Le service à la clientèle, principal atout des marchands latuquois

Diagnostic du marché des affaires local

ÉCONOMIE.  Quel est l’état du marché commercial de La Tuque ? La SADC du Haut Saint-Maurice en collaboration avec le Service de développement économique et forestier de La Tuque (SDÉF) ont fait connaître les résultats d’une étude «Comportement d’achat et opportunités d’affaires du marché latuquois».

Réalisée par Raymond Chabot Grant Thornton, elle avait pour but de déterminer les besoins commerciaux de la région. On a également recueilli les commentaires de 647 répondants et tenu des consultations de type «focus group» auprès des grands donneurs d’ordres, des entreprises de détail ainsi qu’auprès de la population.

Si l’échantillonnage a été effectué dans les semaines précédant la pandémie de la COVID de 19, on assure que les données recueillies sont toujours d’actualité. «Ils sont même accentués par les changements qu’a apporté la pandémie sur les habitudes d’achat de la population à La Tuque, tout comme partout dans les régions du Québec». Outre les constats liés aux fuites économiques, le document a surtout pour objectif de déterminer les solutions possibles.

Un service à la clientèle personnalisé

Le service à la clientèle est un élément principal sur lequel doivent miser les commerçants latuquois. «Contrairement aux grands centres urbains et à la plateforme de commerce en ligne, qui compétitionnent sur la diversité et le prix, les commerçants de La Tuque doivent se démarquer par la qualité du service offert. C’est un élément différenciateur incontestable pour la population latuquoise», peut-on lire dans le rapport.

Les jeunes

On y apprend également que les jeunes sont plus enclins à acheter en ligne et ne s’identifient pas à l’offre commerciale actuelle. «La majorité des commerces latuquois ciblent une clientèle à revenu faible ou élevé, ceci pouvant expliquer, en partie, l’insatisfaction de la classe moyenne et des jeunes», cite l’étude. On note également un manque de sensibilité autant chez la population que les grands donneurs d’ordres pour l’achat local. «On dénombre un déficit commercial d’environ 12M$ par année. Les catégories de biens les plus déficitaires sont les vêtements pour hommes, les matériaux de construction, la téléphonie et les communications, l’alimentation ainsi que les boissons alcoolisées», nous apprend l’étude.

Qu’achète-t-on sur le web et à l’extérieur ?

Parmi les types de produits que les consommateurs se procurent le plus souvent sur le web ou à l’extérieur, il y a les biens semi-courants (les produits achetés fréquemment, mais pas sous impulsion).

À lui seul, le département des vêtements pour hommes accuse un écart de 2M$ entre l’offre et la demande, une fuite commerciale (achats à l’extérieur ou sur le web) estimée à 50%. «Ça, c’est alarmant. Les vêtements pour hommes, 1$ sur 2$ est acheté à l’extérieur de La Tuque, même chose pour les vêtements pour enfants. 1$ sur quatre est effectué à l’extérieur de La Tuque pour les souliers», donne en exemple Philippe Bourdeau, conseiller principal chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Par contre, certains types de produits sont achetés plus localement, en grande quantité, comme les fournitures de maisons ou produits d’entretien ménager. La présence sur le marché de magasins à rayons permet de combler ce besoin. Les produits de fleuriste de jardinage de pharmacie, d’alimentation sont aussi moins sujets aux déficits commerciaux.

Les biens réfléchis (nécessitant un investissement plus important) font l’objet de fuites de 5,5M$ (33%). «Les fuites commerciales sont généralement dans cette catégorie étant donné que les biens coûtent plus cher et les gens vont magasiner plus longtemps et vont comparer les prix», estime Philippe Bourdeau.

En mode solution

Il y a des pistes de solutions. S’il peut s’avérer utopique de penser que les commerces latuquois vont arriver à concurrencer la diversité de l’offre et la faible qualification du commerce électronique et des grandes entreprises, ceux-ci doivent se démarquer par la qualité du service offert et leurs relations de proximité avec la clientèle, propose le rapport. On doit aussi mieux expliquer les répercussions économiques de l’achat local. Des exemples tangibles sont d’ailleurs apparus, dans le contexte de la COVID-19, notamment avec le service de livraison. On propose également la création d’un écosystème entrepreneurial ou de nouvelles entreprises innovantes bonifieraient l’offre commerciale et changeraient la culture «usine» de la région».

«L’achat local a toujours été un enjeu important pour la SADC et doit être « l’affaire de tous ». En effet, cette étude confirme que nous avons tous notre rôle à jouer ; organismes, entrepreneurs, grands donneurs d’ordres, élus municipaux et tous les Latuquois. C’est ensemble que nous pourrons assurer la santé économique de notre région. La campagne d’achat local S’offrir La Tuque est une première initiative pour sensibiliser la population et promouvoir les produits et services sur notre territoire. Nous espérons que tous se l’accapareront», pense Tommy Déziel
directeur général de la SADC du Haut Saint-Maurice. Il ne veut pas que le rapport on se retrouve sur une tablette.

Le rapport viendra guider les actions des organismes voués au développement économique.  «On veut rencontrer les grands donneurs d’ordre et nos commerçants actuels. Notre objectif est de rapprocher les deux besoins. Ça peut partir par de nouvelles idées comme le regroupement d’achats», propose M. Déziel. Une des initiatives, celle des capsules produites par «S’offrir La Tuque» présentent des produits, parfois méconnus, mais disponibles à La Tuque.

«Nous avons fait beaucoup d’efforts cette année pour sensibiliser les gens à l’importance de prioriser l’achat local et la population a bien répondu à cet appel. Nous souhaitons maintenant que la démarche, dont les résultats sont dévoilés aujourd’hui, permette à nos entreprises d’adapter et de faire connaître davantage leurs offres de services, afin de répondre aux besoins de la population pour maximiser les retombées économiques localement. Les informations que cette démarche nous a permis d’aller chercher doivent aider nos entreprises à se développer et favoriser l’implantation de nouvelles entreprises dans les créneaux qui sont présentement absents dans notre communauté. Si les entrepreneurs ont besoin d’aide pour réaliser cet objectif, notre équipe du Service de développement économique et forestier (SDÉF) est là pour les aider» ajoute Danielle Rémillard directrice du SDÉF La Tuque.

On peut consulter l’étude sur le site de la SADC du Haut-Saint-Maurice.

Gagnantes

Trois prix ont été attribués parmi les 647 répondants, donnant la chance de remporter un des bons d’achat de la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice, échangeables chez des marchands locaux. Les trois gagnantes sont :

Doris Beaulieu bon d’achat de 500 $

Louise Plourde : bon d’achat de 250 $

Lyne Pothier : bon d’achat de 250 $