Mobilisation pour prévenir la fin du DEP en secrétariat et comptabilité à La Tuque

COMPRESSIONS. Les 14 élèves qui étudient actuellement dans le but d’obtenir un diplôme d’études professionnelles en secrétariat ou en comptabilité ont appris, jeudi dernier, de la bouche du directeur du Carrefour formation Mauricie (CFM), Denis Lampron, que le centre de l’école Champagnat à La Tuque allait fermer ses portes au plus tard le 8 juillet prochain.

Selon ce qu’il a été possible d’apprendre, la fermeture serait due à des motifs budgétaires. Les étudiantes auraient été invitées à poursuivre leur formation soit à Shawinigan ou à distance via la Commission scolaire de la Riveraine. Bien que confirmée par la Commission scolaire de l’Énergie, la nouvelle n’a pas encore fait l’objet d’une réaction officielle de son directeur général Denis Lemaire, ce qui devrait venir mercredi ou jeudi.

« Nous avons quatre étudiantes qui ont débuté leur formation le 4 mai dernier», déplore Céline Métivier, enseignante responsable du centre de La Tuque du CFM. Elle appuie ses élèves, qui, depuis jeudi dernier, multiplient les démarches afin de faire renverser la vapeur.

«Le directeur nous l’a appris dans le cadre de porte, alors que nous étions en examen», disait une étudiante, sidérée par cette annonce. Il faut savoir qu’en secrétariat ou en comptabilité, on ne fonctionne pas sous forme de cohorte, mais les étudiantes entrent à différents moments de l’année.

Toutes ne sont donc pas au même niveau dans leur apprentissage, dont la durée des cours est de 1485 heures pour le diplôme d’études professionnelles en secrétariat et 1350 pour celui qui touche la comptabilité. On parle d’un an et demi d’études. Plusieurs se préparent à terminer alors que dans le cas d’autres, on n’en était qu’au début.

Taux de placement de 90 %

Depuis 2008, époque où Mme Métivier en a pris la responsabilité, le CFM à La Tuque a accueilli 147 élèves, la moitié en comptabilité et l’autre en secrétariat. Il y a eu 63 abandons, mais, aux dires de cette dernière, le taux de placement des élèves qui ont complété leurs cours frôle les 90 %.

Selon l’enseignante, de nombreux employeurs du Haut-St-Maurice font appel aux services des élèves formées par son équipe, dont des entreprises telles West Rock, le CIUSSS, Rémabec, Ville de La Tuque, Résolu en plus de plusieurs autres.

La note de passage requise pour bon nombre de cours est de 75 % et va même jusqu’à 85 % dans des formations qui touchent le français.

«Les employeurs les adorent. Les filles sont autonomes en entrant dans le bureau. Elles savent tout, les procès-verbaux, ordres du jour, elles apprennent tout cela. Les comptables excellent dans Excel, résume Mme Métivier qui va jusqu’à considérer que les élèves sont mieux équipées avec un DEP qu’avec un diplôme d’études collégiales parce qu’elles sont plus fonctionnelles. Il y a beaucoup de gens qui vont prendre leur retraite et les entreprises ont des besoins».

Appuis

Les élèves n’ont ni une ni deux fait et se sont rendues au bureau du maire, Normand Beaudoin, dans l’espoir d’obtenir un appui. Celui-ci leur a d’ailleurs rendu visite mardi matin. La députée Julie Boulet, le Carrefour emploi du Haut-St-Maurice, la Chambre de commerce et les médias locaux, voilà autant d’intervenants sollicités par ces élèves.

D’ailleurs, la directrice générale de la Chambre, Manon Côté, a déjà indiqué à TC Media que son organisme allait appuyer le maintien à La Tuque du CFM. C’est le cas aussi du Carrefour emploi du Haut-St-Maurice , dont la directrice générale, Karine Pérusse, a invité le CFM à « reconsidérer cette décision qui sera nuisible pour l’ensemble de notre communauté».

Prises au dépourvu

« J’ai mis un commerce de côté pour pouvoir être ici à temps plein. On est vraiment prises au dépourvu, on aimerait bien pouvoir poursuivre ici », indique une élève, Audrey Trottier, qui a entrepris sa formation début du mois de janvier. Selon cette dernière, il est vrai que la formation pourrait se faire par correspondance mais l’interaction avec les enseignants, en temps réel, est indispensable. On ne peut pas se permettre d’attendre un coup de fil de l’enseignant en réponse à une interrogation qui viendra peut-être deux ou trois jours plus tard. « La moitié des élèves est financée par le Centre local d’emploi, mais à distance, tu n’as plus de financement possible. Il faut que tu paies de tes poches et que tu travailles en plus. Ça peut être très compliqué quand tu as des enfants», lance Patricia Poiazzi, une autre élève. Nancy Jeffrey, qui a débuté sa formation le 4 avril, s’explique mal comment elle pourra la poursuivre de cette manière. «On se sent trahies, «garrochées». C’est comme si on nous forçait à lâcher l’école, à décrocher de notre cours», laisse tomber une autre élève qui craint que cette décision ne favorise un exode des élèves qui, si elles doivent apprendre leur futur métier à Trois-Rivières, prennent la décision d’y demeurer pour l’avenir.