Un premier déjeuner fort populaire pour la Chambre

BIOÉNERGIE. La saison de la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-St-Maurice a débuté sur les chapeaux de roue : il y avait pas moins de 86 personnes dans la salle Hydro-Québec du Complexe culturel Félix-Leclerc pour le premier déjeuner.

Le sujet était d’intérêt majeur pour la communauté des affaires: la bioraffinerie forestière commerciale, qu’on espère voir s’établir dans la région d’ici 2023.

Rappelant le potentiel de création de 490 emplois, Patrice Bergeron, président et Patrice Mangin, directeur général de Bioénergie La Tuque (BELT) ont fourni un exposé technique aux participants de ce rendez-vous matinal de la Chambre.

L’objectif est d’exploiter et de valoriser 1,2 million de tonnes métriques vertes de résidus forestiers sur le territoire de la Mauricie.

«C’est sûr qu’il y a des sceptiques. J’en ai rencontré. On m’a toujours dit : oui, mais… Ma job, c’est d’enlever les «mais» pour garder les «oui», annonce d’entrée de jeu Patrice Mangin.

Celui –ci rappelait que c’est en avril 2010 que le projet a été présenté pour la première fois au conseil municipal de la Tuque. « Nous avons commencé par un petit pas. C’était le pyrolyseur mobile. J’avais déjà ce que j’ai en tête depuis le début mais je m’imaginais mal de dire à M. le maire que j’avais un projet d’un milliard», a raconté Patrice Mangin.

Tendances de l’avenir

Selon ce dernier, les grandes tendances de l’avenir vont amener un chiffre d’affaires mondial 1 300 G$. «On veut enlever le pétrole, réduire le carbone et en même temps, on a besoin de plus en plus d’énergie. On a Hydro-Québec, c’est génial, mes la biomasse on n’a encore rien fait avec et le gouvernement est très ouvert à ce genre de choses», poursuit-il.

En matière de développement durable et d’environnement, on cadre avec les politiques et stratégies actuelles.

Problèmes socio-économiques importants, situation de région mono industrielle, fermetures d’usines dans les dernières années, réduction du nombre d’emplois, diminution de la population, exode des jeunes et des aînés, voilà autant d’éléments sur lesquels l’arrivée d’une bioraffinerie forestière pourrait placer un baume rafraîchissant.

« Il y a une culture entrepreneuriale à encourager, à développer, mais il ne faut pas oublier que la pierre angulaire est la forêt», explique Patrice Bergeron.

Ce dernier a rappelé que La Tuque dispose de nombreux atouts : les activités industrielles génèrent des tonnes de résidus forestiers. « Ils restent là. Tout le monde qui se promène en forêt les a vus sur le bord du chemin». Le réseau routier donne aussi un bon accès à cette ressource. Le chemin de fer permettrait également le transport de la matière première. Le fait que la Haute-Mauricie compte sur de nombreuses entreprises forestières peut également aider le projet.

« Le site Vallières est tout indiqué pour recevoir ce genre d’industries», pense M. Bergeron.

Il a rappelé que les missions commerciales effectuées pour promouvoir le projet ont permis d’identifier des investisseurs potentiels qui ont démontré de l’intérêt.

On y croit

Une réunion de démarrage, la semaine dernière, en compagnie d’une trentaine d’experts, a permis d’encore mieux jeter les bases du projet. Tout le monde y croit ajoute M. Mangin. « Un expert peut se tromper, deux, c’est plus dur. Quand on arrive à une trentaine, les probabilités sont au niveau zéro».

On veut éviter une explosion des coûts de transport de la biomasse vers la future usine de La Tuque. « Le transport et un point crucial sur lequel on va travailler (…) on n’aura pas le choix d’utiliser la densification énergétique», note Patrice Bergeron.

Il s’agit de donner plus de densité aux matières solides recueillies pour éviter de transporter de l’air et de l’eau, ce qui peut faire augmenter considérablement les coûts de transport. « Si on prenait seulement la branche et on la transportait vers l’usine, ce serait seulement 20 % de solide qu’on transporterait», évalue l’ingénieur forestier. On vise à densifier la ressource par pyrolyse, près du lieu de récolte, avant le transport à l’usine.

On sait que le gouvernement du Québec a injecté 1,5 M$ cette semaine dans le projet, pour aider aux études de faisabilité. Une tentative a également été effectuée auprès d’Ottawa, via le député fédéral du comté de St-Maurice Champlain, François Philippe Champagne. « On est en discussion avec le fédéral pour du financement», a confirmé Patrice Bergeron.

La pyrolyse selon Wikipedia

La pyrolyse est la décomposition (ou thermolyse) d’un composé organique par une augmentation importante de sa température pour obtenir d’autres produits (gaz et matière) qu’il ne contenait pas. Source : Wikipedia