Panne d’électricité à Parent : «j’ai fini d’être compréhensif»

La députée et le ministre régional vont être interpellés

Le conseiller municipal du secteur Parent de Ville de La Tuque, Eric Chagnon, remonte aux barricades. La panne d’électricité qui affecte les 347 abonnés du village depuis 3h38 ce matin est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Lui qui réclame une génératrice pour pallier les pannes d’électricité, demande catégoriquement qu’Hydro-Québec donne suite à sa demande.

Fruit du hasard : une rencontre entre Ville de La Tuque et Hydro-Québec a eu lieu hier à l’hôtel de ville de La Tuque, la veille de cette nouvelle panne.

Le conseiller municipal Éric Chagnon

Un des enjeux était de faire le point sur les travaux qui débuteront à la fin de l’année 2020, mais aussi de discuter de la génératrice exigée par la ville, pour donner de l’électricité au village lors d’interruptions de courant non planifiées qui peuvent parfois durer jusqu’à 20 heures.

«Notre base : on veut du courant. La solution est simple, ça prend une génératrice. Ils ne veulent pas nous la donner. On a une preuve, on les a rencontrés hier et aujourd’hui on n’a pas de courant. Ça va être comme ça je ne sais pas pendant combien de temps», lâche le conseiller.

Les commerces doivent s’organiser avec des génératrices, ce qui cause des dangers.

«Ils ont mis 8,5M$ en publicité pour le Maine. Ils ne sont pas capables de mettre une génératrice à Parent. Qu’ils commencent par servir le monde au Québec et après ça, ils penseront à en exporter», s’indigne le conseiller.

«Ça ressemble à l’Afrique, Parent. On ne pense pas qu’on est au Québec. Ça n’a pas de sens, manquer de courant à tour de bras, comme ça et laisser le monde s’organiser avec des génératrices», tonne M. Chagnon.

Si une situation d’urgence devait survenir, les impacts pourraient être désastreux, fait-il aussi ressortir. «On est proche des ressources et on est les derniers à en profiter».

«Ils ont mis 8,5M$ en publicité pour le Maine. Ils ne sont pas capables de mettre une génératrice à Parent. Qu’ils commencent par servir le monde au Québec et après ça, ils penseront à en exporter» – Éric Chagnon

Le dossier ne restera pas là. La députée Marie-Louise Tardif et le ministre Jean Boulet vont être interpellés.

«Il y a des députés et des ministres ici, ils font leur job. S’ils disent qu’ils travaillent fort pour nos dossiers, c’est le temps de le montrer. À date, il n’y a personne qui m’a aidé pour Hydro-Québec», fulmine le conseiller.

M. Chagnon n’a pas digéré un message publié sur Facebook par la députée Tardif, expliquant les raisons d’Hydro-Québec pour la panne de 19 heures du 1er juillet.

«J’ai fini d’être compréhensif. Je demande l’aide des députés, lance-t-il en entrevue à l’Écho. La Tuque. S’ils veulent m’aider, ça va être le temps, je le demande publiquement».

Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, a l’impression de revivre les événements d’il y a deux ans : «La ligne est en décrépitude […] elle n’est pas accessible partout où il y a un chemin. J’espère qu’ils vont comprendre, lors des prochaines réparations, qu’il faut amener la ligne plus près des chemins forestiers, pour réparer plus vite ces pannes-là».

Le maire déplore également le retard que prendront les travaux en raison de la pandémie de la COVID-19. «On leur a dit : donnez-nous un plan B. Mettez une génératrice, comme vous l’avez fait il y a deux ans», dit M. Tremblay.

Les multiples problèmes surviennent en raison de l’entretien qui ne s’est pas fait au cours des dernières années, pensent les deux élus latuquois.

«On se fait répondre qu’il y a une responsabilité individuelle des gens là-dedans. Non. Ce ne sont pas eux qui créent la panne» s’indique également le maire de La Tuque

Génératrices

Hydro affirme que ce n’est pas une, mais quatre génératrices qu’il faudrait installer à Parent pour répondre à la demande advenant une panne. C’est toutefois prévu dans le cadre des travaux de remplacement de la ligne, en 2021, où il y aura des interruptions de courant.  «Si on voulait devancer l’installation de génératrices déjà prévues dans les travaux, il faut quand même déposer des autorisations gouvernementales et c’est un minimum de six mois. On arrive en même temps que le projet». De plus, les génératrices ne seront utiles que si la panne survient sur le réseau de transport, et non sur le réseau de distribution.

Le projet

Ce ne sont pas toutes les structures de la ligne de 58 km construite en 1984 qui seront remplacées, une cinquantaine d’entre elles l’ont déjà été, ce qui représente pour la société d’État un investissement de 7M$. 95 des 283 structures de bois feront place à de nouvelles en acier, moins attrayantes pour les fourmis charpentières et les pics-bois.

«Après la fin des travaux, en 2021, d’autres travaux de maintenance vont être faits, sous tension», annonce Mme Gladu.

Le tracé de la ligne demeura le même. Mme Gladu soulignait que chacune des 95 structures  sera dessinée en fonction du relief du terrain qui est accidenté et de la force exercée sur elle. «Dépendant si le pylône se trouve un peu plus haut, un peu plus bas, ce ne sont pas les mêmes tensions. Chacune d’elles a sa conception sur mesure», explique Élisabeth Gladu. Un segment de la ligne composée de six structures dans un secteur très accidenté sera reconstruit.

Les travaux prendront place en 2021, mais cette année, se poursuivra la conception des 95 portiques d’arrêt ainsi que des visites sur le terrain pour préparer les travaux.

Avec les autorisations, en 2021, Hydro-Québec effectuera les travaux pour une mise en service de la ligne planifiée vers le printemps 2022.