Cadeau virtuel aux Latuquois

MUSIQUE. Un important tournage vidéo a eu lieu dernièrement à l’église Saint-Zéphirin dans le but de présenter une série vidéo sur le web à partir du 24 décembre.

Offerte sous trois chapitres, la production incarne une célébration virtuelle où l’opéra, le chant lyrique et la musique classique sont à l’honneur.

C’est le Complexe Multimédia de la Corporation des arts et de la culture de La Tuque qui a vu à la production de la série dont l’âme est le baryton-basse de renommée internationale Philippe Sly.

Outre l’initiateur du projet, la série met également en vedette Raymond Perrin (orgue), Jeffrey Bazett-Jones (violon alto), Emmanuel Vukovich (violon), Lizann Gervais (violon). La Latuquoise Laurianne Fillion, 14 ans, récipiendaire du premier prix lors de la dernière finale locale de Secondaire en Spectacle, a participé à titre d’invitée.

On y entendra de grands classiques des 17e et 18e siècles, composés notamment par Handel et Bach. Philippe Sly chante principalement en anglais et en allemand. On veut que le premier segment d’une série de trois soit perçu comme un cadeau de Noël qui va perdurer dans le temps.

Techniquement, trois jours ont été nécessaires pour le tournage qui a permis de capter plus de 60 minutes de matériel vidéo.

Piqûres d’art

En raison d’une ordonnance de fermeture causée par la pandémie, le Complexe culturel Félix-Leclerc ne peut pas diffuser de spectacle actuellement, tout ça, avec comme toile de fond d’importantes rénovations qui seront apportées au bâtiment dans les prochains mois.

«On s’est donné comme mandat de faire des piqûres d’art et de culture partout dans la ville, surtout des choses qu’on ne faisait pas habituellement», confirme la directrice générale et artistique, Marie-Pierre Mailhot.

Le Complexe effectue de la production multimédia depuis quelque temps, mais voulait se lancer dans une production «à la hauteur de ce qu’on est capable de faire et de la formation qu’on est allé chercher tant au niveau de la réalisation, des caméras, que de l’équipement professionnel qu’on a».

Le Complexe a donc voulu offrir ce cadeau à la population latuquoise en marge de la fête de Noël.

Un caméraman et un réalisateur ont été embauchés. Pour Marie-Pierre Mailhot, le projet a tout pour devenir une belle fierté latuquoise: «Je suis contente, car j’ai toujours voulu faire des produits de fierté locale. À La Tuque, quand on exporte des produits, les gens en sont fiers et c’est ça qui est «cool». Ce n’est pas juste Latuquois, ça va bien au-delà de ça, parce qu’on a des artistes qui sont de renommée internationale.»

Le produit pourra être exporté

«Habituellement, les gens ne paieraient pas nécessairement pour venir voir un spectacle classique au Complexe, on n’a pas de marché pour ça ici. Mais en faisant ça, on va peut-être donner le goût», explique Marie-Pierre Mailhot.

La série en quatre chapitres, qui dureront entre 10 et 15 minutes chacun, sera diffusée sur YouTube, à partir du 24 décembre. Il y aura un nouveau chapitre publié chaque semaine pendant un mois. La dernière capsule traitera de la démarche de Philippe Sly : «On veut mettre en valeur le patrimoine religieux de la ville. Oui, on a un orgue Casavant et on est vraiment choyé. Il y en a plusieurs, des orgues Casavant, mais les gens s’entendent pour dire qu’on a un des trois meilleurs en Amérique».

«Je voulais mettre l’orgue en valeur, on a ici un orgue exceptionnel», explique d’entrée de jeu le baryton, qui a de la famille La Tuque. L’idée de restaurer l’orgue et d’y offrir plus tard des récitals lui plaît beaucoup.

Au début, il songeait à effectuer un récital, mais l’idée s’est vite transformée en une prestation avec d’autres musiciens.

