L’avenir de St-Zéphirin menacé

Le Conseil de Fabrique de la paroisse Saint-Martin-de-Tours convoque une assemblée spéciale des paroissiens les 20 mars à 14 h et 21 mars à 19 h à l’église Marie-Médiatrice. Face à un déficit annuel récurrent de 50 000 $ représentant 10 % du budget, les marguillers présenteront différentes options aux paroissiens.

Depuis 2005, la CVA diminue. De 195 000 $ la première année, elle représente maintenant moins de 140 000 $ de revenus. Il en coûte bon an mal an 500 000 $. Ils sont donc devant un dilemme de taille: continuer à cumuler les déficits année après année et tenir la paroisse à bout de volonté bénévole ou prendre des décisions drastiques visant à corriger la situation. « Il faudra bien un jour prendre une décision et cette décision nous ne pouvons pas la prendre seuls. Les paroissiens, mais aussi les citoyens sont concernés », mentionnait d’entrée de jeu Gaston Provencher, président de la Fabrique. « L’église St-Zéphirin est un édifice du patrimoine de notre ville, pas seulement pour les catholiques » ajoutait-il.

D’ailleurs, la Fabrique a invité les élus de Ville La Tuque à se présenter à cette rencontre. Il faudrait une conscientisation des élus. Il faudra regarder différents scénarios. Est-ce qu’on travaille pour faire monter la Contribution volontaire autonome (CVA) qui baisse chaque année? Doit-on fermer St-Zéphirin ou la vendre? Lui trouver une autre vocation?», questionnait le président.

Pour Réal Tremblay qui siège au conseil de la fabrique depuis 17 ans, on ne peut plus reculer. Le problème s’amplifiera si on ne fait rien. Et c’est sans parler des réparations à faire: 500 000 $ pour la réfection du toit, du perron avant et de l’orgue. « Nos réunions sont devenues difficiles. On ne peut plus porter cela seuls. Il ne faudrait pas attendre que tout le monde démissionne », estimait-il. La Fabrique travaille fort pour obtenir une cote C dans la reconnaissance patrimoniale, ce qui permettrait de recevoir une subvention de 70 % des coûts de réparation. Par contre, ça ne règlerait pas le problème du paiement des frais de base annuel.

« D’ici 10 ans, l’Église catholique ne sera plus capable de payer pour une église comme St-Zéphirin. C’est tout de même du patrimoine », admettait Marc Lahaie, prêtre modérateur de la paroisse. « Les temps ont changé. Ce sont les personnes âgées qui paient leur CVA. Il faut que ça dépasse les têtes blanches, c’est une responsabilité plus large », constatait-il. « Administrativement parlant, gérer la décroissance, c’est de la folie ».

Déjà, en 2009, une campagne spéciale avait été mise sur pied pour la même raison. Aujourd’hui les déficits ont doublé. « Les défis sont les mêmes, mais le conseil de Fabrique veut aborder le problème avec une vision à plus long terme. Cette vision à long terme modifiera probablement la vie des paroissiens», avisait M. Provencher.

Tout comme il y a de moins en moins de gens qui participent aux célébrations, il y a de moins en moins de gens qui participent au financement de l’entretien des bâtiments. « Par contre, nous devons assurer les mêmes services pastoraux à la population », affirmait Marc Lahaie. La Fabrique est toujours confrontée entre les coûts de ces services et ceux des bâtiments qui ne font qu’augmenter. « Le moment est venu de faire le choix déchirant de l’avenir des bâtiments de façon à ce que la mission de l’Église Catholique puisse continuer son œuvre », estimait M. Provencher.

Anne Tétreault du Conseil de Fabrique, estime que les jeunes devraient prendre conscience de l’importance patrimoniale d’un tel édifice. «Ceux de ma génération n’en sont peut-être pas conscients. Ils sont croyants, mais ils ne sont pas pratiquants», croyait-elle.

Gaston Provencher imageait la situation. «C’est comme la grosse maison familiale qu’on doit quitter pour aller en résidence parce qu’on ne peut plus l’entretenir», concluait-il

On se souviendra que le conseil de Fabrique avait mis l’Église Marie-Médiatrice en vente. Malgré certaines visites, aucune offre sérieuse n’a été faite à ce jour.