Mode, minceur et bonne bouffe: c’est possible

On le sait, les femmes et les jeunes adolescentes sont sensibles à l’image du corps que projettent les designers de mode dans leur création. Des corps minces, presque squelettiques, paradent dans les défilés et l’on déplore les troubles alimentaires liés au métier de mannequin. La Latuquoise Laurence Gauvin a tout le loisir d’analyser cette problématique, elle qui est diplômée en nutrition et qui exerce le métier de mannequin.

Consciente que les jeunes femmes vivent souvent une insatisfaction face à leur corps et que l’anorexie est un trouble de comportement alimentaire de plus en plus répandu chez les adolescentes, Laurence Gauvin estime qu’il faut que les choses changent. «L’image corporelle dans notre société est très importante et la minceur est fortement valorisée. Avec l’intimidation qu’on décrie de plus en plus dans les écoles, les jeunes filles rondelettes sont stigmatisées rapidement. Il faut absolument que ça cesse», estimait la chercheuse.

Chez les mannequins, il est fréquent de voir des femmes minces à l’extrême s’astreindre à un régime draconien. «Comme je suis moi-même mannequin, je suis à même de le constater. Je leur explique toutefois qu’on peut avoir une saine alimentation tout en restant mince», précisait-elle. «En Europe, le problème est toutefois plus criant et malheureusement, l’adoption d’une charte n’a pas eu beaucoup d’impact. Les designers ont une vision et ils ne veulent pas la changer. Ils créent des modèles qui nécessitent une minceur presque squelettique».

Au Québec, grâce à l’Institut Nationale de santé publique du Québec (INSPQ), une Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée a été adoptée. «L’idéal de minceur est tellement grand qu’il faut intervenir. Il faut donner des conférences sur la nutrition aux jeunes mannequins. L’Agence de mannequins Specs pour qui je travaille, prône la Charte», tenait à préciser Mme Gauvin.

Être mannequin lors du Festival de mode et design de Montréal, qui est le plus grand événement mode extérieur en Amérique, participer à la semaine de mode de Montréal tout en terminant une maîtrise en travail dirigé en alimentation: voilà à quoi ressemble l’emploi du temps de Laurence.

Elle mène trois projets de front : mannequinat à temps partiel, clinicienne privée en alimentation chez Nautilus et chercheuse à l’Université de Montréal au sein d’Extenso. Elle participe à une étude sur les «Pratiques et offres alimentaires dans les milieux de garde francophones canadiens». «J’ai fait une analyse qualitative d’entrevues réalisées surtout dans les milieux défavorisés» nous mentionnait Mme Gauvin.

À travers toute cette effervescence, Laurence trouve du temps pour revenir à La Tuque. «J’ai un attachement particulier pour ma ville et j’y retourne voir ma famille aussi souvent que je le peux» concluait-elle.