Mais " où est Charlie " Ignatieff?

On se le demandait tout l’été. Où était Michael ignatieff ? Quelque part au Canada? Oui! Mais où? Bien assis dans son bureau, en train d’écrire un autre livre politique?

Le leader Libéral était difficile à trouver. Il a réapparu enfin à Ottawa cette semaine à des funérailles mercredi matin. D’autres l’avaient vu à Vancouver quelques jours auparavant. Mais ses visites n’ont pas fait grand bruit. Pour un gars qui voulait débarquer Stephen Harper le plus vite possible il y a à peine un mois, Ignatieff ne semblait pas trop pressé d’occuper la place publique.

Ignatieff est un intellectuel, une sommité, un écrivain politique respecté autant en Amérique qu’en Europe – un homme de lettres de la trempe de Pierre Trudeau. Mais Trudeau était habile en politique.

Les Conservateurs ont préparé des pubs négatives pour se moquer des tergiversations bien connues d’Ignatieff.

Ils se moqueront encore de son intellectualisme. Car c’est seulement au Canada que l’intelligence passe pour un défaut chez nos politiciens. Vaut mieux un Premier ministre qui joue au golf trois fois par semaine qu’un Premier ministre qui a 17 livres à son crédit.

Ignatieff réfléchit. Il pèse et soupèse chaque décision. C’est son problème. On l’a vu au mois de juin. Tout le bruit qu’il a fait sur l’assurance emplois pour en fin de compte tout laisser tomber.

Il n’était pas prêt à aller en élections. Quelle maladresse politique!

On ne bluffe pas Stephen Harper quand on a qu’une paire de deux dans les mains. C’est un bien mauvais calcul.

Harper n’est peut-être pas un intellectuel mais c’est un politicien hors-pair. Il a vu venir le penseur/adversaire de loin et l’a déjoué facilement.

Ignatieff s’est défendu en disant qu’il voulait éviter des élections parce que c’était le plein milieu de l’été.

Nous prend-il pour des sacoches?

C’était plutôt parce sa politique d’accessibilité à l’assurance emploi n’a pas eu l’effet escompté.

Les Conservateurs et les Libéraux sont nez à nez dans le dernier sondage Angus Reid de cette semaine. C’est parce que sur la question de l’heure, l’économie, la majorité des Canadiens ne croit pas qu’Ignatieff soit beaucoup mieux que Harper.

Les Libéraux sont à 34% et les Conservateurs à 33% avec une marge d’erreur de 2%. C’était l’inverse la semaine dernière. Blanc bonnet, bonnet blanc!

Maintenant, c’est Harper qui joue avec nous. Il nous dit qu’il ne faut pas des élections à l’automne parce que la récession n’est pas finie et cela pourrait déstabiliser le pays.

Mais pourtant, juste la semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, nommé par Harper, nous disait que la récession était belle et bien finie.

Ne se parlent-ils pas?

Récession finie? Quelle sottise! Demandez le aux 1 548 400 chômeurs canadiens, à 9,2%, le pire en 12 ans. Et dire que seulement 778, 700 d’entre eux ont droit à des prestations d’assurance emplois même s’ils ont tous contribué. Les politiciens ont le culot d’appeler ça de «l’assurance. »

Le 28 septembre prochain, Ignatieff aura une autre chance de forcer un vote de confiance à la Chambre des communes pour défaire le gouvernement. Jouera-t-il le même vieux jeu?

Harper est prêt aux élections, avec sa grosse caisse électorale, ses pubs négatives, tous ses organisateurs en place, ses candidats bien choisis. Il attend seulement qu’Ignatieff décide de tenter sa chance.

Et si cette fois Harper rate une fois de plus sa majorité, il aura le record du Premier ministre le plus souvent élu minoritaire dans l’histoire du Canada.

Et si Ignatieff gagne, il sera le premier vrai intellectuel en charge du pays depuis Pierre Elliott Trudeau. En tant que premier ministre, il sera obliger de prendre des décisions tous les jours. Se cachera-t-il?