Précisions du curé Marc Lahaie

ÉGLISE. Voici un texte du prêtre Marc Lahaie qui apporte certaines précisions en lien avec le dossier de l’église St-Zéphirin qui est en mauvais état. Il l’a d’abord publié sur sa page facebook, avant de faire parvenir ce texte à la rédaction de l’Écho.

«Pour ceux et celles qui ont vu l’entrevue hier à Radio-Canada, journal de la Maurice, sur le mur de façade de l’église Saint-Zéphirin qui risque de s’effondrer, je voulais juste apporter une précision importante pour moi… pour ceux qui me connaissent bien.

Normalement, l’entrevue aurait été avec le responsable des administrateurs (président des marguilliers) ou celui qui est entrepreneur en construction et qui lead le dossier pour l’entrevue. Mais l’équipe de Radio-Canada est arrivé en cognant à la porte en demandant à me parler. Les autres n’étant pas là, j’ai accepté de répondre aux questions en donnant en premier le fil des événements depuis jeudi où nous avons appris que le mur pouvait représenter un risque. J’ai donné aussi le contexte dans l’entrevue: j’ai ainsi parlé des 500 000$ qui ont été investis sur le toit et un autre mur depuis 6 ans. J’ai parlé d’un carnet de santé de la bâtisse, des dépenses prévisibles pour cette façade (200 000$) et les autres travaux importants à réaliser dans les années qui viennent pour sauver la bâtisse (au minimum 600 000$)… J’ai voulu insister que des grandes décisions devaient être prises cet automne et que le processus, heureusement était déjà bien entamé, avec des discussions avec la ville qui s’implique bien dans le dossier. J’étais content de dire qu’il y avait de prévu une journée de discernement et d’indication de choix, de scénarios possibles samedi le 13 septembre prochain. Je mentionnais alors que les choix seraient difficiles parce que l’église, construite il y a à peine 80 ans par nos ancêtres recèlent des trésors patrimoniaux (cloches, orgue, etc). Je disais aussi et surtout que si la population veut garder ce «château», on ne pouvait plus se fier sur l’Église catholique puisque ce n’est pas notre mission première qui doit être d’être proche des personnes souffrantes, et que les prévisions actuarielles pour les 15 prochaines années nous présentent une réalité où les revenus vont diminuer de moitié puisque nous ne survivons que des dons.

Évidemment, il fallait qu’ils coupent au montage, mais à ma surprise, il a résumé en disant que je (le curé) voulais sauver son église en mettant uniquement le petit extrait où je mentionne que l’église Saint Zéphirin recèle des richesses impressionnantes.

Mon avis personnel est quasiment le contraire et les gens le savent déjà… les catholiques (et la population aussi d’une certaine manière) auront à choisir entre la belle église et le curé si jamais on oublie la mission pour laquelle je me suis consacrée. Je n’ai voulu devenir prêtre pour sauver des châteaux, même si je suis capable de reconnaître la beauté et la valeur patrimoniale. Je m’expliquerai davantage le samedi 13 septembre.

À noter qu’en écrivant ce texte ce matin sur facebook que je ne suis pas fâché ou frustré de l’entrevue. Tout a été très cordial. J’apprécie beaucoup ce journaliste. J’ai été seulement surpris et j’ai décidé ce matin d’utiliser ce média, Facebook, pour donner les nuances.

Mais quand j’essaie d’expliquer ce qui m’importe au sens de la foi, de la spiritualité, quand j’essaie d’expliquer où on devrait mettre à mon avis nos ressources de temps, ressources financières selon le révolutionnaire Jésus, je suis rarement compris vraiment… avec les conséquences que ça peut avoir. Et je suis certain que le journaliste Pierre Marceau a choisi ses mots avec cœur et professionnellement pour transmettre pas simplement la nouvelle d’un mur qui risque de s’affaisser, mais aussi de sa sensibilité pour un petit curé qui fait pitié parce qu’il risque de perdre son église.

Pour les québécois, en autant qu’on ait encore notre église et un curé au besoin (funérailles, extrême-onction, baptême ou un mariage) on est correct. Pour moi, l’Église est une gang de passionnés pour qui la vie, l’amour, le soutien aux gens dans l’épreuve sont plus important que la gloire, l’argent, le pouvoir. Et que ça nous rend heureux de faire une différence là où on peut mettre notre grain de sel.

Marc Lahaie.»