Présentation du projet Manouane Sipi

Le conseil municipal de La Tuque présentait jeudi les grandes lignes de l’étude de faisabilité concernant le projet d’une mini centrale hydroélectrique Manouane Sipi, un projet conjoint entre la Ville de La Tuque et la communauté atikamekw de Wemotaci. Pour la municipalité, il est clair que le projet est rentable même s’il passe de 80 à 95 M$.

«Le projet passe de 80 à 95 M$, mais la contribution de Ville de La Tuque et du Conseil Atikamekw de Wemotaci demeure à 8 M$ chacun comme prévu. C’est la Société en commandite qui est le maître d’œuvre du projet et c’est elle qui financera les 15 M$ supplémentaires nécessaires à la construction d’une galerie souterraine au lieu d’un canal en surface. L’étude de faisabilité prouve que le projet est rentable malgré ce changement. Je suis très heureux que le conseil appuie la Société en commandite dans son choix de construire une galerie souterraine même si ça veut dire légèrement moins de profits pour la municipalité. C’est important pour nous de respecter l’environnement, les villégiateurs et les familles atikamekws qui fréquentent ce territoire», souligne le maire Normand Beaudoin.

Le directeur général, Marco Lethiecq, a expliqué plus en détails les coûts reliés au projet.

L’étude de faisabilité démontre que ce projet va générer des dividendes de 106 M$ pour Ville de La Tuque au cours des 40 premières années de production de la centrale. Le Conseil des Atikamekws de Wemotaci en recevra tout autant. Le règlement d’emprunt de 8 M$, adopté par la municipalité au printemps 2012 pour financer le projet sera remboursé sur 20 ans.

«C’est très simple à comprendre : Ville de La Tuque va recevoir 106 M$ en 40 ans. Si on enlève les 8 M$ d’investissements au départ et les 3,8 M$ d’intérêts à payer sur le 8 M$, il nous reste encore 94,2 M$ de profits. Avec cet argent, nous pourrons, par exemple, rembourser la dette actuelle de la ville, car je sais que les citoyens souhaitent qu’on trouve des moyens de la réduire et même de l’éliminer. Ce projet nous donne une indépendance financière que peu de villes ont la chance d’avoir au Québec», ajoute le maire Beaudoin.

Le technique

La petite centrale hydroélectrique Manouane Sipi produira 102 GWh d’électricité grâce à deux groupes turbine-alternateur de 20 mégawatts (MW). En comparaison, la plus petite centrale hydroélectrique en Haute-Mauricie est la centrale chute-Allard, avec une puissance de 62 MW. Manouane Sipi est considérée comme une petite centrale avec une capacité de fournir de l’électricité à l’équivalent de 5000 résidences.

Toute l’électricité produite par la centrale sera vendue à Hydro-Québec grâce à un réseau de transport qui la reliera au poste de distribution de Chute-Allard. Le projet inclut la construction d’une ligne de transport de 120 kilovolts sur portiques de bois d’une longueur de 38 km.

Contrairement à plusieurs autres projets semblables au Québec, Manouane Sipi ne nécessite pas la construction d’un barrage, puisqu’Hydro-Québec possède déjà un barrage sur cette rivière : le barrage Manouane B construit en 1954. La construction de la centrale ne causera aucun ennoiement. L’eau sera déviée vers la centrale par une galerie d’amenée souterraine en forme de «D» renversée d’une longueur de 3 km.

L’étude de faisabilité du projet a démontré qu’en modifiant la gestion des eaux du réservoir Manouane en hiver par rapport à ce qui se fait présentement, il est possible d’alimenter la petite centrale hydroélectrique 12 mois par année. De plus, cette modification de la gestion des eaux du réservoir en hiver favorisera le fait que l’eau pourra aussi être turbinée par toutes les centrales d’Hydro-Québec situées sur la rivière Saint-Maurice sur une plus longue période, ce qui est un autre avantage lié au projet. Un débit d’eau sera réservé sur la rivière Manouane en tout temps pour que le projet respecte l’environnement et les utilisateurs du plan d’eau.

Les retombées économiques du projet pendant la construction sont évaluées à 40 M$ avec la création de 125 emplois en période de pointe. Le projet devra être soumis à l’approbation des membres de la communauté atikamekw de Wemotaci. Si le projet est accepté par la communauté, il devra ensuite faire l’objet d’audiences publiques du BAPE. Si tout se déroule bien, la petite centrale Manouane Sipi produira ses premiers MW en 2015.