Prestigieuse récompense pour Mélanie Napartuk

NUTRITION.  Étudiante à la maîtrise en Nutrition à l’Université de Montréal, la Latuquoise Mélanie Napartuk vient de décrocher un prix important remis par son université : le prix Carsley-Rouleau et une bourse pour son implication sociale.

En compagnie de sa collègue Ariane Lafortune, le duo est allé de façon bénévole à la rencontre de 22 intervenants de 9 nations autochtones différentes afin de recueillir de l’information pour la réalisation de capsules vidéo destinées aux futurs étudiants en santé de l’Université de Montréal afin de mieux comprendre et mieux desservir les peuples autochtones.

Mélanie a quitté La Tuque il y a 7 ans afin d’entamer un baccalauréat en nutrition, ce qu’elle a complété en 2018. En plus de la poursuite de ses études pour obtenir sa maîtrise, la femme dans la mi-trentaine a effectué différentes implications. Notamment, elle fait des interventions avec des enfants qui subissent des traitements de chimiothérapie à l’Hôpital Ste-Justine, des repas pour des personnes en situation d’itinérance, et des conférences à l’université comme nutritionniste sur l’alimentation des Premiers peuples.

« Pendant mon baccalauréat, j’avais noté la quasi-absence de sujets sur les Premiers peuples. Des nutritionnistes sont appelés à travailler avec des peuples autochtones, et ils ne sont pas outillés pour connaitre l’alimentation et les Premiers peuples. Le département de nutrition est entré en contact avec moi pour discuter de solutions possibles et l’idée de capsules vidéo a commencé à émerger de ces discussions », raconte celle dont ses racines sont inuites.

L’objectif de ces capsules est de sensibiliser les étudiants au baccalauréat en santé, et pas seulement en nutrition, mais en lien avec la richesse du territoire, la spiritualité qui entoure la chasse, la diversité des peuples autochtones…

C’est à l’été dernier que le programme pour les capsules a été bâti par Mélanie et Ariane et que le tournage des capsules a été réalisé. « On est parti sur la route et on a fait 5500 km. On a rencontré 22 intervenants de 9 nations autochtones différentes pour parler de divers sujets. De tout ça, sont sorties 12 capsules vidéo sur 12 sujets différents qui touchent ou non l’alimentation, mais certainement la santé. On a mené le projet Nalliriik (deux égos, même force, même taille, même pouvoir) Ariane et moi pendant un an. On a choisi ce titre pour valoriser les savoirs autochtones. Il existe des connaissances autochtones depuis des millénaires qui n’ont pas été étudiés par la science que l’on connait à l’université. (…) On veut que les futurs professionnels de la santé soient outillés pour répondre aux besoins des Autochtones qu’ils desservent. On parle à l’infirmière qui va travailler à Unamen Shipu, on parle à des médecins de La Tuque qui auront une clientèle autochtone, on parle à des futurs physiothérapeutes qui vont devoir guérir des gens de Pessamit… »

Les deux femmes ont réalisé ce projet en même temps qu’elles écrivent leur mémoire de recherche pour leur maîtrise. « Ça prit beaucoup de jus, et on a fait ça de façon bénévole parce que ça nous tenait beaucoup à cœur. Quand j’ai vu l’appel de bourses pour l’implication sociale, j’ai su que c’était pour nous. »

Mélanie et Ariane se partagent donc la bourse de 10 000$. « C’est une grosse somme pour un étudiant puisqu’on ne roule pas sur l’or, mais c’est aussi peu cher payé pour tout le travail que nous avons fait. Si c’était un programme gouvernemental de recherche, ça aurait assurément coûté des centaines de milliers de dollars », ajoute Mme Napartuk.

Mélanie espère pouvoir terminer sa maîtrise en mai prochain. Et la suite? « J’ai fait une demande pour faire un cours collégial l’an prochain de style inuit. Ce sont des cours de langue inuit, l’histoire du Nunavik… Un de mes plus grands rêves est de réapprendre ma langue maternelle. Je pense à des projets pour un doctorat, mais j’aimerais aussi revenir à La Tuque, ou aller travailler dans le Nord. Ça sera où le vent me mènera, je fais bien confiance à la vie! »