Le marché du travail a continué à rugir en décembre, avec l’ajout de 104 000 emplois

OTTAWA — Le marché du travail canadien a terminé l’année 2022 sur une bonne note,  l’économie ayant créé 104 000 emplois en décembre, ne montrant aucun signe du ralentissement que de nombreux économistes anticipaient. 

Cette surprise pave la voie à une nouvelle hausse du taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada, plus tard en janvier, ont estimé des économistes. 

Statistique Canada a indiqué vendredi que le taux de chômage avait légèrement reculé à 5,0 % le mois dernier. Il s’agit de sa troisième baisse en quatre mois, ce qui le rapproche de son creux record de 4,9 %, atteint en juin et juillet. 

«Il faut toujours faire un peu attention à ne pas tirer trop de conclusions à partir d’un seul rapport sur l’emploi au Canada», a cependant prévenu l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter. 

«Mais c’est la deuxième fois en trois mois que l’économie crée 100 000 nouveaux emplois, ce qui est historiquement un grand nombre.» 

Dans sa dernière enquête sur la population active, Statistique Canada a souligné que la hausse de l’emploi était attribuable à une augmentation du travail à temps plein. 

Le nombre d’employés dans le secteur privé a également augmenté le mois dernier, avec des gains d’emplois dans toutes les industries. 

Pendant ce temps, l’emploi dans le secteur public est resté stable. 

Plusieurs économistes s’attendaient à ce qu’un ralentissement de l’économie se manifeste dans les données économiques du quatrième trimestre, en réponse à la hausse des taux d’intérêt. Cependant, les chiffres de l’emploi ne montrent aucun signe d’un glissement de l’économie. 

«Pour ceux d’entre nous qui prédisent au moins une légère récession cette année, cela soulève bien sûr des doutes», a admis M. Porter. 

Les salaires ont continué de croître à un rythme annuel supérieur à 5,0 % pour un septième mois consécutif, avec une augmentation de 5,1 %. 

Cependant, cette croissance des salaires reste inférieure à l’inflation au pays, qui s’est établie en novembre à 6,8 % sur une base annuelle. 

Absentéisme en hausse 

L’économiste Brendon Bernard, du site web d’embauche Indeed, a noté que la grande histoire pour 2022 «de faible taux de chômage et de solides conditions pour le marché du travail s’était poursuivie pendant les dernières parties de l’année». 

L’emploi chez les jeunes de 15 à 24 ans a augmenté en décembre, permettant de récupérer entièrement les pertes d’emploi subies entre juillet et septembre. 

Le rapport sur l’emploi note également que le taux d’emploi des femmes âgées de 25 à 54 ans a atteint un niveau record le mois dernier. 

Malgré la hausse mensuelle de l’emploi, les heures travaillées sont demeurées stables en décembre. M. Porter a estimé que cela était probablement dû au taux élevé de personnes malades. 

Statistique Canada a précisé que 8,1 % des employés étaient absents pour cause de maladie ou d’invalidité le mois dernier, comparativement à 6,8 % en novembre. 

La Banque du Canada a déjà signalé que le marché du travail tendu du pays contribuait à la forte inflation. 

«Les tensions sur le marché du travail sont un signe du déséquilibre généralisé entre l’offre et la demande qui alimente l’inflation et nuit à toute la population canadienne», a affirmé le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, dans un discours prononcé en novembre. 

La banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur sept fois de suite depuis le mois de mars 2022, pour le porter à 4,25 %. Elle espère que cette hausse du coût de l’emprunt fera ralentir le rythme de croissance des prix et refroidira l’économie. 

Alors que les économistes s’attendent à une hausse du chômage en réponse à la hausse des coûts d’emprunt, le marché du travail est resté résilient au cours des derniers mois. 

La vigueur du marché du travail a alimenté un certain optimisme quant à la possibilité que le ralentissement économique attendu puisse finalement être moins douloureux qu’une récession typique. 

Cependant, M. Bernard croit que pour ce qui est des données sur l’emploi, «les choses peuvent bouger assez rapidement d’un mois à l’autre». 

La Banque du Canada a signalé le mois dernier sa volonté de suspendre son cycle dynamique de hausse des taux, selon l’évolution de l’économie.

Même si la Banque de Montréal s’attend toujours à ce qu’il y ait une autre hausse des taux à la fin du mois, M. Porter a estimé que le dernier rapport sur l’emploi ne mettait pas fin au débat. 

«Mais je dirais à tout le moins que cela renforce les arguments en faveur d’au moins une autre hausse des taux en janvier.» 

La Banque du Canada annoncera sa prochaine décision sur son taux directeur le 25 janvier. 

D’ici là, elle aura l’occasion de se pencher sur les données sur l’inflation pour le mois de décembre, ainsi que sur les résultats de ses études sur les perspectives des entreprises et les attentes des consommateurs. 

Emploi stable au Québec 

Au Québec, le taux de chômage a été mesuré le mois dernier à 4,0 %, en hausse de 0,2 de point par rapport à novembre. L’emploi est demeuré stable, après avoir augmenté au cours de trois des quatre mois précédents. 

En Ontario, l’emploi a progressé de 42 000 en décembre et le taux de chômage a reculé de 0,2 point pour se chiffrer à 5,3 %. 

Dans les Maritimes, le taux de chômage a augmenté au Nouveau-Brunswick de novembre à décembre, passant de 7,3 % à 8,1 %, de même qu’en Nouvelle-Écosse, où il est passé de 6,0 % à 6,7 %. En revanche, il a diminué à 5,6 % à l’Île-du-Prince-Édouard, après avoir été de 6,8 % en novembre.