La boxe féminine a réussi son pari et gagné ses lettres de noblesse

MONTRÉAL — La boxe féminine a gagné son pari. Un peu comme le tennis et le golf, elle est perçue au même niveau que son équivalent masculin, au point où une soirée sans combat féminin peut paraître «vide».

Prenez le dernier gala d’Eye of the Tiger Management (EOTTM). Même si la soirée a été excellente, quelques amateurs sur place — et quelques collègues de la section réservée aux médias — ont souligné cette absence.

Et il ne s’agit pas d’une critique envers EOTTM, qui fait la part belle aux boxeuses de son écurie. Seulement voilà: quand on voit les meilleures au monde inscrites sur les marquises du Wembley Arena ou du Madison Square Garden — comme c’est arrivé le week-end dernier à New York, le mois dernier à Laval, ainsi qu’en décembre, à Shawinigan — leur absence sur une carte est d’autant plus remarquée.

«Le WBC (World Boxing Council) a passé un règlement pour que chaque fois qu’il y a un championnat du monde de l’organisme, il doive y avoir au moins un combat féminin. Mais c’est un règlement qui est rendu obsolète, inutile: les filles ne sont pas là parce qu’on veut leur donner une chance sur un événement, elles sont là parce qu’elles apportent une plus-value importante à un événement», a noté Yvon Michel, qui avec Lou DiBella, a placé trois combats féminins en préliminaires du choc des mi-lourds entre Jean Pascal et l’Allemand Michael Eifert, le 16 mars, à la Place Bell.

«Les filles voudraient boxer trois minutes pendant 12 rounds (elles ne peuvent le faire pour l’instant), mais elles le font sur 10 rounds pendant deux minutes et c’est extrêmement intense, extrêmement spectaculaire», a poursuivi le grand patron de Groupe Yvon Michel, qui compte quatre boxeuses en ses rangs, trois si on tient compte du fait que l’ex-championne du monde Marie-Ève Dicaire devrait officiellement tirer sa révérence la semaine prochaine.

Sur la carte du 16 mars, Caroline Veyre, une médaillée d’or aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015 qui a pris part aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, se joindra à deux protégées de DiBella, Jessica Camara et Amanda Galle, pour venir enrichir cette carte de neuf combats.

«Lou DiBella est probablement le promoteur qui a le plus cru en la boxe féminine parmi les grands promoteurs sur la scène internationale, a ajouté Michel. Ce n’est pas pour leur donner une chance, mais c’est vrai que lorsque nous n’avons pas un bon combat féminin sur une carte, on dirait qu’il manque quelque chose.»

Pas de marge de manoeuvre pour Germain

La demi-finale de ce gala sera assurée par le duel de super-légers opposant Mathieu Germain (21-2-1, 9 K.-O.) à l’Ontarien Steven Wilcox (24-3-1, 7 K.-O.).

S’il a tous les airs d’un combat local, il s’agit d’un affrontement que Germain ne peut échapper pour la suite de sa carrière, alors qu’il tente, à 33 ans, de retourner parmi les top-15 mondiaux et aspire toujours à devenir champion du monde.

«Ça fait un petit bout que je suis dans cet état d’esprit, a admis Germain lors de la visioconférence de lundi. Chaque combat est important pour m’amener au prochain niveau, dans les combats internationaux. Pas que celui-là n’est pas important: c’est un combat d’envergure. Mais à chaque combat, on doit offrir de bonnes performances et gagner.»

«Yvon a toujours des plans. Il connaît la ‘game’ et il a une vision à long terme, a expliqué Stéphan Larouche, l’entraîneur de Germain. Le plan avec Mathieu était de le garder actif, mais il y a eu la COVID qui a forcé l’annulation de quelques galas. Mathieu est toutefois demeuré dans le gymnase pour travailler un paquet de petites choses.

«On est conscient que ce sont des combats risqués à prendre, mais on est rendu là. Ce sont des combats qui te font grandir, qui font parler de toi et t’amènent dans les classements. Pour la suite, on a totalement confiance en Yvon. (…) On est rendu à l’étape où il doit s’évaluer, voir où il est rendu dans sa carrière», a renchéri Larouche. 

«En demi-finale de Pascal-Eifert, il va y avoir beaucoup de visibilité pour ce combat Germain-Wilcox, a ajouté Michel. Et on a un plan pour Mathieu. Un plan déterminé avec Stéphan. Mais pour qu’on puisse mettre ce plan en place, il faut que Mathieu gagne. Il va avoir un combat difficile, mais un combat qui va faire en sorte, s’il réussit à surmonter ce défi, qu’il va se mettre lui-même dans une position qui va nous permettre de mettre de l’avant ce plan. Mathieu devrait faire trois combats cette année. Si ça va bien, on va le ramener au printemps et à l’automne.»