De la collaboration internationale pour faire une différence

Quant elle a décidé, avec son amie Myriam Trudel de partir vers le Kenya en voyage humanitaire, Rose Crevier Dagenais savait qu’elle rencontrerait la pauvreté. Mais elle ne s’attendait pas à rencontrer autant de solidarité ni autant de dons de soi.

C’est à l’automne 2012 que les deux étudiantes au programme Soins préhospitalier d’urgence au Cegep de Ste-Foy ont entamé le processus qui les mèneraient vers leur rêve: faire un voyage humanitaire dans un contexte médical. Elles ont donc contacté l’organisation non gouvernementale (ONG) International Volunteer HQ qui œuvre dans une vingtaine de pays.

Avant de quitter le Canada, les deux jeunes filles ont contacté plusieurs organisations pour solliciter leurs dons en argent ou en matériel. La Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec, la Banque des techniciens ambulanciers du Québec et Dessercom entre autres, ont donné du matériel médical indispensable.

«Nous voulions travailler dans le milieu de la santé. Nous avons assisté le personnel d’un orphelinat, travaillé avec des ambulanciers et secondé l’équipe d’obstétrique du Kayola Hospital à Nairobi», explique Rose qui a elle-même accouché deux dames. Malheureusement, le premier accouchement s’est compliqué, l’enfant étant mort-né. Le second porte désormais le nom de Mattis, la mère de l’enfant ayant demandé à Rose de lui choisir un nom.

«Les gens doivent payer pour accoucher. «Myriam et moi nous avons dû dépenser une centaine de dollars chacune pour payer des accouchements à des femmes qui ne pouvaient pas se le payer», raconte Rose. «Il y a un manque de ressource criant. Le personnel infirmier, les médecins sont compétents, mais il manque de matériel», estime-t-elle.

Baby blessing Orphanage

Les deux jeunes filles ont donné aussi beaucoup de temps à l’orphelinat de l’endroit. «Les enfants sont abandonnées parce que les parents ne peuvent les nourrir», souligne Rose. Il faut dire que le pays est instable à cause de la crise économique en 2007. «Malgré le climat de dangerosité, les gens sont tout de même débrouillards. Ils se soutiennent entre eux. Ces enfants sont bien souvent nourris avec de la nourriture et des denrées périmées. Les transporteurs qui ont de ces marchandises les donnent aux orphelinats. «C’est la communauté qui prend soin des enfants abandonnés. À Baby blessing orphanage, on retrouve cinq bébés par berceau», explique-t-elle.

«C’est à l’orphelinat où j’ai été le plus traumatisée. Après trois semaines, nous avions donné tout ce que nous avions apporté et il restait tant de choses à faire pour aider. J’avoue qu’à ce moment, j’ai été découragée. On voyait bien que ce n’était pas assez. On ne peut pas sauver tout le monde», laissait-elle tomber songeuse. Un soir, j’ai appelé mes parents en pleurs. J’étais découragée de ne pouvoir faire plus. Le lendemain, je suis arrivée à l’orphelinat et j’ai vu les enfants contents des chandails et souliers qu’ils avaient reçus. Ils souriaient, ils étaient heureux. Ça m’a frappé de voir qu’ils apprécient bien plus les choses que nous. Ils ont de bonnes valeurs dont on devrait s’inspirer», croit la jeune fille.

Rose Crevier Dagenais dresse tout de même un bilan positif de ce voyage, même si elle y a vu la pauvreté des bidonvilles qui sont installés tout près des quartiers riches et n’en sont séparés que par des arbres. «Nous allions dans le bidonville de Kibera apporter des sacs de farine. Avec un sac de farine, on pouvait nourrir 30 familles. Un jour, j’ai échappé un sac de farine et j’ai vu des enfants se jeter par terre pour lécher le sol», se souvient-elle.

«Ces gens m’impressionnent beaucoup. De les voir continuer malgré la pauvreté m’impressionne. Ils veulent se sortir des difficultés. Ils ne se laissent pas écraser. Ils sont solidaires. Tout se passe en communauté. Je reviens avec une plus grande humanité. J’apprécie vraiment plus ma vie», concluait-elle.

Notons en terminant que les deux complices sont à concocter un projet directement avec la Croix Rouge pour envoyer des étudiants en mission humanitaire à Kibera, à l’orphelinat, en obstétrique et avec les ambulanciers à Nairobi.