La Tuque, port d’attache de Philippe Sly

MUSIQUE. Le chanteur lyrique Philippe Sly prête sa voix à de grandes scènes en Europe et aux États-Unis, jusqu’en Asie même parfois. Dans cette carrière ponctuée au rythme des valises, c’est à La Tuque, d’où il tient ses souvenirs d’enfance, qu’il trouve son équilibre.

«Mon chez-moi c’est à La Tuque. Tout mon héritage culturel vient de là. Ma famille, mes grands-parents y sont. Je suis d’ailleurs très près d’eux, je suis chanceux de les avoir.»

Né à Ottawa, le baryton-basse a passé tous ses étés à La Tuque, d’où sa mère est native. C’est encore aujourd’hui l’endroit où il retourne entre deux séries de concerts, dans un presbytère complètement rénové près de la rivière: un projet familial.

Philippe Sly chante depuis qu’il est petit, même s’il n’est pas issu d’une famille de musiciens. Il a étudié en musique et en chant à McGill à Montréal avant de se perfectionner avec l’Ensemble Studio de la Canadian Opera Company, puis auprès du Merola Program de l’Opéra de San Francisco. Trois années de suite, il a également pris part au programme pour jeunes artistes du Banff Centre for the Arts.

Philippe Sly a remporté nombre de prix importants, dont le premier prix du Concours musical international de Montréal, le Concours des auditions nationales du Metropolitan Opera, le prix jeune soliste des Radios francophones publiques, ainsi que la bourse d’opéra Brian Law à Ottawa. Il est également boursier de la Fondation Jacqueline Desmarais pour les jeunes chanteurs d’opéra au pays.

Il est aujourd’hui considéré comme l’un des Canadiens les plus prometteurs de sa génération. Son horaire est réglé à la semaine jusqu’en 2020. «Pour continuer à travailler autant que tu veux, il faut bouger. C’est une vie très nomade», explique-t-il. Ça lui plait.

«Pour avoir une carrière d’artiste, il faut respirer la musique, avoir besoin de ça pour s’épanouir.» Sinon, tous ces voyages et toute cette distance avec ses proches n’en vaudraient pas la peine, même si, avec le temps, il s’est créé un réseau international dans le petit milieu de la musique classique. «Je ne peux pas concevoir un autre trajet», assure-t-il, souriant.

Un nouvel album

«Nous avons créé des arrangements pour guitare, plutôt que des enregistrements avec piano», explique Philippe Sly en parlant de son nouvel album lancé cet automne Schubert Sessions: Lieder with Guitar.

L’artiste était d’ailleurs de passage avec son guitariste John Charles Birtton à la microbrasserie La Pécheresse à La Tuque en novembre. Il aime bien chanter dans son coin de pays, où il trouve les gens très ouverts et réceptifs à ce genre de musique. «Si j’avais fait ce concert dans n’importe quelle microbrasserie à Montréal, les gens ne se seraient pas tus. Mais à La Tuque, on n’entendait absolument rien.»

D’ailleurs, il invite les gens à se déplacer davantage pour voir des concerts, plutôt que de simplement écouter les albums. Il y a selon lui quelque chose d’unique dans la représentation éphémère en direct, où le spectateur fait partie du spectacle. «Je veux que plus de gens vivent cette expérience, je le sais parce que pour moi c’est une expérience fondamentale.»

La fierté d’être fidèle à lui-même

Ce ne sont pas les concours gagnés ou le fait d’avoir travaillé pour un opéra en particulier qui le rendent fier lorsqu’il regarde sa feuille de route.

«Je suis fier d’avoir pu rester moi-même avec l’attention, le succès, le changement de répertoire, avec ma voix qui change et qui mature. D’être resté moi-même, mais en même temps d’évoluer, d’avoir trouvé cet équilibre de santé mentale et spirituelle dans ce trajet rempli d’obstacle et de pression, dont celle que je m’impose.»

Son souhait pour l’avenir serait de maintenir sa curiosité artistique tout au long de sa carrière. «Mon rêve c’est de bien chanter et de toujours évoluer là-dedans.» On peut dire sans trop se tromper qu’il est dans la bonne direction.