«J’ai oublié mon handicap» -Mathieu St-Pierre

CANOT. Le canotier Mathieu St-Pierre a pris part à sa première course officielle mercredi soir, alors qu’il a décroché le 13e rang en compagnie du jeune Samuel Frigon. Son exemple de courage et ténacité a marqué l’ensemble des canotiers présents la rivière Saint-Maurice pour cette soirée magique.

Un peu plus de trois mois après son accident de travail qui est passé près de lui coûter la vie, Mathieu St-Pierre a décidé de se retrousser les manches et retenter sa chance en canot, lui qui a perdu l’usage de ses jambes. Mercredi soir, il y a été d’une première course avec son ami Samuel Frigon. «Vous n’avez pas idée comment ça me fait du bien. Je ne pensais pas ressentir cette sensation dans un canot de la prochaine année et même de ma vie. Hier, je me suis senti comme quelqu’un de normal. J’ai oublié mon handicap. Il y a plusieurs choses qui me sont passées dans la tête après mon accident. Lorsque j’avais de la difficulté à me lever de mon lit, je croyais que ça allait être impossible d’embarquer dans un canot. J’y vais une étape à la fois», a-t-il raconté jeudi matin.

Les deux canotiers ont complété l’épreuve en 1h07m16s, terminant devant deux autres canots. «Je me suis découvert des muscles, a lancé St-Pierre à la blague. Nous sommes passés proches de chavirer à quelques reprises, mais nous avons atteint notre but de faire la course du début à la fin. C’est un parcours exigeant avec de la batture. À un moment donné, j’ai eu de la difficulté à respirer. Avec mes chirurgies, c’est pire. Ça m’aurait peut-être pris plus d’heures».

Chose certaine, le jeune homme compte bien poursuivre son aventure au cours des prochains mois. «Ça me motive encore plus. Je veux trouver des solutions pour me permettre de bien ramer. Hier, notre système avec deux cordes a été fait rapidement. Sur le bord de la rivière, il y avait plus de vagues et c’est arrivé à quelques reprises que mon corps est tombé. Je ne veux pas nuire à la saison des autres gars. Je sais que je pourrai aller ramer avec Julianne lorsque nous serons plus en forme. C’est sûr que je veux aller me chercher pas mal d’heures et faire la Classique de canots s’il y a de quoi. Je me donne un mois et demi avant de voir où j’en suis. Je veux y aller une étape à la fois», a-t-il affirmé.

Un honneur

Le canotier Samuel Frigon a été sur l’eau avec Mathieu St-Pierre en début de semaine, expérience qui a été convaincante. «Lorsque j’ai commencé à ramer, Mathieu m’a pris sous son aile. Les bons canotiers acceptent souvent de faire de petites courses avec toi, mais pas nécessairement celles qui sont plus importantes. Il a toujours cru en moi. J’étais stressé lundi lorsque nous sommes embarqués sur l’eau. Plusieurs choses te passent dans la tête. Tu veux réussir pour lui. Ce n’est pas important d’aller vite ou tout droit», a-t-il lancé.

Lorsque son partenaire lui a dit qu’il voulait faire la course du mercredi, le jeune canotier n’a pas hésité. «Je savais qu’il serait capable de la faire. Ça a été un honneur pour moi de faire sa première course depuis son accident. Si tu m’avais demandé s’il allait être capable de ramer il y a un mois, je t’aurais traité de fou. Certains subissent des accidents comme Math et perdent tout intérêt en la vie. Au lieu de ça, il essaye et même si ça ne fonctionne pas, au moins il pourra dire qu’il a essayé. Est-ce qu’il sera capable de faire la Classique de canots de la Mauricie? Il n’y a que lui pour nous le prouver. Depuis son accident, tout ce qu’il a fait tient pratiquement de l’impossible».

La course a été remportée par Mathieu Pellerin et Guillaume Blais (56m58s), devant Éric Gagnon et Christophe Proulx (59m34s), ainsi que Jérémy Léveillé et Jimmy Pellerin (1h01m59s).