Les trois chapitres

Chapitre 1, La Prophétie – jeudi 24 décembre 2020

Chapitre 2, La Passion – jeudi 31 décembre 2020

Chapitre 3, Le Message – jeudi 7 janvier 2021

Celui qui vit à La Tuque depuis quelque temps voit le projet comme un cadeau aux Latuquois : «Il faut remercier le Complexe, c’est gratuit. On embauche quatre caméramans, utilise un drone. Je n’aurais pas pu faire sans tout seul, c’est un projet d’équipe et ils m’ont donné la direction créative», reconnaît-il.

Jouer à La Tuque est un privilège pour celui qui y a passé des étés dans sa jeunesse : «La Tuque a toujours été mon «chez-moi culturel».

«C’est un projet pour tous, pour les jeunes, pour les vieux, pour les croyants, pour les non-croyants. Ça va beaucoup plus profond que le dogmatisme», insiste Philippe Sly.

À l’écouter, on voit que le tournage a été magique. «Ce sont des musiciens exceptionnels. C’était aussi une excuse, je vais être honnête avec vous, de rassembler des amis dans la période de la COVID. Normalement, on n’aurait pas le droit, mais ici, avec le projet, on a pu être ensemble».

«Dans une année normale, rien de cela n’est imaginable»

Il est naturel pour le prêtre modérateur de la paroisse Saint-Martin-de-Tours, Marc Lahaie, qu’un projet comme celui-ci ait lieu. Philippe Sly, qui réside à La Tuque depuis le début de la pandémie, avait noué des liens avec le prêtre, lui qui a déjà chanté à la messe de minuit.

C’est d’ailleurs M. Lahaie qui a fait le pont entre l’artiste et le Complexe culturel. Philippe Sly voulait offrir un spectacle en cadeau aux Latuquois. «Dans une année normale, rien de cela n’est imaginable […] C’est un cadeau de la pandémie d’avoir un résultat comme ça», témoigne-t-il.

Au-delà du fait de mettre le patrimoine en valeur, le pasteur souligne d’abord le fait que la présentation est le travail d’artistes, de concepteurs, techniciens et l’orgue Casavant en valeur : «D’aller chercher d’autres personnes, cette connexion-là, ce qui fait que dans notre monde, qui est souvent dans l’organisationnel, cette dimension-là de l’art nous amène ailleurs».

Pour le prêtre, il peut s’agir d’une première pierre posée sur le projet de série de concerts, qui découlerait de la restauration de l’orgue.

«C’est mon «high light» de l’automne»

L’expérience souriait beaucoup à Lizann Gervais, violoniste pour l’orchestre métropolitain de Montréal. Elle connaissait déjà Philippe Sly en raison de productions conjointes à l’Orchestre métropolitain et est à l’Orchestre symphonique de Montréal où elle est surnuméraire.

«J’ai accepté tout de suite et en même temps ça marche super bien dans mon horaire aussi […] c’est un magnifique projet avec des super musiciens aussi. C’est émouvant aussi, surtout par rapport à ce que l’on vit présentement. C’est mon «high light» de l’automne de revenir ici et de jouer avec des musiciens»

«De venir ici, dans l’église, ça me rappelle plein de beaux souvenirs parce que j’ai passé beaucoup de temps ici quand j’étais plus jeune. Ma mère (Carole Guérin) jouait l’orgue et ma grand-mère était dans la chorale de l’église. Pour j’ai fait beaucoup de messes ici, la messe de minuit et j’ai joué du violon avec la chorale de ma mère», explique-t-elle.

«Je me trouve vraiment chanceuse d’avoir pu faire cette expérience-là avec des gens professionnels. J’ai adoré», indique Lauriane Filion, 14 ans, qui vivait un tel tournage pour la première fois. D’autant plus qu’elle n’aura eu droit qu’à deux séances de pratique avant de tourner.

«Elle n’avait jamais chanté en allemand, alors il a fallu que je lui enseigne. Sa diction est parfaite. J’ai hâte de voir comment ça sonne dans l’enregistrement, mais je suis très fier d’elle. Elle a fait un très beau travail et ça montre à quel point on est ouvert d’esprit ici à La Tuque», a dit d’elle Philippe Sly.