Des jeunes qui renouent avec un vieux métier

On parle souvent du retour à la terre chez la nouvelle génération et d’un regain de popularité pour les vieux métiers. L’art de tanner les peaux d’animaux passionne un jeune couple de La Tuque, Alexis Harvey et Mélissa Lauzon, au point où ils joignent ce service à leur entreprise déjà existante, Maya vêtements.

Depuis quelques semaines, leur nouvelle tannerie a ouvert ses portes à La Tuque. Ils soulignent qu’il s’agirait de la seule entreprise de ce domaine oeuvrant en Mauricie.

En affaire il y a un peu plus d’un an, avec une entreprise qui produit des vêtements faits avec de la fourrure, on peut affirmer que l’entreprise de Mme Lauzon et M. Harvey a le vent… dans les poils. 

Le couple se lance dans un domaine traditionnel, laissé de côté au cours des dernières décennies.

Leur entreprise porte maintenant le nom de Maya tannerie et vêtements.

« C’était dans notre plan d’affaires initial même si on n’en avait pas parlé publiquement», précise Mélissa Lauzon. Le couple voulait prendre le temps d’acheter tous les équipements nécessaires pour l’étape deux de son plan d’affaires.

Ainsi, sans entrer dans les aspects techniques, on sait qu’une baratte, un bain de trempage et différents produits chimiques entrent dans la composition de ce qui est nécessaire pour opérer une tannerie.

Un vieux métier

Alexis Harvey était bien conscient, au moment de l’élaboration de son plan d’affaires, qu’il s’agissait d’un métier traditionnel qu’il allait ramener à La Tuque. Il n’y avait pas vraiment de formation sur mesure pour opérer une tannerie. Il a fallu apprendre sur le tas, par lui-même. Il faut dire que le jeune homme est un passionné de la chasse, du trappage et de tout ce qui entoure la forêt. «C’est nouveau pour moi, mais je me suis toujours intéressé à cela. J’avais quand même une bonne idée de la façon de faire». Il a retiré énormément de conseils de la part de trappeurs.

« Il fallait trouver les bons procédés puisque nous n’utilisons pas vraiment les méthodes ancestrales. Les nouvelles méthodes sont plus performantes», confie Alexis Harvey.

Le couple a vite réalisé qu’on retrouve bon nombre de chasseurs dans la région de La Tuque. Aussi, les coureurs des bois vont retirer beaucoup de leur proximité avec Maya tannerie et vêtements. « Avec notre entreprise, les délais pouvaient atteindre six mois lorsqu’on voulait faire tanner de la fourrure ailleurs», s’étonne Mélissa Lauzon. Selon celle –ci, il sera possible de pouvoir faire le même travail à l’intérieur d’un délai de deux semaines, ce, même si elle est bien consciente de ne pas posséder les mêmes équipements à production industrielle des tanneries des grands centres.

Récupération animale

Ainsi, l’entreprise préconise la récupération animale. Par exemple, lorsqu’on doit occire un orignal pour sa viande, pourquoi ne pas aussi récupérer la fourrure pour en faire quelque chose d’utile ? «On ne veut surtout pas abattre des animaux pour rien», répètent les deux jeunes gens d’affaires.

Les chasseurs pourront donc amener les peaux des animaux abattus et qui sait ? Ils pourront devenir des manteaux, des gants. « Déjà, bon nombre de personnes nous ont approchés pour tanner de la fourrure», poursuit Mélissa Lauzon.

Si des tanneries plus artisanales peuvent exister près d’ici, l’entreprise oeuvrant dans ce domaine située la plus près de La Tuque se trouve à Drummondville, selon Mme Lauzon et M. Harvey.

Tanner ? Avantageux

Une peau qui n’est pas transformée voit sa durée de vie aller jusqu’à deux ans environ. «Quand c’est tanné, c’est bon pour toute la vie», croient-ils.

De plus, la valeur d’une fourrure qui est tannée augmentera de façon considérable.

«Éventuellement, on va en venir à offrir la taxidermie», envisage également M. Harvey. L’entreprise souhaite élargir son marché à la grandeur du Québec. Avec l’équipement de Maya vêtements et tannerie, on pense être techniquement en mesure de pouvoir tanner entre 200 et 300 morceaux dans une période de deux semaines.

«Des trappeurs expérimentés nous disent que nous produisons une qualité égale aux tanneries plus grandes que la nôtre», conclut Mélissa Lauzon.