Incapables de trouver un logement depuis 6 mois parce qu’ils sont autochtones

Une famille de La Tuque a toutes les misères du monde à se trouver un appartement à La Tuque, en raison de ses origines Atikamekw.

Depuis six mois, ils tentent sans succès de trouver un logement, puisque la maison dans laquelle ils vivent a été vendue et doit être libérée le 1er juillet.

«Malgré le fait que mon conjoint et moi sommes stables, avec de bons emplois, de bons salaires, une famille tranquille, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, nous n’accusons que des réponses négatives… Simplement parce que nous sommes autochtones», dénoncent-ils sur Facebook.

Une amie du couple, Sophie Giroux, tente désespérément de lui venir en aide. C’est à elle que L’Écho a parlé. Mme Giroux multiplie les appels téléphoniques pour que cette famille avec trois enfants trouve un logis.

«Moi, j’appelais pour des appartements, on me disait qu’ils étaient à louer, à des prix raisonnables. Quand elle rappelait, on lui disait : non, finalement, on les loue à des travailleurs, il y a quelqu’un dedans ou je peux te le faire, mais à 1 200$ au lieu de 600$. 1 200$ pour un 5 1/2 à La Tuque. C’est nettement exagéré», déplore Mme Giroux.

Plusieurs propriétaires ont été contactés au fil des dernières semaines, toujours sans succès.

Des demandes ont même été faites pour des logements dans des habitations à loyer modiques ou des logements sociaux, mais le couple a des revenus trop élevés pour des loyers modiques.

On ne désespère pas, mais la dénonciation publique d’imposait. «On essaie de trouver des solutions comme on peut. C’est pour ça qu’on a pris le temps de faire le «post» sur Spotted Ville de La Tuque. C’est notre responsabilité à tous de dénoncer ces situations, pour aider ces gens-là, parce que ça n’a pas de sens».

Au moment d’écrire ces lignes, la publication sur Spotted Ville de La Tuque avait été partagée plus de 275 fois.

«C’est une responsabilité collective, de dénoncer le racisme. À La Tuque, nous avons une population autochtone jeune et grandissante. Il faut prôner une cohabitation harmonieuse»

-Laurianne Pétiquay

La directrice générale du Centre d’amitié autochtone de La Tuque (CAALT), Laurianne Pétiquay, souscrit à cette dénonciation. L’organisme qu’elle dirige oriente souvent sa clientèle qui se cherche un logis et elle constate que des propriétaires refusent de louer à des autochtones.

«Des propriétaires disent : je ne loue pas à des autochtones, je ne loue pas à des «indiens». C’est à La Tuque !», s’indigne-t-elle. On lui a rapporté des préjugés tels que : «je ne louerai pas à des autochtones, ils vont arriver avec toute la tribu».

«C’est de la pure et simple discrimination raciale. J’espère que ce ne sont pas tous les propriétaires qui font ça, mais c’est clair que ça existe à La Tuque», tonne Mme Pétiquay, qui insiste sur le fait que ce ne sont pas tous les autochtones qui vivent des problèmes. Selon elle, les gens qui minimisent cette discrimination raciale font partie du problème.

Elle a rapporté qu’une résidente de Manawan vivant à La Tuque, avait placé une banderole Justice pour Joyce sur son balcon en appui à Joyce Echaquan (dont l’enquête sur sa mort se poursuit). Elle s’est vue refuser le droit de l’afficher par son propriétaire, qui l’a avisée qu’il fallait lui «demander une autorisation avant de faire des modifications à la galerie».

Mme Pétiquay croit que le fait de dénoncer peuvent amener les choses à changer.