendrier, cet hiver. Pas de souper, pas de chasse au trésor, pas de «12 heures», pas de journée d’érable. «Les gens se rencontrent quand même, ils se parlent dans les pistes, ils nourrissent les oiseaux».