VOYAGE DANS LE TEMPS !

Je vous ai déjà mentionné dans une chronique précédente que certaines chansons pouvaient être rattachées à de vieux souvenirs et les faire resurgir à l’écoute de celles-ci. Il en va de même pour les odeurs et parfois même, d’objets anodins.

Il m’est arrivé dernièrement un de ces inattendus voyages dans le temps. Je slalomais lentement dans les allées du supermarché quand tout à coup, j’aperçois dans le coin supérieur d’une tablette, un pot de Map-O-Spread. Cette tartinade au goût de simili-érable dans un contenant orange brûlé tellement terne qu’il n’avait jamais attiré mon attention avant ce jour. Dès que je l’ai vu, j’ai été transporté dans la cuisine de mes grands-parents maternels à la fin des années 70. Ayant perdu mon père très jeune et étant donné que ma mère devait gagner sa vie, j’ai passé beaucoup de mes week-ends et de mes vacances d’été de ma jeunesse, ainsi que la plupart de mes dîners de l’époque scolaire dans cette modeste chaumière. Mon grand-père m’avait fait découvrir le bon goût de cette substance sucrée, bien étalée sur des « toasts », et c’était devenu partie intégrante de notre rituel du dimanche matin. L’odeur de la barbe fraîchement coupée de mon grand-père me revient en mémoire et me rappelle les nombreuses parties de cartes disputées avec ma grand-mère pendant que celui-ci s’exécutait. Venait ensuite la lutte à la télévision où les Édouard Carpentier, Dino Bravo et autres frères Rougeau se frottaient aux méchants Pat Patterson, Sailor White et Abdullah The Butcher. « À la semaine prochaine, si Dieu le veut » déclarait M. Carpentier à la fin de l’émission, et j’espérais tellement que Dieu le veuille, car ces petits moments étaient tellement agréables!

Toutes ces images du passé me rappellent également l’atmosphère dans laquelle j’ai baigné dans mon enfance et la ligne de vie et les valeurs qui m’ont été enseignées. La simplicité et la bonté régnaient dans cette demeure. Au cours de ma vie, j’ai tenté du mieux que j’ai pu de m’inspirer du calme et de la patience légendaire de mon grand-père, solide comme le roc, et de la tendresse et de l’altruisme de ma si frêle et douce grand-mère. Et je vais faire de mon mieux pour le retransmettre à mon tour à mes enfants, comme eux l’ont si bien fait avec les leurs. C’était une belle époque, où rien n’était grave, où prendre le temps de vivre était loi. Une époque pas si lointaine où un rien, une simple balle, un bâton, un insecte, notre créativité et notre imagination nous occupaient pendant des heures, dehors, jusqu’à ce que les camions de «Joe» Picard et «Kitou» Landry interrompent nos parties pour livrer du pain encore chaud et nous signifier que c’était l’heure d’aller manger. Ah oui c’était une belle époque !!! J’ai finalement pris ce pot et je l’ai déposé dans mon panier. Devinez qu’est-ce que nous avons mangé mes fils et moi dimanche matin ?