La santé pourrait être le prochain cheval de bataille du chef conservateur

OTTAWA — Que pense le chef conservateur Pierre Poilievre du financement des soins de santé dans l’ensemble du pays?

Le premier ministre Justin Trudeau a convié ses vis-à-vis provinciaux et territoriaux pour discuter d’une entente sur le financement de la santé. La réunion se déroulera le 7 février à Ottawa.

La position de M. Poilievre sur ce sujet demeure obscure, même au sein de son propre camp.

Or pour de nombreux stratèges, la crise des soins de santé au pays est une excellente occasion pour le Parti conservateur d’étendre sa base électorale.

«Nous comprenons que l’économie compte vraiment, mais un leader politique doit pouvoir parler d’une foule de sujets», souligne Shakir Chambers, un ancien conseiller politique conservateur.

Depuis qu’il est chef du Parti conservateur, les problèmes économiques et la criminalité sont les sujets de prédilection de Pierre Poilievre.

Toutefois, le vent commence à tourner. Plus tôt cette semaine, M. Poilievre a répondu à des questions des journalistes au sujet du financement des soins de santé et du rôle du privé. La semaine dernière, il avait promis de reconnaître les compétences des travailleurs étrangers en santé dans un délai de 60 jours, et ce, afin de désengorger le système de santé.

Si le député ontarien Scott Aitchison souhaite des investissements plus importants en santé, son collègue québécois Gérald Deltell juge que le gouvernement fédéral a tort de vouloir dicter comment l’argent doit être dépensé.

Mélanie Paradis, une conseillère conservatrice, dit que les soins de santé et l’accessibilité sont les principaux sujets de préoccupation des Canadiens.

«On doit avoir une solution conservatrice pour les sujets importants comme les soins de santé», lance-t-elle.

Taxe sur le carbone

M. Poilievre promet d’annuler la taxe carbone du gouvernement fédéral. Il veut plutôt réduire les émissions de gaz à effet de serre par des moyens techniques. Toutefois, les conservateurs n’ont pas encore expliqué comment ils y parviendront.

Samedi, M. Deltell, le porte-parole du parti en matière d’environnement, assure qu’un plan sera prêt pour la prochaine campagne électorale.

Pour les stratèges, M. Poilievre doit tenir compte du rythme de ses futures annonces. S’il ne veut pas présenter trop rapidement l’ensemble de ses engagements, d’autant qu’on ignore la date des prochaines élections, il doit aussi montrer aux Canadiens ce qu’ils doivent s’attendre de lui.

Mme Paradis dit que M. Poilievre a déjà amorcé ce travail. Cette semaine, il a diffusé une vidéo dans laquelle il parle avec compassion des autistes et autres formes de neurodiversité et de son intention de partager des ressources financières avec les Premières Nations.

Laryssa Waler, ex-directrice des communications du premier ministre ontarien Doug Ford, concède que le Canada devra relever de nombreux défis, notamment en économie et dans le secteur de la santé. Elle rejette toutefois l’idée que c’est à M. Poilievre seul de fournir des solutions.

«La tâche de Pierre est de diriger l’opposition. Cela ne comprend pas de proposer des politiques gouvernementales sur les transferts d’argent. Sa tâche est de souligner le problème», affirme-t-elle.

En attendant le déclenchement lointain des élections, M. Poilievre veut faire passer le message que «tout est brisé» au pays. Il l’a d’ailleurs répété devant son caucus. Toutefois, pour le stratège conservateur Chris Chapin, convaincre l’électorat que tout va mal au Canada est une chose, le persuader que M. Poilievre règlera tout est une autre chose.