Quand la Zec La Croche devient un paradis menaçant…

LITTÉRATURE. C’est dans la dense forêt du Haut-Saint-Maurice, entre lacs et forêt, en plein cœur de la Zec La Croche, que l’autrice Maureen Martineau a choisi de camper le récit de son deuxième roman noir intitulé «Zec La Croche».

«J’ai toujours aimé ancrer l’histoire dans un territoire. J’aime la Mauricie, en particulier la Haute-Mauricie. Je voulais que mon histoire se déroule dans une zone très sauvage et belle, raconte l’autrice du Centre-du-Québec. J’y suis allée en juin, il y a deux ans, avec ma fille. La Zec La Croche est intéressante avec la présence des deux barrages et de la rivière Saint-Maurice. Les barrages m’ont inspirée.»

Le roman débute un an plus tôt, alors que la mère de la jeune Lorie a été retrouvée morte, poignardée à plusieurs reprises, sur son site de camping de la Zec La Croche. L’été suivant, Lorie décide de retourner se recueillir au bord du lac à Matte, mais la nuit venue, toutes sortes de prédateurs y rôdent.

À quelques kilomètres de là, la vieille Mikona Awashish descend du train à la gare de Rapide-Blanc pour y rejoindre sa fille. Par la fenêtre du wagon, l’agent de protection de la faune André Chillas épie les deux Atikamekws, persuadé qu’elles sont là pour braconner. C’est toutefois à un tout autre type de chasse qu’elles entendent s’adonner… Et elles entraîneront la jeune Lorie dans leur sombre dessein.

Le crime au cœur de l’histoire est quant à lui inspiré d’un triste événement survenu il y a une vingtaine d’années à l’une de ses amies qui faisait un trek, seule, dans le New Hampshire. Elle a été retrouvée poignardée. Le meurtrier n’a jamais été retracé.

«Ça nous a toujours hantées. Cela me permet aussi d’aborder cette question de la peur des femmes d’aller camper seules en forêt. Il y a toujours cette petite appréhension, cette crainte qui reste dans le fond de nos pensées. Ça me frustre beaucoup, car j’aime aller camper seule. Ça m’a fait réaliser que j’ai encore cette peur et avec ce livre, je voulais revisiter cette peur», confie celle qui a toujours été fascinée par les mobiles qui amènent les femmes à commettre un crime.

Sous la plume de Maureen Martineau, la beauté sauvage de la Zec La Croche devient oppressante. Les lieux deviennent un paysage à part entière du roman. «J’écris en partant du lieu. La Zec est un lieu magnifique qui, dans le livre, devient un paradis menaçant.»

Elle profite également de l’occasion pour évoquer certaines tensions sociales, dont les revendications de la nation Atikamekw et effleurer la question du profilage autochtone.

L’autrice a la plume aiguisée lorsqu’il s’agit d’écrire une enquête criminelle et de guider le lecteur sur différentes pistes.

«Dans l’enquête, c’est beaucoup plus long. On cherche; on ne trouve pas. Les mécaniques de l’enquête s’en mêlent et on ne peut pas avoir tous les éléments immédiatement. Ce qui est intéressant avec le polar noir, c’est qu’on se concentre sur l’histoire d’un ou deux crimes et cela se passe sur une plus courte durée. C’est très différent d’écrire quelque chose de court. Ça amène un souffle différent au récit», explique-t-elle.

«D’instinct, j’ai peur d’aller sur ce terrain qu’est le roman noir parce qu’on suit vraiment le crime, les personnalités criminelles… On s’aventure dans des zones plus sombres que l’enquête, mais c’est un exercice auquel il est intéressant de se prêter. Ça me fait sortir de ma zone de confort», ajoute-t-elle.

Le roman «Zec La Croche» est en vente en librairie, ainsi qu’en version électronique sur le site Internet des éditions Héliotrope.