Balisage de la rivière St-Maurice: un rêve devient réalité

Tous les intervenants impliqués dans le dossier du balisage de la rivière St-Maurice sont unanimes. Enfin, la population se réapproprie ce cours d’eau sauvage après des années d’efforts et d’études. Un projet régional réunissant trois MRC.

«Je ne croyais jamais qu’on pourrait réussir ce que d’autres ont échoué. J’espère que le balisage sera l’outil de développement touristique tant attendu pour la Mauricie. Cette rivière est encore un environnement sauvage où les adeptes des sports nautiques pourront profiter des paysages à couper le souffle. Ce nouveau produit permettra de promouvoir la région et de créer de l’activité économique au bord de la rivière, en plus de la possibilité de création d’emplois», commente le directeur général de Tourisme Mauricie, André Nollet.

Ce projet de 1,8 M$ s’inscrit dans le plan de développement stratégique de Tourisme Mauricie depuis 2006. C’est grâce à l’implication de plusieurs partenaires que les bateaux pourront sillonnés la majestueuse au cours de l’été prochain. Le Fonds régional de partenariat de Tourisme Mauricie injecte un montant de 200 000$, les villes de La Tuque et de Shawinigan contribuent à une somme de 687 000$ chacune, un montant de 207 000$ provient de la MRC de Mékinac, tandis que la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Mauricie a offert un montant de 49 000$.

Le projet n’a jamais pu être réalisé auparavant puisque les intervenants caressaient l’idée de baliser la rivière de Trois-Rivières à La Tuque. «C’est lorsque la proposition a été faite de baliser de Grand-Mère à La Tuque que le projet a pu avancer. Surtout en raison des contournements des différents barrages, ce qui entraînait des coûts beaucoup plus importants», indique M. Nollet.

Le trajet balisé long de 90,3 kilomètres nécessite l’installation de 332 bouées sur la St-Maurice. Ce sont les embarcations avec un tirant d’eau de 30 à 36 pouces qui pourront sillonner la rivière, ce qui représente des bateaux au maximum d’une longueur de 35 à 40 pieds.

La légende urbaine

De nombreux passionnés des sports nautiques disent connaître la rivière St-Maurice et doutent qu’il sera possible de naviguer sécuritairement sans briser des pièces de bateaux. «C’est une légende urbaine, répond le directeur de Tourisme Mauricie. Nous avons toutes les profondeurs de la rivière. Certains naviguent avec une carte, mais il faut savoir où on est aussi. On connaît les endroits précis où ce sera plus difficile, mais il y a la profondeur partout. C’est surtout dans le secteur de Rivière-aux-Rats où il existe des endroits serrés avec une profondeur de 5 pieds d’eau. Ces endroits seront balisés avec une largeur réduite. Nous avons aussi huit outils limnimétriques qui indiqueront la profondeur d’eau pour les 10 prochains kilomètres. On verra du vert, du jaune ou du rouge, dépendant de la profondeur qui varie pendant l’été. Ça existe à nulle part au Québec et au Canada. Nous serons les premiers à utiliser ces outils limnimétriques. Il y aura aussi de l’éducation à faire auprès des gens pour enseigner comment naviguer cette rivière. L’art sera de maîtriser le bateau à partir de La Tuque pour descendre la rivière puisque ce sera impossible de faire de la vitesse. Aussi, nous aurons un lien tous les jours avec Hydro-Québec afin de savoir le débit d’eau disponible. C’est certain que lors d’une sécheresse extrême, on devra oublier la rivière pour un temps.»

Des maires heureux

Pour le maire de Shawinigan Michel Angers, c’est la réalisation d’un vieux rêve. «La rivière St-Maurice est un joyau pour la Mauricie, et le balisage est un vieux rêve qui flotte depuis de nombreuses années. Ç’a été un énorme travail d’équipe avec le maire de La Tuque Normand Beaudoin et M. Nollet. C’était un incontournable pour nous à Shawinigan d’être partie prenante du projet. Il s’agit de la plus belle rivière à l’état sauvage au Québec. Ça sera le plus bel attrait pour faire connaître la Mauricie. Aussi, pour nous à Shawinigan, nous aurons un défi concernant les infrastructures. On travaille fort pour un projet de marina et on ira bientôt en appel d’offres. Présentement, l’accès est compliqué pour la rampe de mise à l’eau située près du pont de Grand-Mère. Il faut aussi savoir qu’il était important de pouvoir se rendre jusqu’à La Tuque. Le balisage des 25 derniers kilomètres était très important.»

Le maire Normand Beaudoin avait mis le balisage de la rivière St-Maurice au coeur de ses préoccupations lors de la campagne électorale en 2009. Dans mon optique, le balisage de la rivière St-Maurice permettra le développement le long de la rivière. D’ailleurs, une marina sera érigée ici dès 2013 pour accueillir les adeptes. Le projet de la marina est de 1,2 M$, mais la somme provient du Fonds Hydro-Québec, donc les contribuables n’ont pas d’augmentation avec le projet de marina. Pour la première année, 15 places seront disponibles et nous utiliserons les services du Club de ski de fond pour répondre aux besoins de la clientèle.»

Le maire de Grandes-Piles, Jean-Pierre Ratelle, se dit aussi très heureux de la participation de la municipalité. «Il s’agit d’une participation financière majeure pour nous. L’apport économique et touristique a été important à Grandes-Piles avec la rivière, et nous avons constaté l’engouement quant au développement domiciliaire. D’un point de vue historique, c’est la population qui se réapproprie cette rivière qui est le plus beau cours d’eau au Québec. Cependant, tout doit se faire dans le respect de l’environnement et avec une structure sécuritaire. Les gens ont hâte que la rivière soit balisée, ça permettra même d’ouvrir d’autres secteurs pour la pêche. Pour moi, notre rivière est aussi importante que le mont Tremblant. C’est majeur, majeur, majeur! Il ne reste que les tarifs à définir et il faut faire attention pour ne pas tuer la poule dans l’œuf.»