Une Église qui se tourne vers les communautés de base

COMMUNAUTÉ. L’éventuelle démolition de l’église Marie-Médiatrice n’est pas sans rappeler que l’Église est en train de vivre de profonds changements.

Des changements qui s’opèrent doucement, mais dont on voit déjà les résultats sur le terrain. L’Église de demain sera beaucoup orientée vers les actions de groupes comme les Communautés de base Justice et Solidarité. Quatre de ces groupes existent en Haute-Mauricie et regroupent en tout, une trentaine de membres.

Selon le curé de la paroisse St-Martin-de-Tours, Marc Lahaie, les actions de l’Église, via un nouveau tournant missionnaire, vont de plus en plus se tourner vers les gens, la communauté, au lieu de simplement représenter l’institution matérielle qu’a toujours été l’église.

«Dans le diocèse, on va passer, de 2015 à 2020, dans le tournant missionnaire. Autrefois, c’était l’église, le clocher, la paroisse. De plus en plus, avec ce tournant missionnaire, il y aura trois types de groupes : les petits groupes de 5 à 15 personnes, les groupes intermédiaires de 30 ou 40 personnes, ainsi que les grandes assemblées, les foules. Autrefois, l’Église était dans la foule, mais ça, c’est un des types de rassemblements et un des caractères d’expression de la foi», explique Marc Lahaie. La «grand-messe» devient donc complémentaire aux rendez-vous des petits groupes qui vivent leur foi autrement, dans l’échange d’abord, en complicité avec des intervenants de la paroisse.

Les Communautés de base justice et solidarité ont été créées dans la région de Montréal, là où il se vit beaucoup de pauvreté et d’isolement, puis adaptées aux réalités des différentes régions.

Briser l’isolement

«C’est beaucoup aussi pour sortir les gens de l’isolement. C’est un endroit pour partager, par rapport à la parole de Dieu, qui est le cœur de nos rencontres», résume Suzelle Doucet, agente de pastorale et accompagnatrice spirituelle à la paroisse St-Martin-de-Tours.

Ainsi, les participants du groupe se retrouvent mensuellement autour d’une table de cuisine chez l’un ou l’autre d’entre eux. Le groupe ne fait pas que discuter. Il s’engage dans des actions de la communauté. On les a déjà vus s’impliquer dans des événements comme la marche de Prévention suicide. «Chaque année, on se demande vers quels groupe ou organisme communautaire on devrait aller», poursuit Suzelle Doucet.

« Ça apporte un élément de solidarité. On est tous solidaires», évoque une participante, Angèle Dontigny, qui est à l’origine du premier groupe, fondé à Rivière-aux-Rats, il y a 18 ans. Personne n’est jugé par les autres. Les participants y discutent d’éléments relatifs à la foi et on les approfondit, pour mieux les comprendre et mieux maîtriser le monde. S’ils vivent des éléments personnels comme un deuil ou la maladie, ils peuvent les partager avec le groupe dont le mot d’ordre est la discrétion.

« Ce n’est pas un groupe fermé, dans le sens où les gens viennent voir. Si ça ne répond pas à leurs besoins, ils partent. Mais on est très ouvert, on accueille toutes les personnes qui ont le goût de venir nous voir», poursuit Mme Doucet. « L’accueil est vraiment sincère», enchaîne une autre participante.

Marc Lahaie insiste: ces groupes ne sont surtout pas marginaux. «C’est le terreau, c’est la force, parce que c’est là qu’il y a le plus d’esprit, même si c’est discret. Ce n’est pas marginal, c’est le cœur».

On peut obtenir de plus amples informations au presbytère St-Zéphirin.