Le lac St-Louis : un laboratoire grandeur nature

Le lac St-louis est aux prises avec un problème de cyanobactéries depuis quelques années. Depuis le mois d’août dernier, le lac en plein centre-ville de La Tuque fait l’objet d’un projet-pilote afin de contrôler les cyanobactéries par un système d’ultra-sons inventé par Musilab, qui relève du Cégep de Drummondville. Le projet-pilote semble concluant et bien d’autres municipalités ou associations de lacs pourraient profiter de cette invention.

L’appareil se nomme Cyanocide. Il est situé dans le sac St-Louis et émet une fréquence de 1,7 mégahertz, une très haute fréquence, afin de contrôler les cyanobactéries. Toutefois, Musilab a été fermé par le ministère de l’Éducation, et le créateur de l’appareil, Marcel Boutin, a demandé un brevet sous le nom d’une nouvelle entreprise : Produitson. «Je pensais qu’il était intéressant de continuer à opérer le produit», indique M. Boutin.

 

Et ce dernier pourrait bien détenir une petite mine d’or entre les mains, puisqu’il existe peu d’entreprises qui développent des produits ultrasoniques au Québec.

 

Un appareil semblable avait été inventé en Belgique pour les fermes de production de fleurs. Des micros algues bouchaient les buses d’arrosages et les ultras sons les détruisaient. Certains chercheurs croyaient que cela aurait un impact sur les cyanobactéries, mais non. « Chaque élément dans la nature est sensibilisé par une fréquence précise, et cette fréquence peut avoir peu d’impact sur d’autres éléments, explique M. Boutin. Nous n’avions pas la foi dans le produit européen, alors nous avons tout recommencé à zéro. L’objectif était de trouver la bonne fréquence pour le projet-pilote du lac St-Louis. Nous avons créé un réacteur ultrasonique. L’objectif ultime est de tenter le plus rapidement possible de faire des tests dans un autre lac dont la faune et la flore sont plus diversifiées. On termine les tests à La Tuque cet été, et les résultats devraient démontrer le bon fonctionnement de l’appareil. On est certain de notre coup, les ultrasons n’ont pas d’impact sur la faune et la flore du lac.»

 

Cette dernière affirmation de M. Boutin est très importante, puisque ce projet fait partie du Fonds municipal vert, qui est géré par la Fédération canadienne municipale. Et selon les exigences du programme, le produit utilisé ne doit pas avoir d’impacts sur les autres plantes et sur la faune du lac.

Comprendre l’inconnu

Toutefois, le projet-pilote de La Tuque s’effectue dans un cadre rigide et superviser par le ministère de l’Environnement. La Ville de La Tuque a dû réaliser l’inventaire du lac St-Louis avant d’obtenir le projet-pilote des ultrasons. La Tuque défraie la moitié des coûts pour le projet de 60 000 $ au total. « Nous n’avons pas de poisson dans le lac, c’est pour ça que notre projet a été facilement accepté. La machine semble très bien fonctionner et elle nous appartiendra ensuite, précise Louis Loiselle, ingénieur pour Ville de La Tuque. Lorsque nous avons reçu le rapport d’étape en octobre dernier, on constatait l’absence de cyanobactéries.»

L’expertise de Ville de La Tuque pourra ensuite être partagée à d’autres municipalités. Et déjà, M. Loiselle est déjà sollicité par d’autres villes.

 

Par contre, bonne chance aux chercheurs pour comprendre les cyanobactéries, puisqu’il en existe des milliers. «C’est l’un des premiers micro-organismes sur terre, informe M. Loiselle. Elles font de la photosynthèse, mais se développent comme une bactérie, pas comme une plante. Elles ont un comportement différent d’un lac à l’autre. Les ultrasons ont fait apparaître des lentilles d’eau, et elles ont décidé de remporter la guerre contre les cyanobactéries du lac St-Louis. Mais comme il s’agit d’un projet-pilote, nous ne pouvons pas toucher au lac.»

 

Ce sont les cyanotoxines qui sont dommageables pour l’humain. Mais les chercheurs sont incapables de faire une corrélation entre les cyanobactéries et la cyanotoxine dans un lac. Parfois, on retrouve peu de cyanobactéries et beaucoup de cyanotoxines ou parfois le contraire.

 

Les recherches sont entamées!

Les cyanobactéries en 2009

– 16 stations d’eau potable municipales ont fait l’objet d’un suivi ou d’une vérification

– 7 plans d’eau ont fait l’objet de restrictions d’usages

– 5 plans d’eau ou secteurs ont été fermés par une interdiction de certains usages

– 2 plages publiques ont été fermées

– Le suivi des stations municipales s’est terminé le 14 décembre 2009

– Le MDDEP a visité plus de 220 plans d’eau (du 1er mai au 15 décembre 2009)

– Parmi ces plans d’eau, 150 étaient touchés par une fleur d’eau et 47 d’entre eux (31%) l’étaient pour la première fois cette année

– 51% des cas de fleurs d’eau en juillet et en août

– 14 régions administratives concernées, regroupant 149 municipalités

– Aucun avis de non-consommation d’eau potable n’a été émis

– Le MDDEP a analysé 1229 échantillons de cyanotoxines et d’algues bleu vert, consacré 8210 heures de laboratoire et alloué 656 840$ aux analyses de laboratoire

 

Source : www.mddep.gouv.qc.ca