Un commerçant «allumé»

Avec la technologie d’aujourd’hui, il est facile pour les fraudeurs de passer à l’action. Mais cette même technologie peut donner de l’information aux commerçants afin d’éviter une importante perte financière. C’est le cas de Daniel Boisvert, propriétaire de Service de pneus La Tuque, qui a été assez vigilant pour éviter une fraude d’environ 30 000$.

«Le 29 octobre dernier, une personne appelle au commerce pour acheter huit pneus pour des chargeuses sur roues, raconte M. Boisvert. Il me disait qu’il enverrait son livreur le vendredi 2 novembre, et qu’il allait payer par carte de crédit lors de la livraison. Il disait travailler pour Déneigement François Martel, et qu’il était sous-traitant pour une entreprise de La Tuque. Il m’a donné une adresse de facturation et un numéro de téléphone. Au cours de la semaine, j’ai tenté d’appeler au numéro, mais il n’y avait jamais de réponse. Le jeudi 1er novembre, il m’a rappelé, en me disant qu’il était impossible de le rejoindre comme il était dans le bois.»

C’est toutefois le vendredi que le commerçant a commencé à avoir des doutes. «Le vendredi matin, le numéro de carte de crédit qu’il m’a donné ne fonctionnait pas. Il m’a donné un autre numéro de carte, qui n’était pas pareil. Une première transaction de 17 000$ a été approuvée. Mais j’ai dû appeler à une compagnie pour faire débloquer la carte. La personne au bout du fil me disait qu’il était l’associé. Une autre transaction de 10 900$ a été approuvée. Mais c’est lorsque j’ai vu le nom bizarre sur la 2e carte de crédit que j’ai commencé à douter. Pour la 3e transaction avec une 3e carte, j’ai vérifié à l’avance le numéro sur le Web, et elle était bloquée. Il m’a alors dit de donner sept pneus au livreur, et qu’il me paierait la différence par chèque certifié. En vérifiant l’adresse de facturation qui était au domaine Morency, j’ai appelé la personne qui demeure à cet endroit pour lui demander si elle connaissait cette «supposée» compagnie. Bien sûr, la personne m’a dit non, et j’ai immédiatement appelé la Sûreté du Québec (SQ).»

Les policiers ont mis peu de temps avant d’arriver sur les lieux, et de procéder à l’arrestation de la personne à la livraison. Frédéric Berne, de Montréal, a comparu au cours de cette même journée du vendredi 2 novembre. Il a été accusé de tentative de fraude, d’entrave à la justice, de supposition de personne, de bris d’engagement, et de bris de probation. Il est demeuré détenu jusqu’à son enquête sur remise en liberté qui a eu lieu le mercredi 7 novembre. Il a été libéré avec des conditions sévères.

«M. Boisvert a été rapide, affirme Isabelle Morissette, de la SQ de La Tuque. Il y avait de grosses anomalies concernant la manière dont les transactions ont été faites. À notre arrivée, le camion cube était devant le commerce et il a été facile d’arrêter l’individu.»

Message de prévention

En 14 ans, le propriétaire n’avait jamais vu une tentative de fraude aussi importante à son commerce. «C’est peu commun à La Tuque, ajoute-t-il. Je suis fier d’avoir été allumé, sinon je perdais 30 000$ net. Lorsqu’on prend un numéro de carte de crédit par téléphone, c’est le commerce qui est responsable de payer les frais de transaction si elle est refusée. Je conseille aux gens de bien vérifier le nom et le numéro de carte avant de terminer la transaction. C’est plus facile aujourd’hui avec le Web. Prenez le plus de renseignements possible et le plus de détails, ce que je n’ai pas fait au départ. En partant, j’aurais dû vérifier la compagnie Déneigement François Martel. Mais il faut dire que ça peut être alléchant de faire une vente de 30 000$, et on se laisse emporter parfois. En plus, c’est un gros réseau de fraudeurs selon la SQ. Ces gens en profitent pour nous contacter pendant une période très occupée en sachant que nous avons moins de temps pour faire des vérifications. Je vais être encore plus alerte c’est certain!»