Comment se vit l’itinérance dans le Haut-St-Maurice ?

SOCIÉTÉ. C’est un secret de Polichinelle : l’itinérance ne se vit pas La Tuque de la même manière que les grands centres. Mais on en retrouve.

Ce sont davantage des gens qui sont de passage dans la région qui n’ont pas nécessairement de domicile fixe ou habité pendant un temps.

D’ailleurs le travailleur de rue Bruno Laflamme, une des personnes à l’origine de la première Nuit des sans-abri à La Tuque, estime qu’une quarantaine d’interventions de son organisme sont effectuées chaque année en vers des personnes vivant l’itinérance.

Bon nombre de ces personnes squattent  chez des connaissances pendant certaines périodes et n’ont pas d’adresse fixe. Toutefois, quand elles ont fait le tour des connaissances chez qui loger, elles se retrouvent dans un cul-de-sac.

Un phénomène de plus en plus remarqué dans le Haut-St-Maurice, en raison notamment de la consommation de drogue et alcool ainsi que de problématiques de santé mentale. C’est durant la belle saison, en été, mais surtout au printemps et à l’automne qu’il s’en trouve le plus dans la région. Par contre les gens qui sont de passage n’ont pas tous un réseau dans la région pour obtenir de l’hébergement.

Il arrive que les gens en transit soient référés vers le centre le Havre à Trois-Rivières, le point régional de référence en matière d’itinérance. Des gens qui vivaient dans des conditions d’insalubrité dans des logements de piètre qualité sont également à risques d’itinérance.

Quelques personnes vivant également une autre forme d’itinérance sont celles qui habitent dans des campements de fortune en forêt. Il est toutefois difficile d’en établir un nombre et un portrait précis. Si ce n’est pas nécessairement de l’itinérance à proprement parler, ces gens logent dans des conditions d’insalubrité et sont à risques d’itinérance avec le temps, quand elles ne sont pas carrément évincées lorsque leur abri de fortune est découvert.

Un plan d’action régional découlant de plan d’action ministériel appelé «sortir de la rue» sera déployé. Chez les hommes, on évalue qu’il y a une dizaine de cas de gens dans le besoin. Des gens qui, sans adresse permanente, n’ont pas accès à l’aide sociale. D’autres ont vécu un sinistre et se retrouvent à la rue. On retrouve également des Atikamekws qui vivent des situations d’itinérance.

Quant aux femmes, dans le cas où elles sont victimes de violence conjugale elles peuvent supporter un moment une certaine forme de sécurité économique en acceptant un statu quo. Aussi, on les retrouve un peu moins dans le phénomène d’itinérance à La Tuque. Toutefois, en cas de besoin, Asperimowin, le Toit de l’Amitié sont au nombre des organismes qui hébergent ces personnes en difficultés, tout en les aidant à reprendre le contrôle sur leur vie.

La pauvreté ne se vit pas que de façon financière. Elle peut être culturelle ou sociale. Dans les grands centres, le phénomène est grandissant, tout comme en région.

Le Réseau local de services

Tout comme le font les travailleurs de rue, la  Corporation de développement communautaire, l’Alter Égaux, organisme de justice alternative, le groupe d’entraide Facile d’accès ont souvent à référer les gens qui font appel à leurs services vers les bonnes ressources, Info Santé / Social (811).

D’ailleurs, le Réseau local de service du CIUSSS-MCQ de La Tuque a formé un comité tourné sur l’itinérance. À l’initiative de Jenifer Olsen, directrice de la Corporation de développement communautaire, des organismes se sont regroupés et un fonds de dépannage a même été mis sur pied. Une aide alimentaire et de l’hébergement temporaire peuvent être accordés à la personne itinérante, mais aucune ressource n’existe vraiment pour les prendre en charge en raison de leur nombre peu élevé. En effet, elle recense environ une dizaine de cas par année. «Les itinérants de passage, c’est un phénomène qu’on connaît au printemps et à l’automne. Ce sont des gens des grands centres qui partent pour se promener un peu partout au Québec. S’ils s’arrêtent à La Tuque, on n’a pas d’infrastructures pour les recevoir, mais on un programme qui existe. Si, pour une raison pour une autre, ils sont pris ici, on peut payer le billet de train et/ou d’autobus, on peut offrir un repas et un coucher. Vu qu’on n’a pas d’infrastructures pour les aider, on les redirige soit vers Shawinigan, et Trois-Rivières ou le Lac-Saint-Jean», avait annoncé Mme Olsen, lors de la conférence de presse annonçant la Nuit des sans-abri.

« Le Réseau local de service a un comité de itinérance. Il compte 12 organismes et regarde les ressources qu’ont pu avoir chez nous pour les sans-abri», ajoutait Martine Caron, directrice du groupe d’entraide Facile d’accès.

Selon Mme Olsen, toutes sortes de motifs peuvent amener des gens à séjourner temporairement à La Tuque sans domicile. Des gens de l’extérieur de la région qui, par exemple, doivent comparaître au Palais de justice à La Tuque peuvent se retrouver dans cette situation.

« On travaillé au niveau local avec le programme du réseau. Nous avons une approche régionale. On tente de trouver toutes sortes de solutions pour les gens qui, par exemple, n’ont pas de domicile fixe, qui ont des problèmes pour recevoir des chèques d’aide sociale», précise Jenifer Olsen.

Il y a encore beaucoup de pain sur la planche pour les groupes d’aide, mais des événements de sensibilisation comme la Nuit des sans abri aideront certes à encore mieux démystifier le phénomène.