Inflation: QS veut indexer de manière bisannuelle les prestations du gouvernement

MONTRÉAL — Québec solidaire (QS) n’attend pas la rentrée parlementaire de mardi à l’Assemblée nationale pour proposer des mesures pour aider les Québécois à faire face à la hausse vertigineuse du coût de la vie.

Dimanche, le responsable du parti en matière des finances et nouveau député de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a interpellé le gouvernement Legault afin de l’inviter à profiter de la mise à jour économique qui sera présentée le 8 décembre «pour indexer de manière bisannuelle les prestations du gouvernement du Québec afin que celles-ci reflètent mieux l’évolution de l’inflation».

Cette proposition de QS cible ainsi les prestations du Régime des rentes du Québec (RRQ), duRégime québécois d’assurance parentale (RQAP), les pensions de retraite du secteur public, les prestations de la CNESST dans les cas d’accident de travail, l’aide financière aux études (AFE), le crédit d’impôt pour solidarité, l’aide sociale et les indemnisations pour les victimes d’actes criminels (IVAC). 

En entrevue à La Presse Canadienne, le porte-parole de Québec solidaire en matière d’économie, d’innovation, d’énergie et de finances a déclaré qu’une indexation annuelle ne suffit pas dans les circonstances inflationnistes actuelles.

«L’ajustement à l’inflation de cette année va se faire l’année prochaine. Or, pendant toute l’année, les personnes qui ont droit à ces prestations sont les personnes qui en ont le plus besoin en ce moment», a souligné M. Bouazzi.

«Ce sont notamment des retraités avec très peu de revenus. Comme elles ne voient pas leur revenu indexé en cours d’année, elles souffrent de l’inflation l’année complète (…) On pense qu’il est du devoir du Québec de leur permettre de souffler en cours de route».

Pour sa part, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a récemmentouvert la porte à une forme de soutien financier aux entreprises pour les aider à faire face à l’inflation.

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) va aussi de l’avant avec sa promesse électorale pour aider les particuliers à faire face à la hausse du coût de la vie. Plus de 6,5 millions de contribuables recevront ce mois-ci une aide ponctuelle variant entre 400 $ et 600 $, selon leur revenu de l’année 2021.

Cela ne satisfait pas cependant Québec solidaire, qui estime que cette forme d’aide, non récurrente, n’atteindra pas l’objectif.

«La personne qui gagne 90 000$, et dont le conjoint gagne 400 000$, va quand même recevoir un chèque de 400$. C’est irresponsable! Il faut être beaucoup plus ciblé dans l’aide que l’on donne aux foyers. Il faut faire attention en période inflationniste lorsqu’on injecte de l’argent dans l’économie», ajoute M. Bouazzi.

«Les baisses d’impôt, c’est la même chose. Les personnes qui gagnent 400 000 $ ou 1 million $ par an vont aussi avoir droit aux baisses d’impôt qui se préparent pour l’année prochaine. C’est irresponsable. Nous, on pense qu’il faut absolument cibler les personnes qui souffrent le plus des conséquences de l’inflation», a-t-il martelé.

«L’indexation des rentes deux fois par année, c’est un minimum pour mieux protéger les aînés de l’inflation. La pension fédérale est indexée quatre fois par année et je ne peux pas croire qu’on n’est pas capables au Québec de le faire au moins deux fois par année», a renchéri la députée de Sherbrooke Christine Labrie, responsable solidaire des dossiers reliés aux aînés, par voie de communiqué.

Durant la campagne électorale qui a pris fin le 3 octobre dernier, tous les partis représentés à l’Assemblée nationale ont fait de la lutte à l’inflation une de leurs grandes priorités lors de la prochaine session parlementaire.

Même si cette session sera de très courte durée, QS compte s’attaquer dès mardi à plusieurs grands enjeux pour aider le portefeuille des Québécois qui en ont le plus besoin. La proposition d’indexer deux fois par année les prestations du gouvernement du Québec n’est qu’une partie des propositions que Québec solidaire compte mettre de l’avant.

Le parti proposera aussi la mise en place de politiques gouvernementales pour encadrer les coûts des loyers, du transport en commun et des services de l’État.

«Les coûts de l’école, les CPE, les permis de conduire, etc., nous, on voudrait qu’il y ait un gel des prix et non pas juste une augmentation de 3% comme le propose le gouvernement», explique le député Haroun Bouazzi.

«Écoutez, dans un moment où les banques alimentaires ne sont plus capables de servir toute la population qui vient les voir et où le pourcentage de Québécois qui se rapprochent ou qui font carrément une faillite personnelle est en augmentation, il n’est pas possible pour nous de rester silencieux face à un gouvernement qui fait des cadeaux aux plus riches», a-t-il résumé.