Le vitrail centenaire qui rend hommage à Montague Brown

Il y a des trésors d’histoire au sein même de notre ville. L’église St-Andrews de La Tuque en recèle un d’importance.

Le vitrail qu’on y trouve vient en hommage au premier gérant de l’usine Brown, Montague Brown.

Il est décédé très jeune, à 25 ans seulement, le 20 septembre 1911, dans un accident de chasse, mais sa courte présence a marqué La Tuque.

L’église et le presbytère sont la propriété, depuis 2012, d’Anne Charest et Patrice Laroche, deux passionnées d’histoire locale, qui ont converti le site en l’Auberge de la petite chapelle. Ils adorent raconter les faits qui ont façonné La Tuque à leur clientèle. Disons qu’ils opèrent le site idéal pour les inspirer.

« Notre coup de cœur, ç’a été le vitrail, mais on n’a pas su son histoire tout de suite », débute Patrice Laroche, très ferré en matière d’histoire locale.

Il aura fallu attendre la visite d’une dame du Montana, qui écrit actuellement la biographie de Mary Hamilton Frye, l’artiste qui a créé le vitrail. Tenant à voir l’œuvre en personne, la dame a fait le voyage jusqu’à La Tuque où elle a passé deux jours en compagnie de Mme Charest et M. Laroche. Le couple en a appris abondamment sur la créatrice du vitrail.

Réalisée en sa mémoire, l’oeuvre a été financée par la famille Brown, qui avait fait appel aux services de Mme Hamilton Frye, une artiste réputée. Le vitrail de l’église St-Andrews serait le premier que l’artiste, d’abord destinée à illustrer des livres pour enfants, aurait signé.

La notoriété de Mme Hamilton Frye était telle que l’œuvre a été exposée au Museum of fine arts de Boston en 1921 avant s’en venir pour de bon à La Tuque. Les journaux locaux de Boston en avaient même parlé.

 « Ce n’était pas seulement le premier gérant de l’usine, ç’a aussi été le premier constructeur de la ville […] c’est lui qui a construit la première ville privée qui était La Tuque Falls (fusionnée en 1911 avec l’autre village de La Tuque) », rappelle Patrice Laroche.

Les Américains avaient choisi La Tuque pour leur usine, non seulement en raison de la forêt abondante, mais surtout grâce à la puissance hydraulique qu’offrait la chute de ce secteur de la rivière Saint-Maurice.

En plus de La Tuque Falls, la rue Beckler, l’église anglicane, le presbytère, M. Brown avait aussi fait construire une petite école, sur le terrain de l’église St-Andrews.

« C’est vraiment le fondateur de la ville », insiste le propriétaire de l’Auberge.

Six mois après avoir cosigné l’acte de constitution de la ville, il meurt tragiquement dans un accident de chasse, tombant dans un ravin. Le vitrail a été réalisé 10 ans plus tard, en 1921.

En bonne condition

Vitrail d’époque, il est toujours en excellente condition. L’ouvrage, qui a été réalisé en baguettes de plomb courbées et soudées, représente pour les connaisseurs une technique différente de celle d’aujourd’hui.

« La famille Brown a regretté leur fils pendant des années. C’est pour ça que le vitrail est arrivé 10 ans après, pour que les gens de La Tuque se remémorent l’histoire de Montague Brown ».

Différents objets, issus de donations du milieu, sont répertoriés dans l’église de la rue Beckler. « L’église anglicane ne vénère pas les statues, ni les représentations divines », évoquent les propriétaires, ce qui explique qu’on y voit davantage de figures se rapportant à la communauté. « Il y a certaines représentations, mais ce ne sont pas des saints », ajoute Anne Charest.

Désacralisée en 2010, l’église a bien failli disparaître, alors qu’on cherchait un acquéreur puisque la communauté anglophone qui la fréquentait s’était effritée au fil des années.

Un incendie survenu en 1989 a ravagé l’annexe de l’église St-Andrews, causant aussi de lourds dommages au bâtiment. On avait réussi à sauver le vitrail, qui avait ensuite bénéficié d’une restauration.

L’annexe a été reconstruite par les nouveaux propriétaires par la suite, puisqu’elle sert à solidifier la structure de l’église.

L’église est utilisée de façon occasionnelle pour des cérémonies, elle est appréciée pour son cachet d’époque, jalousement préservé par ses propriétaires. Dans leur auberge dont les chambres portent les noms de personnalités historiques locales, une élégante suite, au troisième étage, rappelle Montague Brown.