La Tuque relance Gazoduq

ÉCONOMIE. Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, relance le projet Gazoduq, sollicitant l’appui des maires des municipalités visées par le projet, rappelant que le milieu latuquois est favorable au projet de conduite de gaz naturel.

M. Tremblay dit avoir ressenti que le gouvernement était un peu refroidi par rapport à ce projet, qui implique d’importantes retombées pour La Tuque. Aussi, il enverra vendredi une lettre au ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, sollicitant, au passage, l’appui des maires. «J’ai décidé de prendre le leadership, d’écrire une lettre, de parler de l’importance et du défi qu’on a à relever par rapport à ce projet si on veut le conserver».

Il est convaincu que le projet Gazoduq doit se réaliser, d’autant plus qu’il bénéficie, selon lui, d’une bonne acceptabilité sociale à La Tuque. «Non seulement parce qu’il fait partie des solutions à privilégier afin d’assurer une réelle transition énergétique mondiale […] mais aussi parce que l’importance de tels investissements dans nos régions est amplifiée par le contexte économique actuel», écrit le maire Tremblay.

«On leur dit : vous êtes un gouvernement de régions, alors, c’est à un projet de régions qu’on aimerait voir se réaliser», ajoute le maire qui soutient qu’on ne reverra pas pareil projet dans la région avant très longtemps.

Le maire dresse un parallèle avec l’expérience vécue avec Énergir : «ce n’est pas plus dangereux que tout autre combustible».

Les régions, observe-t-il, sont dévitalisées :«C’est un projet qui serait créateur d’emplois, qui permettrait à nos entrepreneurs locaux de travailler et amènerait aussi une certaine richesse au niveau des communautés autochtones au même type que la nôtre. Ça nous permettrait de sortir de cette dévitalisation […] C’est une énergie de transition pour peut-être 25 ans, je pense que c’est un beau projet pour la région», défend Pierre-David Tremblay.

163 km du tracé de la conduite souterraine de transport de gaz naturel, traverserait la Haute-Mauricie dès la mise en service, en 2024. Rappelons que s’il se réalise, Gazoduq générera des retombées annuelles totales de 10M$ pour La Tuque. Les estimations révèlent que la Ville recevra 2,5M$ en taxes pour la partie située sur les terres privées, alors que le fonds Gazoduq pour les terres publiques lui versera 5,9M$. 8,4M$ de nouvel argent entreront donc directement dans les coffres de la ville.

En plus, un montant annuel de 654 000 $ sera remis par Gazoduq à un organisme communautaire et un autre, de 580 000$, sera versé à l’éducation.

«On n’est pas sur pause»

L’entreprise réagit favorablement à l’intervention du maire Tremblay. «On n’est pas sur pause […] On est plus au ralenti, c’est certain. Mais on avance», assure Marie-Christine Demers, directrice principale, Affaires publiques et relations avec les communautés, chez Gazoduq.

«Ce que j’entends dans la sortie du maire, c’est que les régions ne veulent pas être oubliées»

Marie-Christine Demers

La prochaine étape prévue au programme est le dépôt d’une étude d’impact. «Une des choses qu’il fallait faire était de poursuivre nos consultations. On a récolté beaucoup de matériel avec nos différentes études sur le terrain, on voulait les partager avec la population et les groupes qui participent à nos activités de consultation. On n’a pas encore eu la chance de le faire» signale Mme Demers.

Avec la question des interdictions de rassemblement, l’entreprise réfléchit actuellement sur les façons de poursuivre les consultations.

S’il plane une impression que le gouvernement du Québec s’est refroidi face au projet, Gazoduq doit faire ses devoirs : «Le message du gouvernement a toujours été clair à l’effet qu’on devait passer, comme n’importe quel grand projet, à travers toutes les étapes d’un processus d’évaluation rigoureux […] On sait qu’on doit faire nos devoirs et on prend ça très au sérieux. Ce que j’entends dans la sortie du maire, c’est que dans le cadre de la relance économique du Québec, les régions ne veulent pas être oubliées». Pour plusieurs régions, soutient-elle, Gazoduq représente un outil parfait pour cette relance, avec les retombées positives envisagées.

Le récent retrait d’un investisseur peut avoir ralenti le projet, mais les investisseurs sont toujours présents : «C’est ce qui nous permet de continuer. Est-ce qu’on a besoin de poursuivre cette recherche de financement ? Définitivement».

C’est quotidiennement que l’entreprise travaille à maintenir l’acceptabilité sociale, soutient Marie-Christine Demers : «On doit s’assurer d’être présents quand les gens veulent nous voir. C’est quelque chose sur lequel on travaille depuis le début. On veut continuer de le faire. Il y aura des audiences et ce seront des forums privilégiés pour pouvoir juger de l’acceptabilité de notre projet».

La population de nombreuses villes mais aussi les communautés autochtones sont sondées par Gazoduq. Celles-ci doivent évaluer l’impact du Gazoduq sur leurs activités traditionnelles. «On a eu des bonnes nouvelles, au début mars. Huit communautés de trois nations différentes se sont alliées, des communautés atikamekw, innues et algonquines, sept au Québec et une en Ontario à se sont mis ensemble pour orchestrer la forme de négociation ou de consultation qui va avoir lieu avec Gazoduq. C’est la première étape de processus qui doit se poursuivre», annonce Mme Demers.

Les échéanciers n’ont pas bougé. La mise en service est toujours prévue pour 2025 : «Avec ce qui se passe, on est pas différent des autres, ça nous affecte également. On a reporté des activités de consultation, ce sont des délais qui s’accumulent. Au global, le projet s’aligne toujours pour être livré pour 2025».

Gazoduq veut passer à travers toutes les étapes de développement pouvant mener à la réalisation du projet. «C’est un processus qu’on prend très au sérieux et on va continuer à faire nos devoirs», a-t-elle conclu.