Un message d’espoir et de guérison

CANCER. Difficile de ralentir une fille comme Christine Jean. Mais en 2006 alors qu’elle peine à se relever d’une infection au streptocoque à la gorge, le diagnostic tombe: cancer colorectal. “Ce fut le black-out total. J’étais dans un autre monde. Une chance que mon conjoint était avec moi sinon je n’aurais rien su de ce que le médecin m’avait dit”, se souvient-elle. «J’ai planté d’aplomb», laisse-t-elle tomber. À l’âge de 33 ans, il est plus que rare de recevoir ce diagnostic. C’est une forme de cancer que l’on retrouve surtout chez les personnes âgées. «L’oncologue à Trois-Rivières a décidé de regarder du côté des antécédents familiaux.

Depuis trois générations, ils sont tous morts du cancer!», déclare Christine Jean. «Chez nous, nous sommes trois filles et nous avons toutes eu un diagnostic de cancer».

C’est donc dire que cette maladie fait, depuis belle lurette, partie de son quotidien, de leur quotidien. Le paternel est décédé du cancer du poumon. «Ça fait peur, ça fait pleurer c’est bien évident, mais cela a réveillé une partie de ma personne. Ç’a modifié ma personnalité.

J’étais prompte, maintenant je suis plus coulante», estime-t-elle.

C’est que se battre contre le cancer ne peut que modifier certaines choses. «Ma vision n’est plus pareille. J’ai moins peur du ridicule, j’ai appris à rire de moi-même. Je n’ai plus de temps à perdre avec des détails et je me permets de pleurer, mais aussi de rire et de faire des petites folies», précise-t-elle dans un grand sourire. «Il y a des valeurs que j’ai remises en place comme le partage. J’ai fait un ménage, j’ai pris conscience de plusieurs trucs dans ce que j’appelle ce bout de vie. Je préfère ça que de dire cette épreuve!».

Même si elles viennent d’une famille tricotée serrée, les trois sœurs Jean se sont encore plus rapprochées l’une de l’autre. Sans sa famille, Christine estime qu’il aurait été très difficile de passer au travers. «Mes enfants ont été au courant tout de suite même s’il étaient plus jeunes à l’époque. Nous ne leur avons rien caché, nous avons expliqué pour réduire leur anxiété», ajoute-t-elle.

Il est reconnu que l’entourage est un facteur important de la guérison. La famille de Christine l’a soutenu et bien entouré. «Après mon opération, j’ai été plusieurs jours à demi inconsciente. Je me réveillais de temps en temps et je voyais ma soeur qui était assise auprès de mon lit. Je ne me sentais pas seule. Je me sentais plus en sécurité. Je me rendormais»

Sa sœur Manon qui est famille d’accueil, a reçu un diagnostic de cancer de l’endomètre. Avec six enfants en bas âge à la maison la tâche était énorme. «On s’est mobilisé pour qu’elle garde les enfants. Elle nous a dit que ça lui rappelait quotidiennement pourquoi elle se battait», explique-t-elle. Quant à sa sœur Sonia qui a reçu un diagnostic de cancer du sein, la lutte se poursuit.

«Chacune de nous a vécu cela à sa façon. Par contre, lorsqu’on a senti que l’une ou l’autre d’entre nous baissait les bras, on la brassait un peu. On connait les étapes à franchir même si nous n’avions pas toutes les mêmes réactions à la chimiothérapie.

Pour ma part, j’ai eu tous les effets secondaires annoncés

sauf la perte de poids», confie-t-elle en éclatant de rire.

Les oncologues parlent du syndrome de Lynch, un lien entre les cancers dans une même famille. «On nous demande d’embarquer dans un protocole de recherche pour analyser justement ce syndrome. Notre quatrième génération va bien pour le moment, mais on y réfléchit sérieusement. On pense à nos enfants», avoue celle qui depuis octobre 2012 a dépassé le fatidique cinq ans de rémission. «Je n’ai plus d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ça m’a fait WOW. Aujourd’hui à 42 ans, je vis autre chose. Je savoure la vie. Je suis la preuve qu’on peut passer au travers. Gardez espoir» conclut celle qui est présidente d’honneur du Relais pour la vie de La Tuque pour 2014.