Plus aucune mise en échec à La Tuque

HOCKEY. Les dirigeants d’Hockey Québec ont annoncé la fin de la mise en échec pour les catégories bantam CC et midget BB en 2015-16, une décision basée sur le niveau de développement des joueurs, la différence entre leurs habiletés, leur maturité et leur sécurité. Pour La Tuque, cela signifie qu’il n’y aura plus aucune catégorie où la mise en échec sera permise.

Selon les données d’Hockey Québec, un seul joueur évoluant au niveau midget BB a réussi à se tailler un poste au sein d’une formation midget AAA en 2014-15. Dans le bantam CC, 82% des joueurs de première année proviennent d’un niveau où la mise en échec n’est pas présente, taux qui descend à 43% pour les joueurs midgets BB.

Les réactions

L’Écho a questionné des intervenants et des joueurs qui ont déjà percé l’alignement d’une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) afin de connaître leur opinion.

Éric Couture, président du hockey mineur

Le président du Hockey mineur de La Tuque, Éric Couture, se réjouit de la décision prise par Hockey Québec. «Nous avons qu’une seule équipe double lettre cette année, et c’est le pee-wee CC. Le bassin réduit de joueurs de La Tuque fait qu’il est difficile d’aligner des équipes double lettre. Avec le junior A, nous avons une centaine de joueurs inscrits. Ça fait longtemps qu’il y a des discussions à ce sujet, et il y a aussi une recrudescence du nombre de commotion cérébrale. Il existe différents aspects au hockey, et on pourra mettre en valeur les compétences. C’est seulement une minorité qui perce à un plus haut niveau et je crois que le jeune pourra apprendre les techniques de la mise en échec en temps et lieu. De toute façon, si un jeune de La Tuque a un beau potentiel, il va s’expatrier de toute façon. Le Québec est à l’avant-garde et lors de l’association des présidents en Mauricie, tous les présidents saluaient la décision.»

Tommy Tremblay

«Le hockey s’en va vers une autre époque, et je crois qu’il y a toujours moyen d’arriver à nos fins. C’est certain que ça aide de jouer contact en bas âge pour acquérir des habilités physiques. Est-ce que c’est possible de former des joueurs de haut niveau sans l’aspect physique? Poser la question c’est y répondre! De ne plus voir des mises en échec dans les catégories bantam CC et midget BB, ce n’est pas la fin du monde. Mais pour les petites localités comme La Tuque, ça a des impacts. Le joueur qui a moindrement de talent va devoir sortir de La Tuque. Mais l’aspect physique n’est qu’un aspect du jeu, il existe tellement d’autres habiletés à développer.»

Morgan Adams-Moisan

Le Latuquois Morgan Adams-Moisan qui évolue avec l’Armada dans la LHJMQ a disputé deux saisons à La Tuque dans la catégorie bantam BB avant de jouer avec les Estacades midget AAA. «Je ne crois pas que j’aurais pu atteindre la LHJMQ sans avoir appris la technique de la mise en échec. En plus, l’aspect physique fait partie de mon jeu. C’est moins pire pour les grands centres, mais c’est déplorable pour La Tuque et les régions plus éloignées. Mais Hockey Québec a ses raisons, et c’est certain que ça va permettre de diminuer le nombre de commotions.»

Anthony Quessy

«Il existe plusieurs facettes à cette décision et je comprends Hockey Québec de vouloir diminuer le nombre de commotions. Mais avant d’y aller de façon drastique, je crois qu’il serait préférable qu’on pénalise le troisième homme qui donne une mise en échec comme la Ligue nationale le fait pour le troisième homme dans une bagarre. C’est plate pour La Tuque, parce que la réalité n’est pas la même en région. Pour ma part, j’ai eu la chance de m’améliorer physiquement à La Tuque jusqu’à ma deuxième année bantam. Dans les deux dernières années, il y a deux jeunes qui ont percé au midget AAA avec Morgan et Kevin Flamand, ce qu’on n’avait jamais vu avant. Pour La Tuque, cette décision va faire mal. Les petits gars avaient une chance de goûter aux contacts, ce qu’ils ne pourront plus faire. Selon moi, Hockey Québec devrait enseigner la mise en échec plus tôt, que de l’enlever. C’est certain que les gars de 14-15 ans qui commencent à apprendre l’aspect physique avec la testostérone dans le plancher, ce n’est pas l’idéal.»