L’Abbé Claude Lapointe quitte La Tuque après 27 ans

Après plus d’un quart de siècle à La Tuque, l’Abbé Claude Lapointe s’en va œuvrer pour la paroisse Sainte-Marie-Madeleine du Cap-de-la-Madeleine. Il avait présidé, en 2000, au regroupement des six paroisses de La Tuque en une seule (la paroisse Saint-Martin-de-Tours) ; c’est précisément de cette expérience dont il fera profiter les Madelinois en supervisant là-bas un regroupement similaire. Il répond ainsi à une demande de l’évêque du diocèse de Trois-Rivières, Monseigneur Luc Bouchard. Il faut dire qu’à 58 ans, l’Abbé Lapointe est encore loin de l’âge de la retraite (fixé à 75 ans chez les prêtres).

Claude Lapointe était au service des paroissiens latuquois depuis 1985. Une telle longévité au sein d’une même paroisse est peu commune dans l’Église. Les prêtres ont des mandats de trois ans, et il est rare qu’un prêtre reste plus de 12 ans dans une même paroisse. Dans ce contexte, 27 ans, c’est beaucoup.

« J’ai été très attaché au milieu» explique Claude Lapointe. « On a écrit ensemble un bout d’histoire. C’est un deuil, c’est sûr. Mais c’est bon, dans un milieu, qu’il y ait un renouvellement. Donc, il y a un élément de tristesse, mais c’est aussi quelque chose de le fun. »

Claude Lapointe officiera pour une dernière fois à La Tuque dimanche, le 25 novembre à l’église Marie-Médiatrice, là où tout avait commencé pour lui.

Son remplaçant à la tête de la paroisse Saint-Martin-de-Tours, Marc Lahaie, est originaire du Cap-de-la-Madeleine. À 46 ans, c’est un jeune abbé : la moyenne d’âge des prêtres du diocèse de Trois-Rivières est de 76 ans. Il revient au Québec après une mission de 3 ans au Brésil, en plein cœur de l’Amazonie.

Une Église à repenser

L’Abbé Lapointe et son successeur ont des vues parfaitement convergentes quant au rôle de l’Église dans la communauté. Ils placent tous les deux le rapport à l’autre au cœur de leur action.

« Les gens pensent que comme prêtres, on fait juste célébrer des messes » explique Marc Lahaie. « Ce n’est pas ça du tout. Les messes, c’est environ 5% de mon temps. Comme prêtres, on fait dix mille affaires. On accompagne les gens dans des moments de joie, dans des moments de tristesse. On est des courroies entre les gens. C’est un travail extraordinaire parce que concrètement, on est toujours au niveau humain. » Claude Lapointe acquiesce. « On investit dans la relation avec les gens», dit-il.

Surtout, les deux hommes plaident en faveur d’une religion qui sort des Églises et consent à redéfinir son rapport au monde. « On n’est plus dans la Chrétienté, on n’est plus dans l’ère de la Chrétienté » affirme Claude Lapointe. « Il faut revoir notre mode de présence au monde. On ne peut pas vivre le message du Christ en dehors du monde. »

Cette réflexion est d’autant plus urgente que l’Église « matérielle » vit de profonds bouleversements : contraction des budgets et du personnel, disparition de certains lieux de culte, rareté des prêtres disponibles… À l’aube de son départ, l’Abbé Lapointe cache mal une certaine inquiétude quant à la façon dont les fidèles plus âgés vivent ces changements. « Nous autres, on est les gens de la transition. Qu’est-ce qui va arriver avec les immeubles, avec les gens qui travaillent avec nous? On rentre dans l’inconnu, et on doit gérer ça. »

Marc Lahaie, lui, entend mettre en pratique cette politique de rapprochement entre l’Église et le vrai monde. « Je ne passerai pas beaucoup de temps dans le presbytère. On va me voir. On va me voir au Stratos, à l’aréna, à la Maison des jeunes. Et pas juste à La Tuque. » Grand amateur de plein air, il est sûr de se plaire en Haute-Mauricie.