Les Atikamekws déclarent leur souveraineté sur le Nitaskinan

REVENDICATIONS TERRITORIALES . Dans un communiqué qu’ils viennent de publier, les Atikamekws viennent de déclarer leur souveraineté sur le Nitaskinan, un territoire de 80 000 kilomètres. Les trois chefs des communautés Atikamekws du Haut-St-Maurice, accompagnés du nouveau Grand chef du Conseil de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, espèrent maintenant voir leurs droits ancestraux reconnus sur ce territoire.

«Possédant un titre ancestral et des droits ancestraux toujours bafoués malgré des négociations territoriales qui perdurent depuis plus de 35 ans, ainsi qu’une souveraineté préexistante n’ayant jamais été abandonnée malgré 400 ans de colonialisme étatique, la Nation Atikamekw passe en mode d’affirmation unilatérale de ses droits sur son territoire ancestral, le Nitaskinan. Elle exige dorénavant son consentement pour tout développement, usage et exploitation des ressources qui s’y trouvent», indiquait-il, par voie de communiqué.

« Il est fini le temps de la négation des droits non cédés par les Atikamekws, au profit d’un État qui impose ses règles comme si ces droits n’existaient pas. Notre juridiction, nos règles et nos conditions devront désormais être respectées », a déclaré le Grand Chef, Constant Awashish.

« Depuis des décennies, nous sommes confrontés à un statu quo qui, pour notre communauté, signifie un recul. Devant le cul-de-sac de nos relations, autant avec le gouvernement fédéral qu’avec le gouvernement québécois, ainsi que devant le mur d’indifférence qui bloque notre développement, nous n’avons pas d’autres choix que de prendre nous-mêmes les moyens nécessaires pour forcer le changement », a ajouté le Chef des Atikamekws d’Opitciwan, Christian Awashish.

« Nos communautés ne s’opposent pas au développement en soi, elles s’opposent uniquement au développement conduit de telle manière qu’il menace notre culture distinctive et notre mode de vie sans tenir compte de la spécificité de notre peuple. Nous devons agir, affirmait le Chef de Manawan, Jean-Roch Ottawa.

« Notre territoire, le Nitaskinan, n’est pas une marchandise dont on peut disposer au gré des besoins des entreprises pour leurs seuls intérêts économiques. Dorénavant, la première condition à tout développement sur notre territoire sera d’assurer qu’il bénéficie d’abord aux Atikamekws », a, pour sa part, indiqué David Boivin, Chef de Wemotaci.

Le Grand Chef Awashish ne veut alarmer personne. « Nous ne sommes pas là pour déclarer la guerre ni mettre les gens dehors. Nous voulons seulement faire valoir nos droits sur ce territoire», a-t-il indiqué à TC Média.

Ce dernier ne cache pas qu’il attend une réaction gouvernementale dans les prochains jours. Cette action fait suite au jugement William, qualifié d’historique, qui reconnaît aux premières nations des droits historiques sur des terres ancestrales en Colombie-Britannique.