De La Croche aux tablettes des épiceries

ÉCONOMIE. À l’épicerie, vous avez peut-être vu et même acheté des salades des « Jardins de Marie-Lise », des produits cultivés et récoltés en Haute-Mauricie, plus précisément à une dizaine de kilomètres au nord du village de la Croche. Rencontre avec de nouveaux Latuquois qui font leur marque.

Marie-Lise Garceau, originaire du Nouveau-Brunswick et Christopher Conrad, né au Bengladesh, se sont installés dans le secteur La Croche de la Ville de La Tuque en 2010, las des grands centres et désireux de renouer avec la nature. Alors qu’ils vivaient à St-Tite, où ils ont habité un an, après avoir demeuré à Montréal, ils cherchaient un terrain pour mettre leur projet à exécution.  La Croche leur offrait un emplacement parfait, à un prix abordable. Il a fallu défricher, préparer le terrain pour les serres, mais le jeu en a valu la chandelle.

Dès 2011, le couple envisage de cultiver des salades, des tomates pour la vente, mais le projet verra le jour plus lentement en raison d’un accident qui a laissé des séquelles à M. Conrad, pour qui le travail lourd est devenu plus difficile. Qu’à cela ne tienne, l’accident n’a pas ralenti sa détermination.

Depuis quatre ans, trois serres ont pris forme et sont en opération de mai à la fin septembre. Tout a été aménagé par Marie-Lise Garceau et Christopher Conrad. Autodidacte, M. Conrad avoue même avoir appris des pans de son nouveau métier sur YouTube, ce qui lui réussit très bien. « On apprend chaque année. Avant, je n’avais aucune idée comment faire ça », avoue-t-il. « On pensait qu’on savait un peu », rigole Marie-Lise Garceau.

Il y a même appris comment construire une serre, qu’il isole avec une seconde couche de plastique pour laisser entrer de l’air entre les deux couches.

Des passionnés

Composer avec l’humidité, le froid, la nuit, la chaleur et l’arrosage demande toute une technique, si on ne veut pas gâcher sa récolte.

On fait recirculer l’eau avec un système de pompes. « On utilise 90% moins d’eau que ce qu’on prendrait régulièrement », indique

M. Conrad. Ils ont aussi prévu une alimentation alternative en électricité avec des génératrices.

Le couple y cultive principalement de la laitue frisée et de la Boston, deux variétés qui, évaluent-ils, sont plus résistantes à la chaleur. Au fur et à mesure qu’on avance dans la serre, on y trouve plants de plus en plus matures. On produit 250 salades par semaine, pendant une saison qui dure près de six mois.

Dans une autre de leurs serres, poussent des tomates, des courgettes, des concombres, un peu de poivrons. En tout, les Jardins de Marie-Lise font croître 130 plants de tomates, déterminées et indéterminées. On tente aussi une expérience avec une variété de petites tomates en provenance de Sibérie.

Habile de ses mains, M. Conrad a même dû allonger une serre, pas assez haute pour ses tomates indéterminées.

« On travaille 15, 16 heures par jour, 7 jours sur 7 », évalue Christopher Conrad, arrivé au Canada en 1996. M. Conrad est aussi artiste peintre paysager.

« On est obligé de se restreindre dans la dimension de la serre à cause de la montée des prix » remarque Mme Garceau, mais le couple souhaiterait éventuellement ajouter deux serres de plus à ses installations. Ils estiment aussi que leurs rejets biologiques des poissons qu’ils souhaitent éventuellement ajouter à leurs installations, pourront servir d’engrais.

C’est une belle fierté pour Marie-Lise Garceau et Christopher Conrad de voir que leurs salades et tomates ont pu se frayer un chemin jusqu’à deux épiceries locales, IGA et Richelieu.

Ils vendent aussi leurs produits aux clients qui leur font signe. « Il y en a qui sont venus, de plus loin que La Tuque et qui achètent 40 livres de tomates pour faire leur ketchup vert », signale Mme Garceau.

Si le goût de leurs produits est excellent, le couple l’attribue en bonne partie à la qualité de l’eau qui provient d’un puits, tout près de la maison.

« On veut donner la meilleure qualité, au meilleur prix possible », se promet Marie-Lise Garceau.