Ralentissement à l’usine de Parent

ÉCONOMIE. Le milieu parentois se prépare à vivre un ralentissement de l’usine de sciage qu’opère Arbec, à proximité du village. Devant cette éventualité, les 125 employés syndiqués de l’usine se sont prononcés mardi à 80% sur un scénario qui ne présente pas de fermeture, par contre.

Des écarts à la baisse du prix du bois justifient cette réduction de production. C’est ce qu’entend le conseiller municipal responsable du secteur Parent, Éric Chagnon.

Ainsi, temporairement, l’usine fonctionnera tous les jours, mais un seul des deux quarts de travail sera conservé pendant cette période. Les employés travailleront une semaine sur deux et pourront toucher des prestations de chômage pendant la semaine où ils ne seront pas en emploi. Cela permettra à tous les employés de conserver leur emploi, d’ici le retour aux horaires normaux.

Le conseiller municipal Éric Chagnon

M. Chagnon n’emploie pas un ton alarmiste quant à la présente situation. «Ce n’est pas l’idéal, c’est sûr. On a déjà vu mieux, mais on a aussi vu pire», lance-t-il, faisant référence aux fermetures cycliques de longue durée qui ont déjà frappé cette usine. «On est mono-industriel, ça frappe pas mal plus que si on était dans une région où les gens peuvent avoir d’autres emplois».

La moitié des employés de l’usine demeure à Parent, fait-il aussi remarquer.

Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, rapporte que des commerçants du secteur sont inquiets : «La situation n’est pas critique pour l’instant, mais elle est préoccupante».

«Je pense que le syndicat a pris une bonne décision. On va espérer que ce ne soit que temporaire », évalue M. Chagnon. Une opinion que partage la députée de Laviolette–Saint-Maurice et adjointe parlementaire du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Marie-Louise Tardif, qui n’éprouve pas de crainte pour l’avenir de l’usine de Parent.

«On ne laisserait pas fermer cette usine. Elle a trop d’impacts sur la vitalité de Parent», tranche-t-elle. Même si c’est une décision d’entreprise privée dans laquelle le gouvernement ne peut pas s’immiscer, il en a quand même été question lors de la récente visite à La Tuque du ministre des forêts de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour où des dirigeants de Rémabec ont pu lui parler de leurs préoccupations.

«On a parlé de la réalité et certaines réalités découlent du Régime forestier qui date de 2013, où c’est le ministère qui leur donne leurs territoires de coupe […] Certaines choses sont à améliorer et on travaille là-dessus», ajoute la députée Tardif.

«C’est toute l’économie d’une communauté. On en a besoin», martèle le maire, qui souhaite que tous les efforts seront entrepris pour éviter un ralentissement trop long à Parent.

Harmonisation

La Haute-Mauricie serait aussi aux prises avec des problèmes d’harmonisation de l’industrie forestière avec les autres utilisateurs de la forêt, soit les villégiateurs, les pourvoiries, les autochtones, ce qui rend plus difficile la planification des chemins forestiers pour les sites de coupe, de même que le temps alloué aux opérations forestières et pour prévoir la récolte. Une réalité qui, sans être unique à la Haute-Mauricie, est particulière et fait augmenter les coûts pour l’entreprise.

«Ça enlève beaucoup de semaines d’opérations pour aller récolter le bois», ajoute Mme Tardif.

Elle nuance : il n’y a pas de manque de bois actuellement en forêt pour l’usine de Parent. «L’approvisionnement de l’usine n’est pas en danger. Il leur a été alloué», poursuit Mme Tardif.

En toile de fond, Rémabec effectue actuellement à ses frais l’entretien hivernal de chemins tels la route 25, vers Parent où transigent autant ses employés que les autres utilisateurs.

Rémabec n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

 

Ce n’est pas l’idéal, c’est sûr. On a déjà vu mieux, mais on a aussi vu pire

Eric Chagnon