Un Restaurant au cœur de l’enfer

« J’ai dit aux gars, il va falloir arrêter le feu, sinon votre nourriture va goûter le brûlé ce soir » raconte le gérant du restaurant Kwatuor, Reynald Francoeur, qui n’a jamais fermé ses portes, même au moment le plus critique de l’incendie de forêt.

Après avoir lutté toute la journée contre le feu, les pompiers de la réserve et de la SOPFEU se retrouvaient dans le nouveau restaurant de Wemotaci. Au pire, les flammes se sont approchées à 900 mètres de l’établissement. Pourtant, les cuisiniers ne pensaient qu’à une chose, faire de la bonne nourriture et un havre accueillant pour renforcer les héros qui devaient repartir au combat aussitôt le repas terminé.

L’argent se fait attendre

Comme plusieurs qui ont donné de leur temps, les propriétaires attendent toujours d’être payées pour les services de restauration. « J’ai aucune crainte qu’on va être remboursé, même le bureau du ministre s’est fait rassurant. C’est une question de régler des détails, mais admettons qu’il ne faut pas être pressé de recevoir l’argent, a déclaré le gérant à L’Écho. »

Un projet n’attend pas l’autre

Les derniers arbres viennent à peine d’être noirci à proximité du restaurant Kwatuor que celui-ci passe déjà à un nouveau projet; établir un comptoir santé pour les Atikamekws. « Ce n’est pas seulement un problème sur la réserve, c’est un problème partout au Québec, on veut s’attaquer à l’obésité. Dès mardi le 22 juin, les gens vont pouvoir venir chercher une assiette santé pleine de légumineuses. » Pour ce faire, Kwatuor compte sur les services d’une nutritionniste, Isabelle Greffard, qui va aider à la confection des repas.

Un long livre d’histoire après 6 mois.

Si le restaurant a ouvert ses portes seulement en janvier 2010, les propriétaires ont déjà plusieurs histoires à raconter. Il faut dire que le projet est en branle depuis 10 ans et les étapes ont été nombreuses et complexes avant l’ouverture officielle. « Ceux qui disent que c’est facile d’avoir du financement quand tu es autochtone… a laissé échappé M. Francoeur avant de rire à gorge déployée, un rire sarcastique. » Le gérant ne figure pas sur la liste des propriétaires, mais sa conjointe, Diane fait partie du groupe exclusivement féminin des quatre propriétaires autochtones, d’où le nom Kwatuor. « Enfin des femmes qui prennent le contrôle, aurait déclaré la ministre Julie Boulet aux sœurs Chilton, tenancières du restaurant. » Après six mois d’existence, le restaurant a créé 22 emplois, ouvert 42 chambres pour les travailleurs, survécu à un incendie de forêt, accueilli des ministres et dignitaires et instaure maintenant un comptoir santé.