Pensionnat : un besoin de reconnaissance!

Depuis la signature de « l’entente«  en 2007, entre le gouvernement du Canada, les communautés religieuses et les autochtones, la récréation est commencée. Chers amis amérindiens, vous signalez ceux qui vous ont agressés et blessés.

Oui, j’en conviens, il faut dénoncer ces personnes qui malheureusement n’ont pas été à la hauteur de l’importante mission qui leur fut confiée. Cependant, il y a parmi vous, chers amis, des personnes qui n’hésitent pas à dire ou même à inventer des histoires d’agressions dans le but, on le devine bien, de s’approprier un plus gros morceau du magot que le gouvernement du Canada a déposé sur la table au sujet de cette même « entente« . On va jusqu’à désigner comme agresseurs, les personnes qui vous ont aimés pour vrai… les «  AUTRES « .Il faut savoir que ces mêmes personnes, «  les autres « , hommes et femmes, sont nombreuses. C’est même la très grande majorité… «  les autres« !

Il faut le dire, ce sont justement ces «  autres «  qui ont fait de vous des gens instruits, capables de s’exprimer et de faire valoir vos idées. Les « autres«  qui ont été fiers de vous dans vos réussites personnelles. Les « autres«  qui vous ont respectés dans ce que vous étiez. Les « autres«  qui vous ont aidés à cheminer et à faire de vous des personnes qualifiées.

Dans mes lectures et dans les médias, je constate que l’on parle seulement des personnes qui ont manqué à leurs devoirs, qui n’ont pas su aimer pour vrai les enfants que vous étiez. On ne parle jamais des « autres« , de ceux et celles qui vous ont aimés pour vrai. Ceux et celles qui ont essayé de vous rendre la vie la plus agréable possible. Ceux et celles qui ont organisé pour vous, toutes sortes d’activités qui vous ont permis de prouver votre capacité de performer dans diverses sphères d’activité.

Le pensionnat amérindien que je connais, celui de « Pointe-Bleue«  (Mashteuiatsh) n’était pas une prison. Toutes les portes étaient libres d’accès. Le téléphone était à la disposition de tous. C’est certain qu’il y avait des règlements à observer. Quand vous avez des centaines d’enfants sous votre responsabilité, il y a des règlements à suivre sinon, c’est le désordre qui s’installe. Il faut convenir que cette nécessité d’imposer certains règlements fut très contraignante pour plusieurs d’entre vous. Souvenez-vous que ce n’est pas les « autres«  qui ont décidé de vous amener au pensionnat, de vous arracher de votre milieu comme vous le dites.

Contrairement à ce qui est raconté et véhiculé dans certains écrits, vous aviez la liberté de parler votre langue maternelle, de rencontrer vos frères ou vos sœurs. La même erreur est véhiculée au sujet des fins de semaines. Ceux et celles dont les parents étaient dans le même milieu que le pensionnat, pouvaient alors se rendre chez eux toutes les fins de semaines. Souvenez-vous de vos rencontres entre garçons et filles après la projection du film du dimanche soir… Je suis très peinée de tout ce qui se dit, de faussetés et des abominables histoires inventées sur le dos des « autres« . Une petite note de reconnaissance pour les « autres« , je vous l’avoue sincèrement, ça ferait du bien!

En passant, nous n’avons pas besoin de retourner dans le temps, nous avons bercé tendrement nos petites.

Ézélia Laforest

Ex- employée du pensionnat indien de Pointe-Bleue (Mashteuiatsh) Lévis