Chemin Roxham: le Bloc réclame de l’action après un «nouveau record» de passages

OTTAWA — Le Bloc québécois exhorte de nouveau le gouvernement Trudeau à suspendre l’Entente sur les tiers pays sûrs alors qu’octobre a été le mois le plus achalandé de 2022 au chemin Roxham, en Montérégie, passage de fortune utilisé par des demandeurs d’asile potentiels pour entrer irrégulièrement au Canada.

Des données récemment mises en ligne par le gouvernement fédéral indiquent que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a intercepté 3901 personnes en octobre dernier après qu’elles eurent franchi irrégulièrement la frontière canado-américaine par un point d’entrée terrestre non officiel au Québec.

Le chemin Roxham est bien connu comme étant le principal – voire le seul – point d’entrée de fortune pour mettre les pieds au Québec depuis les États-Unis.

«Nouveau record au chemin Roxham», a lancé vendredi le porte-parole bloquiste en matière d’immigration, Alexis Brunelle-Duceppe, en préambule d’une intervention durant la période des questions.

«Tous ces gens-là pourraient passer avec dignité au poste frontalier si le Canada suspendait l’Entente sur les tiers pays sûrs, mais l’inaction du fédéral les pousse vers Roxham où ils sont reçus par la GRC», a-t-il déploré.

Le député a, en outre, évoqué que les agents de la GRC mandatés pour faire des contrôles de sécurité au chemin Roxham pourraient être réaffectés à d’autres tâches et «seraient beaucoup plus utiles à lutter contre le trafic d’armes».

M. Brunelle-Duceppe faisait ainsi référence au fait qu’un surintendant de la GRC, Martin Roach, en affirmé en comité, la semaine dernière, qu’il estimait que 90 % des quelque 120 membres de la GRC chargés d’assurer le respect des règles à la frontière étaient assignés au passage irrégulier situé en Montérégie.

Marie-France Lalonde, secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration Sean Fraser, a donné la réplique en répétant que le gouvernement de Justin Trudeau discute avec les Américains d’une éventuelle modernisation de l’Entente sur les tiers pays sûrs.

Cet accord fait en sorte qu’un réfugié potentiel se présentant à un poste frontalier officiel canadien et ayant d’abord foulé le sol américain est refoulé puisqu’il doit poursuivre sa demande d’asile dans le premier «lieu sûr» où il est arrivé.

Ainsi, des personnes souhaitant tout de même demander l’asile au Canada traversent la frontière canado-américaine par des passages tels que le chemin Roxham. Une fois qu’ils sont au Canada, leur demande d’asile peut être traitée.

«La fermeture de la route de Roxham ou la suspension de l’entente, ce n’est pas la solution, car elle ne va pas régler le problème, en général. (…) Le Canada partage la plus longue frontière démilitarisée au monde», a réitéré Mme Lalonde.

«Le chemin Roxham permet aux fonctionnaires de recueillir les pièces d’identité de ces demandeurs d’asile et de prévenir les traversées dangereuses», a-t-elle ajouté.

Le député Brunelle-Duceppe a rétorqué que les négociations avec les États-Unis piétinent depuis trop longtemps à son goût. «Ça fait quatre ans qu’il n’y a rien sur la table. (…) Quand est-ce que le ministre va mettre ses culottes, se tenir debout et s’arranger pour être pris au sérieux par les Américains?», a-t-il tonné.

Mme Lalonde, en guise de réponse, a soutenu que le gouvernement canadien préfère travailler avec ses partenaires plutôt que de «chercher la chicane», après avoir souligné les obligations internationales en matière d’accueil de réfugiés que le Canada est tenu de respecter.

En plus des bloquistes, les néo-démocrates demandent aussi, depuis longtemps, la suspension de l’Entente sur les tiers pays sûrs.

De leur côté, les conservateurs souhaitent l’application uniforme de cette entente tout le long de la frontière, poste d’entrée officiel ou non.