18 mois dans la collectivité pour Jade Berthiaume

Journée importante mercredi au palais de justice de La Tuque alors que Jade Berthiaume a reçu sa sentence pour l’incendie qui a éclaté sur la rue Scott en août 2009. L’accusée a reçu une sentence de 18 mois d’emprisonnement dans la collectivité, avec plusieurs conditions, puisque la juge Dominique Slater n’a pas évalué qu’elle était un danger pour la société.

Jade Berthiaume avait plaidé coupable aux accusations d’incendie causant des dommages à des biens et causant des lésions, et pour complot de production de résine de cannabis (haschich). Trois chefs d’accusation ont été retirés : négligence criminelle causant des lésions, causer par le feu ou une explosion un dommage à des biens sans se soucier des conséquences, et production de résine de cannabis (haschich).

C’est une proposition commune qui a été faite par l’avocat de la défense, Me Simon Ricard, et le procureur de la couronne. «La dame qui a été blessée dans l’incendie est un facteur aggravant, explique la juge Slater. Il faut tenir compte que l’accusée n’a aucun antécédent, et a fait des efforts pour reprendre sa vie en main. La suggestion faite aujourd’hui m’apparaît raisonnable. On retrouve un appui familial. Les risques de récidive m’apparaissent grandement diminués. Un crime aussi grave pourrait entraîner un emprisonnement ferme, mais en tenant compte de tous les éléments, un emprisonnement dans la collectivité ne serait pas un danger pour le public compte tenu de la réhabilitation. Vous avez respecté toutes les conditions depuis 2009, alors il n’y a pas de motif de croire que vous ne respecterez pas les conditions qui vous seront imposées.»

La juge a donc tranché en donnant une sentence de 18 mois d’emprisonnement dans la collectivité pour le chef de complot de production de résine de cannabis, et un sursis sur le prononcé de la sentence pour le chef d’incendie causant des dommages à des biens et causant des lésions, avec une probation de deux ans. Pour les six premiers mois de la peine, Berthiaume devra garder la paix, se présenter au tribunal sur demande et à un agent de surveillance, demeurer au Québec, interdiction de possession ou consommation de drogue, de se trouver dans des bars, le suivi de la thérapie effectuée à Domrémy, une interdiction de communiquer avec les autres personnes impliquées, un couvre-feu 24 h/24 h à sa résidence à Trois-Rivières, sauf pour des fins de travail et rendez-vous médicaux.

Les six mois suivants, le couvre-feu passera de 22 h à 6 h, et les six derniers mois sans couvre-feu, mais les conditions énumérées ci-haut demeurent.

Les deux personnes mineures impliquées ont reçu dernièrement une sentence du tribunal de la jeunesse. La personne de 17 ans a reçu une probation de 20 mois, en plus de six mois de couvre-feu et 200 heures en travaux communautaires, tandis que la personne de 15 ans a reçu une probation de 20 mois, en plus de six mois de couvre-feu et 240 heures de travaux communautaires.

Quant à Phelipe Gill, il a brisé des conditions, se trouve en détention, et reviendra en cour en décembre.

Les faits

Le 19 août 2009, Berthiaume ainsi que deux mineurs désirent produire de la résine de cannabis et se rendent à l’appartement, au 392-A de la rue Scott. Après avoir consulté l’Internet pour se renseigner, le trio se dirige vers le centre-ville pour acheter du matériel, et rencontre Phelipe Gill en compagnie d’une autre personne. Gill indique qu’il ne s’agit pas de la bonne façon pour produire un maximum d’huile de cannabis, qu’il faut utiliser du naphta, et qu’il a déjà l’expérience.

Après avoir acheté le matériel, les cinq personnes retournent à l’appartement pour la production. À ce moment, Gill prend la tête du complot. Ce dernier a d’ailleurs déjà plaidé coupable pour complot. La mixture est chauffée à haute température sur le poêle. En quelques secondes, le chaudron s’enflamme et l’embrasement s’est fait rapidement. L’immeuble a été rasé par les flammes, comme le bloc situé à droite, et la maison de derrière a été endommagée. Les dommages ont été évalués sommairement à plus de 500 000 $. De plus, la dame résidant dans l’appartement du haut a subi des brûlures aux jambes, qui ont nui à sa santé. Outre les personnes impliquées, il n’y a que cette dame qui a subi des blessures.

Depuis l’événement, il n’y a que Berthiaume qui a respecté les conditions. Cette dernière a refait complètement sa vie en déménageant à Trois-Rivières et en allant faire une thérapie afin d’arrêter une consommation de drogues importante, et ce, de son propre chef. Elle n’a jamais perdu son emploi. L’individu est autonome financièrement, et regrette amèrement ses gestes qui ont été faits par une succession de mauvais choix. Selon le témoignage des parents, leur enfant a changé complètement de façon positive, en étant très structuré. «J’en connais pas beaucoup qui pourraient relever ces défis, beaucoup de gens auraient lancé la serviette. Personnellement, je ne sais pas si j’aurais été capable de faire ce qu’elle a fait. Je l’admire pour ça», a souligné son père lors du témoignage.