Le policier atikamekw de La Tuque

LA TUQUE.  Le Latuquois atikamekw Pisimw Quoquochi est honnête quand on lui demande s’il voulait devenir policier quand il était plus jeune, il n’y croyait pas en raison de ses résultats académiques. Mais la persévérance et le travail lui a permis de graduer de l’École de police de Nicolet en 2014, lui qui détient maintenant 7 années d’expérience comme policier.

Avant de graduer à l’École de police de Nicolet, Pisimw a obtenu son attestation d’études collégiales (AEC) en Technique policière pour les Premières Nations.

En passant par ce parcours, le candidat recevait une promesse d’embauche d’un corps policier autochtone. Le Latuquois de 31 ans a été policier à Wemotaci pendant quatre années, avant de travailler pour la Sûreté du Québec (SQ) du poste de La Tuque depuis les trois dernières années.

« Je n’étais pas le meilleur au niveau académique à l’école. Il a fallu que je bûche plus fort que les autres. Le programme de Techniqie policière est aussi très contingenté, alors j’avais mis une croix sur le métier de policier. Je suis allé faire un DEP en protection de la faune et j’ai fait deux ans au Cégep en Sciences humaines. Mais c’est un enquêteur à Wemotaci qui m’a fait découvrir l’AEC en technique policière. J’étais intéressé, en plus mon grand-père Gérald Tremblay a été policier ici à La Tuque pendant près de 30 ans. C’est certain que le métier m’intéressait par les histoires que mon grand-père me racontait. Quand j’ai commencé mon AEC, je n’ai jamais eu d’aussi bonnes notes de ma vie! Quand tu es motivé et tu as un but, c’est plus facile à l’école. La persévérance a porté fruit. »

Même s’il est Atikamekw, Pisimw Quoquochi a grandi à La Tuque, il n’a jamais vécu dans une communauté autochtone. « J’ai demeuré dans la communauté à Wemotaci seulement pendant mes quatre années comme policiers. Il existe un aspect plus personnalisé à Wemotaci ou La Tuque comparativement à un grand centre. Ça arrive souvent d’intervenir auprès d’une personne que tu connais et que tu revois la personne. J’ai travaillé avec des policiers à Wemotaci qui venait de la communauté, alors pour eux certains appels étaient plus difficiles. J’ai de la famille éloignée à Wemotaci, alors c’était aussi un atout pour moi pour que ce soit plus calme. Aussi, ça créait un lien de confiance avec la personne. Ce qui m’a frappé le plus c’est le côté communautaire et personnel. Je n’étais pas juste un policier en uniforme. »

Alors qu’il était toujours à Wemotaci, Pisimw a postulé pour la SQ, et s’il était embauché, il pouvait se retrouver n’importe où au Québec. Heureusement pour lui et sa conjointe qui est aussi Latuquoise, le policier autochtone a été embauché pour le poste de La Tuque. « J’ai été chanceux. Je crois qu’ils ont pris compte de l’expérience acquise à Wemotaci pour m’envoyer dans la ville où je vis. On est un peu plus encadré avec la SQ. Je m’attendais à recevoir des commentaires plates au départ en étant autochtone, mais ce n’est pas le cas. Pour les Autochtones, ils me connaissent alors il y a déjà un lien de confiance avec moi. »

Pisimw se retrouve en rotation avec trois autres policiers, dont les vétérans Martin Pronovost et Mario Bouchard. « C’est quand même drôle de dire que je travaille avec des policiers qui ont été embauchés par mon grand-père du temps de la sécurité municipale », indique-t-il en riant.

Pour ses objectifs de carrière, l’Atikamekw aimerait devenir agent de liaison autochtone à La Tuque où dans un autre poste au Québec. « La personne gère les liaisons entre la communauté autochtone et la SQ, surtout lors des événements majeurs ou des demandes d’assistance. Dans un monde idéal, ça serait à La Tuque. Mais pour l’instant j’aime la patrouille. »